3 jours dans le bassin d'Argentière 

Massif : Mont Blanc
Départ : Argentière (1240 m)

Topos associés : Col du Tour Noir, Versant SW Les Courtes, face NNE Aiguille d'Argentière, Face Nord

Sommets associés : Aiguille d'Argentière (3900 m) Col du Tour Noir (3535 m) Col du Chardonnet (3323 m) Les Courtes (3856 m)

Orientation : T

Dénivelé : 5000 m.
Ski : 5.3

Samedi après-midi : couvert - quelques averses

Dimanche : beau, peu de vent, nuageux l'après-midi 

Lundi : couvert, amélioration vers 9h puis alternance nuages et éclaircies 
Conditions d'accès/altitude du parking : Parking Grands Montets
Altitude de chaussage/déchaussage : 1900m
Conditions pour le ski : 

Face nord Argentière : poudreuse parfaite de haut en bas

Col du Chardonnet : 3-4cm de poudre sur un fond ferme, le top sauf les 200 derniers mètres en neige réchauffée 

NE des Courtes : poudre en rive droite - quelques portions avec une légère croûte quand l'orientation est plus "Est" - rimaye OK

Col du Tour Noir : 5cm sur fond ferme - très agréable à skier

Conditions nivo et activité avalancheuse : RAS sur l'itinéraire mis à part des purges en lien avec la course du soleil au fil de la journée 

Samedi : montée au refuge

Dimanche : refuge - 2500m - Aiguille d'Argentière par le couloir en X - Face nord - Col du Chardonnet - refuge

Lundi : refuge - But NE Courtes vers 3500m - Col du Tour Noir - refuge - parking   

Horaires :
Samedi : 12h30 - 16h

Dimanche : 4h45 - 12h15

Lundi : 4h45 - 14h 

Départ samedi midi du parking d'Argentière pour monter au refuge. Début par la Pierre à Ric (pas marrant...) puis on a pris le sentier qui monte en direction du refuge de Lognan avec un chaussage autour de 1900m.

Arrivés au refuge autour de 16h. Petit comité avec 7 personnes en tout, et une belle rencontre d'un skitourien !

Dimanche, départ pour l'Aiguille d'Argentière à 4h45. Il est tombé 3-4cm de neige fraîche pendant la nuit. 

On descend jusqu'à 2500m environ (début combe menant au col du Chardonnet). La trace est pénible à faire au début à cause du mauvais regel et les peaux bottent avec la petite couche de poudre. Au-dessus de 2800m ça va mieux, la croûte est portante. 

On a rapidement le couloir en X en visu, c'est bien rempli et aucune rimaye visible. On remonte le plus haut possible à ski puis on passe à pied. Le brassage est conséquent, heureusement que le couloir est court (150-200m). La sortie sur l'épaule de l'Aiguille d'Argentière est sublime, et on apprécie le soleil. La fin de l'ascension, commune avec le début de la face nord, est sans glace, parfait ! Sommet atteint vers 9h. L'itinéraire du couloir en X est peu commun mais plutôt efficace pour atteindre le sommet. Et dans notre optique de descendre la face nord, il nous a permis de repérer les derniers mètres souvent en glace. 

Petit instant contemplatif au sommet puis on plonge dans la face nord. Départ commun avec notre trace de montée donc, puis on part rapidement "à vue", et c'est assez impressionnant, un bombé nous empêche de voir le bas de la face et le reste de la ligne. Heureusement j'avais fait une photo de la face lors d'une sortie dans le secteur en avril qui nous a bien aidé. Il faut tirer à droite puis retraverser vers la gauche assez vite (glace en-dessous), puis on se retrouve dans l'axe de la ligne qui fuit vers le bas. La descente fut un régal de haut en bas avec une neige parfaite, une face glaciaire sublime et l'ambiance avec les quelques nuages. L'euphorie est présente en arrivant sur le glacier de Saleina et en voyant nos traces dans cette face ! 

On profite de cet instant seul au monde dans ce magnifique secteur puis on remet les peaux direction le col du Chardonnet. Ça chauffe déjà fort dans le couloir pour y accéder. Au col, une magnifique descente face à la Verte nous attend. Les quelques centimètres de la nuit posés sur un fond souple sont un régal et on se laisse glisser dans ce décor de carte postale. Seuls les 200 derniers mètres seront un peu plus physique avec une neige alourdie. 

Retour au refuge vers 12h. Après-midi farniente, discussions, grignotage, et observations des purges dues au réchauffement. 

Lundi, départ également vers 4h45 en direction de la NE des Courtes. Encore une belle surprise au réveil avec 4-5cm de neige fraîche ! 2 cordées de 2 personnes nous précédent. Au lever du jour, les nuages sont encore bien présents. D'après la météo ça devrait s'ouvrir donc on y croit ! La rimaye est vite atteinte et elle passe très facilement au niveau de la goulotte qui canalise les purges (grosses accumulations). Par contre on évite de rester trop longtemps dedans même s'il est encore tôt. 

100 mètres après la rimaye on rejoint la cordée qui fait la trace et on prend le relais. On échange sur la météo, le nuage dans la face n'est pas très encourageant mais on y croit encore, il est tôt. 30 minutes après, la cordée derrière nous fait demi tour. On checke les webcams avec Mathieu et les dernières prévisions, le massif est bien bouché et il ne devrait pas y avoir de grand ciel bleu. Mais on a encore de la visu, la neige est bonne en rive droite donc on se donne encore un peu de marge. Après 1h, toujours pas d'amélioration, on est dans brouillard et ça neigeote. On se dit qu'il serait plus sage d'arrêter là, le but n'est pas de faire la face "pour la faire" mais aussi de prendre du plaisir, et le raide dans le brouillard c'est pas marrant... Il reste 250m environ, tant pis.

En faisant la manip', la deuxième cordée (des Slovaques) nous rejoint et ils sont presque surpris de nous voir faire demi tour. Ils continuent la montée, tenaces ces slovaques ! 

Les 100 premiers mètres de descente se font à tâtons dans la brique de lait, puis on retrouve de la visu, ouf ! Petit bricolage pour passer la rimaye et on sort de la face. En se retournant c'est toujours bien nuageux, et de partout dans le bassin. 

Il est encore tôt (8h) donc on prend la direction du col du Tour Noir. 

En montant, le ciel commence à s'ouvrir et vers 9h, les Courtes sont en plein soleil... Rageant mais on est pas devin, tant pis ! On aperçoit les slovaques qui sortent bientôt au sommet, leur ténacité aura payé. 

On atteint le col vers 10h15, un vent glacial nous y attend ! On enlève rapidement les peaux puis on entame la descente jusqu'au refuge. Les 5cm de fraîche de la nuit sont un régal à skier sur ce fond ferme. 

Retour au refuge, on range nos affaires et on part sans trop traîner pour éviter d'avoir de la collante sur le glacier. 

Descente assez efficace malgré la neige déjà bien réchauffée. On enlève les skis au niveau du resto de Plan Joran, pour mettre les baskets et descendre par le beau sentier d'été qui descend à l'ombre dans la forêt. Bien plus agréable que la Pierre à Ric (mais sûrement plus long).

Retour au parking vers 14h.

3 belles journées dans ce bassin d'Argentière qui retrouve son côté sauvage dès que le domaine des Grands Montets ferme, la bonne période pour y aller !

Et que dire de ce printemps exceptionnel niveau enneigement en haute montagne. En contrepartie les créneaux de beau sont rares mais dès qu'il y en a c'est magique. 

La saison est loin d'être terminée...