Raid de 5 jours dans les écrins

Massif : Ecrins
Départ : Pelvoux-le Sarret (1267 m)

Topos associés : Dôme des Ecrins, Traversée de la Brèche Lory Roche Emile Pic, en A/R par le glacier des Agneaux Pic de Neige Cordier, Du Pré de Madame Carle par le col Emile Pic Col du Sélé, Traversée E-W du col du Selé

Sommets associés : Dôme des Ecrins (4015 m) Pic de Neige Cordier (3614 m) Col du Sélé (3283 m) Col Emile Pic (3483 m)

Orientation : T

Dénivelé : 7070 m.
Ski : 3.3

Horaires : départs 5h30/7h, arrivées 14h/16h30

Nous partons des claux pour ailefroide à pieds, la barrière ouvrira à 12h. Nous abandonnons nos baskets enguirlandées au camping d'ailefroide et chaussons quasi immédiatement pour le vallon du selé. Un groupe de 4 skieurs descendant de la barre d'ouro par la droite me convainc de passer.. par la gauche (nay de sialouze). En arrivant au refuge d'hiver, un skieur arrivant d'ailefroide met l'accélérateur et passe entre nous pour se précipiter à l'intérieur du refuge, suivi d'un autre. L'ambiance ne sera pas ultra chaleureuse avec eux, plus intéressés par la radio, sauf à prodiguer de prétentieux conseils à un groupe principalement féminin (lol). Souper et topotage pour le lendemain.

Nous mettons le cap sur le col du selé, glacier bien bouché, arrivons assez tôt. Je grimpe sur l’arête et cherche les passages en ouest. Les topos sont confus et inquiétant ("E4, passage alpin"), mais il nous faut a minima un rappel. Finalement le décor est plutôt rassurant. Un petite arête rocheuse pourvue de becquet, un flanc neigeux pas trop incliné, et un rappel en contrebas dans une goulotte qui pourrait tout aussi bien se désescalader. Par contre 6 personnes ça met un peu de temps. La suite est quand même pentue, nous poursuivons donc en crampons une centaine de mètres à 40°, désormais sous le soleil. J'arrive liquéfié en bas, avec une contracture du mollet que je garderai 3 jours. Les filles sans problème. Magnifique descente transfo sur le glacier de la pilatte. Picnique et baignade dans le vénéon pour certaines, avant une laborieuse remontée forestière. Nous arrivons péniblement au refuge, déblayé mais vide. Quelques coups de pelle nous y donne accès. Nous séchons nos affaires au soleil, récupérons de l'eau de fonte, puis souper, et topotage. Nuitée fraiche sous 3-5 couvertures. Le BERA du 19 juin 2024 encore accroché à côté de la porte...

Départ à la frontale. Les filles partent devant, je fais un petit crocher au col du fifre pour jeter un coup d'œil au couloir. Nous arrivons sous le passage critique bien tôt. Une heure de décaillante à contempler le paysage (...). Les ombres tournent, nous repartons vers l'objectif. La rimaye est compliquée à passer. Ascension pénible dans de la croutasse peu portante et arrivée à un judicieux relais, point de départ de la traversée expo. Oubliant de refaire le point sur le boutage des cordées, je pars assuré poser des points là où je peux, traversée désormais au soleil puis couloir enneigé. Trop court pour pouvoir protéger, il nous faut bouter les cordées (3*30). Longue ascension sans encombre et arrivée en haut de la brèche ! j'assure le reste de l'équipe puis nous traversons sous un amas rocheux pour rejoindre le dôme. Sommet ! en plein vent. personne d'autre (il est 15h...), superbe descente mi poudreuse mi transfo, où je presse le groupe à ne pas trop s’arrêter sous les séracs. Arrivés sur le plat, quelques photos puis nous repartons pour le R. du GB où prennent le soleil une dizaine de skieurs. Souper, topotage, dodo.

Départ tranquillou pour la journée la plus courte du raid : montée au col Émile Pic nécessitant néanmoins cramponnage et un ressaut d'où je pose une main courante pour le reste de l'équipe. Le col nous accueille à plein vent. Descente mi poudreuse mi croutasse du glacier des agneaux. Nous nous arrêtons à mi parcours pour casser la croute et attendre qu'elle mollassise. Repartons pour une moquette mi courte mi longue et arrivons aux barres du bas où galère un groupe en crampons. J'opte pour une descente ski - piolet. Le reste de l'équipe m'observant suer décide de cramponner, pour me doubler à la descente pendant que je me tords les hanches en escalier. Du bas petit coup d’œil sur le couloir de roche faurio, puis nous descendons le vallon. Arrêt baignade obligatoire, il est encore tôt. Nous rejoignons le refuge sous le cagnard, refuge que je déconseille aux végétariens : supprimer la viande du plat sans la remplacer et facturer 3€ supplémentaire nous a valu une petite prise de bec. souper et topotage, une chambre rien que pour nous.

Départ à la frontale en direction de la brèche de la plate des agneaux, orientée plein est, elle chauffe très vite. 2 autres groupes sont sur le départ, non différés. Nous filons à vive allure. Lever de soleil sur les moraines, et arrivée au pied de la brèche à 8h. Beaucoup moins pentue que ce que je pensais, nous cramponnons rapidement pour une longue ascension sous le regard des groupes suivants. La plate nous accueille à plein vent elle aussi. Gants gelés, onglets... nous chaussons les skis et repartons à l'assaut de neige cordier. là encore la vue est absolument époustouflante. Sur la Meige, les Rateaux, les Agneaux... Arrivés au pied du sommet, nous hésitons entre une ascension plein nord certes enneigée mais bien pentue et surtout expo, ou attaquer depuis son flanc ouest, qui nécessite de traverser à mi pente en direction du col. Nous ferons finalement une boucle en laissant les skis. Retour au col émile pic, où je confectionne un champignons pour une descente directe au deuxième relais, tandis que des guides et leurs clients tirent des rappels depuis le relais du haut. L'un d'entre eux manque de s'étouffer, sauvé par l'intervention conjointe d'une accompagnatrice en montagne et deux professionnelles de la santé, puis du guide. Roulé boulé pour l'une d'entre nous sur plusieurs dizaines de mètres que je n'ai pas vu, occupé à jointer les 2 rappels pour les dernières. Plus de peur que de casse, nous descendons une superbe transfo pour un picnique glaciaire. Re-ski transfo, nous passons devant le RGB, poursuivons sur le replat et entamons la descente sur Madame Carle, que je pensais sèche. perdu, on la skiera jusqu'au bas, hormis un petit rappel improvisé sur une mini barre (comme dans les hôtels). Long patinage jusqu'au début de la descente, que nous entamons en skis jusqu'à la fin de l’enneigement, puis marche sur goudron. Nous croisons un couple qui acceptera d'emmener 2 d'entre nous du camping d'Ailefroidre (où nous récupérons nos chaussures) aux voitures. Petite manip de voitures, pot à Vallouise et retour dans nos pénates respectives.