Sortie du vendredi 29 mars 2024
Quercus
Conditions nivologiques, accès & météo
Météo/températures :
Dimanche bien frais, averses de neige par vent de Nord 15 cm de fraîche à la Croix de Fer
Lundi grand bleu, frais le matin, voilé l'après midi et plus doux, vent 60km/h le soir sur les crêtes
Mardi Petite neige lourde et sablée (orange) presque toute la journée (20 cm à 18h) brèves éclaircies aux Quirlies vers 13h. Vent de Sud fort. nige de plus en plus forte et froide le soir.
Mercredi: Il a neigé 50 cm de poudre légère dans la nuit. Brèves éclaircies puis à nouveau grosse neige lourde vers 13h et jusqu'à 16h.
Conditions d'accès/altitude du parking : Montée en voiture jusqu'à 1800m sous la Croix de fer côté Saint Sorlin. Retour à ski dans la station.
Altitude de chaussage/déchaussage : 1900 - 1500
Conditions pour le ski : Bonne à Excellente (quand on a pas un sac de 30kg sur le dos)
Conditions nivo et activité avalancheuse : 15 cm de poudre extra légère dimanche qui se tasse sous le soleil du lundi. Mardi 20cm de poudre lourde teintée au sable du Sahara. Mercredi, ajout de 50cm de poudre froide. Une belle avalanche de poudre froide descend juste devant nous de la cime de la cochette au moment de chausser les skis mercredi. Risque évident de grosses avalanches avec 70cm tombés en 36h
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu
Comme chaque année ou presque, le printemps est l'occasion de faire un raid de 3/4 jours avec pulka et nuit en igloo. Le 21 mars vient tout juste de passer alors GO !
Pour cette édition, je convie Louis (un ancien étudiant de Dunkerque, motivé à découvrir les joies du ski de rando) et Léonard que j'ai connu dans la moiteur de Madagascar. Je ne les ai ai jamais vu skier, mais je suis en confiance.
DIMANCHE : Le départ se fait dimanche sur la route du col de la Croix de fer. Passé les premiers lacets, la neige devient vite épaisse et on chausse rapidement. Même sans les skis, le sac reste lourd, trop lourd. Heureusement, la délivrance arrive assez vite. Dès la piste de ski, on peut le poser à terre et le tirer avec la pulka. On arrive donc en relative douceur au refuge de l'Etendard, dans les derniers rayons du soleil qui filtrent à travers les nuées venues du Nord. Quelques flocons se posent encore sur un manteau neigeux bien épais à cette altitude. Soirée et nuit confortables dans ce chouette refuge aux gardiennes sympathiques.
LUNDI: Départ vers 7h30. La météo a tenu ses promesses. Grand bleu et pas de vent. La pulka glisse facilement sur la neige froide. La topographie du secteur est parfaitement adaptée à cette pratique. A la surface horizontale des lacs, on file avec élégance (enfin on l'espère), sans forcer. Les quelques petits verrous passent sans encombre en suivant le fond du talweg de sorte que, dès 10h, on est au pied du glacier avec notre barda, prêt à construire l'igloo.
Pendant que je pilote les opérations, Louis et Leonard creusent efficacement la tranchée dans une congère à l'épaisseur insondable. Quelques randonneurs entament la montée vers l'Etendard. Au bout d'une heure environ, on attaque la construction de la voute en s'aidant d'une pulka, renversée pour l'occasion. Nous sommes chanceux, 1 m sous la surface, une couche de neige avec une bonne cohésion permet de tailler de beaux blocs à la scie. Il s'agit uniquement de les agencer en respectant les principes de bases de la physique qui permettent aux voutes de tenir en place. Leonard n'a pas cessé de creuser, déformation professionnel du géologue cherchant frénétiquement le contact avec le rocher. Résultat, après 3h d'efforts on dispose d'un igloo dans lequel on peut tenir debout ! Belle performance.
Il nous reste du temps, alors on se lance dans une très tardive ascension de l'Etendard au moment ou tout le monde redescend. Pour monter vite, on monte léger et on laisse les crampons en bas. L'ascension se fait à un bon rythme mais la météo et l'horaire nous inquiètent un peu. De plus en plus de vent et de plus en plus sombre. Il ne faudrait pas être trop gourmand et se mettre en danger. On se fixe 17h30 pour entamer la descente. 200 m sous le sommet, la neige devient dure et la pente se redresse. On met les couteaux, mais 100m sous le sommet ça n'est plus suffisant, il faut poursuivre à pieds. On plante péniblement les skis dans la neige béton. Pour Louis qui n'avait jamais fait de ski de rando, on commence à toucher aux limites techniques... Il est 17h10. Léonard tente de suivre, mais un de ses skis est emporté par une bourrasque. Deuxième abandon. Je tente de sortir le sommet en vitesse, mais moins de 10m sous la crête je suis cueilli par des rafales tempêtueuses. Accroché comme une moule à son rocher j'ai beaucoup de peine à ne pas basculer. Les yeux fermés, je patiente. On réfléchi mieux derrière ses paupières. Il faut se rendre à l'évidence, il est temps de renoncer au sommet. Quand je réouvre les yeux, je me rend compte que mes skis ont abandonné avant moi. Quand le matériel, fait demi-tour, il est temps de le suivre avec humilité. La descente qui suit est incroyablement agréable. De retour dans notre palais de glace on s'endort après une journée bien remplie.
MARDI : Le projet initial était de poursuivre vers le Pic du Mas de la Grave mais la météo implique de revoir l'itinéraire. Toute la journée, on est dans le vent, la neige et une visibilité très mauvaise. Nous serons absolument seule d'un bout à l'autre de la journée. Pas un skieur, pas un oiseau. De la neige, de la roche et du vent. On décide de faire un aller retour au lac des Quirlies en passant par la col éponyme. Simple et sans danger. Une belle balade dans 20cm de poudre lourde teintée par les ocres poussières du désert. On profite de ce programme facile pour s'entrainer au DVA. De retour à notre igloo vers 16h après une descente Grand large sur le glacier, Léonard est repris d'une fièvre extractive. Il se met en tête d'agrandir l'igloo dans quasiment toutes les directions. Dehors la neige redouble, à l'intérieur l'excavatrice creuse. Entre les deux, la pulka a été transformée en wagonet de mine. Des dizaines de rotations permettent de sortir des mètre cubes de neige. On s'endort dans une cathédrale scintillante 3 pièces plus cuisine.
MERCREDI : Au réveil il neige fort. 50cm de poudreuse se sont accumulés depuis la veille au soir. Pas besoin de consulter le BRA pour savoir que ça craint. On décide donc de rentrer au plus sécur à Saint Sorlin. A 9h30, au moment de fixer les skis la nature à le bon goût de valider ce nouveau renoncement. Une belle avalanche nettoie la face de la cime de la Cochette dans un nuage de sucre glace. On s'engage donc sur le long faux plat descendant. Jamais une descente n'a été aussi physique. On brasse dans 70cm de fraîche. Il faut se relayer. Celui qui est à trace ne doit pas ménager ses efforts s'il souhaite arracher le moindre mètre au parcours. Lorsque Louis touche enfin aux pistes du domaine, au-dessus du refuge, il est 14h et il neige à nouveau fortement, d'une neige à nouveau lourde et humide. On remet le sac et la pulka sur le dos et on se laisse glisser jusqu'au pieds de la station, heureux d'avoir partagé cette belle tranche de montagne.
J1-Le programme dans les dernières lumières du soir
© Skitour/Quercus704 vu J1: Au-dessus du col de la croix de fer
© Skitour/Quercus24.03.24 14:24896 vuJ1: Louis approche du refuge
© Skitour/Quercus24.03.24 17:05889 vu© Skitour/Quercus24.03.24 17:17976 vu J2: Remy en souplesse dans le secteur des lacs.
© Skitour/Quercus25.03.24 08:201085 vuL'igloo vu de l'extérieur, animal extraterrestre.
© Skitour/Quercus25.03.24 20:071322 vu2 Hauteur sous plafond, mais trop étroit au goût du géologue
© Skitour/Quercus26.03.24 06:581535 vu2 J3: 3 pièces plus cuisine en construction...
© Skitour/Quercus26.03.24 18:201377 vu Leonard, le proté des glaces
© Skitour/Quercus26.03.24 21:171297 vuRemy profite de l'espace
© Skitour/Quercus26.03.24 21:181241 vuLouis qui n'avait jamais touché une paire de ski de randonnée de sa vie !
© Skitour/Quercus26.03.24 21:181210 vu Derniers mètres avant d'atteindre la civilisation
© Skitour/Quercus27.03.24 13:331148 vu Sur le point de descendre les pistes de la station.
© Skitour/Quercus27.03.24 13:541088 vu