Départ : Pont de la Neige (col de l'Iseran) (2530 m)
Topos associés : Pointe de la Met, par le vallon des Illards, Ouille des Trétêtes depuis le pont de la Neige Ouille Noire, versant Ouest Pointe Nord de Bézin, versant Nord
Sommets associés : Pointe de la Met (3041 m) Ouille Noire (3357 m) Ouille des Trétêtes (2948 m) Pointe Nord de Bézin (3026 m)
Orientation : SE
Dénivelé : 2420 m.
Ski : 2.3
Sortie du mercredi 11 juin 2025
taramont, Laurent B..., Alicelamalice
Conditions nivologiques, accès & météo
Conditions nivo et activité avalancheuse : rien au moment des sorties mais grosses chutes de corniches assez récentes de part en part de l'arête N de l'Ouille Noire
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu (par taramont)
Ah, si j'avais écouté celle qui me mettait en garde contre « la sortie de trop », je ne serais pas là à vous conter ces dernières journées magiques ! Il y avait certes un risque vu le sort réservé à notre amie la neige par notre ennemie la chaleur. Mais la remarque n'a pas de sens : si ventre affamé n'a pas d'oreilles, randonneuse envoûtée n'en a guère à revendre non plus.
J'avais repéré la date de la PL de juin. Sa couleur était annoncée orangée/cuivrée, et sa taille importante. Son appellation "Pleine Lune des Fraises" ne serait pas due à sa couleur mais à l'époque de la cueillette des fraises chez les amérindiens. (Info non vérifiée). C'est la pleine lune la plus basse dans l’hémisphère nord depuis 18,6 ans ! La prochaine n’aura lieu qu’en 2043..... Autant dire que si on a déjà quelques - ou même trop - d'années au compteur pour raisonnablement espérer revoir le spectacle – et sûrement pas à skis ! - on ne peut pas laisser passer l'évènement.
J'avais aussi repéré une météo favorable pour ce début de semaine. Alors, c'était tout bon. Sauf....qu'un grain de sable est venu se glisser sous la forme d'un voile d'altitude – qui n'était pas du sable ! - ajoutant certes de la magie (noire) à la chose mais enlevant un peu de netteté au tableau. J'eus, pour profiter du spectacle, une loge de bivouaqueuse VIP. La lune s'est levée dans toute la splendeur promise, comme une jolie bulle de savon mordorée, poussée par les nez des grands pics plongés dans une noirceur adoucie par la brume.
L'autre particularité de cette sortie est que nous devions la faire, pour la journée du 9/6, à 2 (Alice et moi), que ce 2 est vite devenu 3 parce qu'on (Laurent et moi) avait dit "qu'on ferai quelque chose ensemble un de ces jours » et qu'on y était pas parvenu de toute la saison. Ce 3 est ensuite devenu 4 puisqu'on (Laurence et moi) avait dit "qu'il faudrait encore en faire une en fin de saison ». Ce 4 est devenu 5 quand le jeune Louka a dit "qu'il voulait venir aussi, même si on n'était pas de sa génération". Et finalement, Pascalou s'est ramené sans prévenir mais avec son grand sourire. Autant dire que j'étais propulsée hors de ma zone de confort. Mais, croyez-le ou pas, J1 a été un bain de gaîté me sortant de ma bulle de rêverie.
Je préviens d'emblée : inutile de nous chercher des poux dans la paille pour nos dénivelés d'opérette, vous tomberiez sur un os : nous n'étions pas là pour faire du sport mais pour passer un bon moment de fin de saison à skier agréablement et à nous gaver les yeux de tous les grandioses panoramas que la Hte Maurienne et la Vanoise savent si bien offrir. Et je crois bien que nous avons atteint notre but sans en prendre aucun.
J1 – 9/6/2025 – Pte N de Bézin (3026m) cot 1.3 – Ouille des Trétêtes (2948m) cot 2.2 – D+ 670m – 8,8km – Départ - 6h40avec Alice - Laurent – Laurence – Louka – Pascalou
Pour descendre de cette pointe (bien plate au sommet pour une pointe), nous avons visé une petite pente qui descend directement sur les lacs du Grand Fond. Le Fond étant certes grand mais pas bien profond, la montée à l'Ouille de Trétêtes n'a été qu'une formalité et sa descente une vraie griserie. Les skis n'en croyaient pas leurs spatules en voyant qu'ils passeront directement de la neige au coffre et la troupe avait le sourire comme après une belle farce ou après la vision de tant de yeux bleus lacustres scrutant le randonneur ravi.
J2 – 10/6/2025 : Ouille Noire (3357m) par le Pays désert - cot.3 (en passant en versant E à partir du col à la montée comme à la descente) – D+ 900m – 12,4 km – départ 6h35
Première – et seule – difficulté : trouver la meilleure approche. La combe qui part du Pont de l'Oulietta peut être oubliée : trop déneigée. Le départ du Pont de la Neige est trop malcommode à présent. MAIS : il reste (enfin, il restait le 10/6 !) une langue de neige sans discontinuité et qui permet de traverser le Ruisseau de Céma sans scaphandrier.
D'alvéole en alvéole, j'ai gagné 160m de D+, les skis sur le dos pour plus de commodité. Ensuite, j'ai chaussé et je suis entrée dans le « Pays Désert ». Ah, il portait bien son nom ce matin-là : sans moi, il l'aurait été totalement, désert ! Si l'on fait abstraction des hideuses remontées mécaniques qu'on voit au lointain et de la nostalgique chapelle du col, on pourrait se croire sur quelque altiplano que ne fréquenteraient que les rapaces.
Mais tout déroule à merveille. Le col est atteint sans effort excessif. Je préfère me priver de l'arête cornichée dont quelques bouts conséquents gisent sur les deux versants ; je contourne le versant E par une traversée descendante et remonte par la croupe S. La trace préexistante m'aide bien malgré quelques zippages fatigants dans une neige déjà chauffée, on pourrait dire à blanc.
Au sommet, le spectacle vaut le coup d'oeil : Hte Maurienne, Vanoise et même un peu des Ecrins vous appartiennent. Albaron et Charbonnel resteront à leur place de stars ici comme les autres jours.
Malgré le chauffage sans économie d'énergie, la descente S se laissa skier agréablement. Plutôt que de suivre ma trace de traversée, je préfèrai faire une rapide traversée descendante pour arriver sous une brèche rocheuse. Et je descendis directement en W par cette brèche (attention, une rupture de pente empêche de voir de suite une petite barre qu'on n'a pas trop envie de sauter).
Des petits lacs turquoises se forment dans le Pays Désert et c'est un ravissement. En négociant bien la trajectoire, on arrive à traverser ce vaste espace sans jouer au pousse-bâton. Ensuite, ne pas se tromper de langue de neige, UNE SEULE est sans discontinuité.
Enfin, remonter jusqu'à la route pour retrouver la voiture.
Il ne reste alors plus qu'à s'allonger sur la tiède pelouse. Veillant à n'écraser nulle fleur, l'arpenteuse des hauts vallons posera sa tête à côté d'une fraîche anémone et sombrera dans un sommeil d'où ses rêves s'échapperont comme des cavales dans le Pays Désert.
J3 – 11/6/2025 – Pte de la Met (3041m) cot 2.2 - Ouille des Trétêtes (2948m) cot 2.2 – Antécime 2831m de l'Ouille de la Jave – cot 2.2 – D+ 850m – 11 km – départ 6h
Journée touristique. Objectif : visiter les sommets atteignables sans se fatiguer, examiner le pays et ses alentours, choisir les meilleures pentes pour la bonne bouche.
Mais, même le tourisme de cimes peut avoir son moment de stress ! Il arriva au moment où il fallut descendre sur le Grand Fond. Bien que j'eusse pris la précaution de viser les pentes ayant déjà un peu été touchées par le soleil, ce ne fut qu'un chaos insensé sur les alvéoles glacées. Un passage de rien du tout, une épreuve du tout au tout. Une vibration dans tout mon être ! Heureusement pas du paraître, il n'y avait que moi...
Bien sûr, moi aussi j'aurais aimé visiter les Buffettes ! Mais elles me paraissaient tellement loin au bout d'un autre plat pays avant le Col des Roches.
Dans la montée à la Pte de la Met, j'ai dérangé un lagopède en tenue de demi-saison. De là-haut, j'ai zieuté les Buffettes à défaut de les avaler.
L'Ouille des Trétêtes, je l'ai saluée comme une nouvelle amie.
De l'Ouille de la Jave, je n'ai touché que l'antécime, l'ayant abordée par le collu S au lieu de contourner par la face W. Pour augmenter la descente de quelques mètres (syndrome du dernier virage), je suis allée jusqu'au Pt 2860m de l'arête N de l'Ouille des Trétêtes et j'ai goûté cette dernière descente agréable jusqu'à stopper net devant une bédière issue de l'Ancien Glacier de la Jave.
Dans le vallon des Illards, les alvéoles s'étaient transformées en nids de poule.
Merci les amis pour votre sympathique compagnie. Merci à je ne sais pas qui pour tout le reste. La saison se clôture en calme beauté.
PS : les photos de J1 seront essentiellement de Laurent ; je n'ai mis que ce qui ne risque pas de faire doublon
















































