Une semaine en UBAYE, et une aiguille de Chambeyron qui se laisse désirer

Massif : Ubaye - Parpaillon - Alpes Cozie S
Départ : Fouillouse (1885 m)

Topos associés : Aiguille Large, Tour par les vallons de Mary et de la Teste Aiguille de Chambeyron, Couloir Jean Coste Brec de Chambeyron, Couloir Nord Le Parrias Coupa, Versant NW Pointe Haute de Mary, Couloir W de la Brèche Sud (3100m)

Sommets associés : Aiguille Large (2857 m) Brec de Chambeyron (3389 m) Aiguille de Chambeyron (3412 m) Le Parrias Coupa (3240 m) Pointe Haute de Mary (3206 m)

Orientation : N

Dénivelé : 3412 m.
Ski : 5.1

Une semaine de vacances avec Baptiste et une météo qui annonce de grosses chutes de neige et un risque nivologique qui s'envole probablement avec dans les alpes du nord.

A la base on partait pour une semaine dans le massif du mont blanc ou du coté du mont rose pour nous mettre à l'épreuves en haute altitude en vue de l'expé qui ce monte pour cet été. Il faut qu'on face du déniv, qu'on se face plaisir, qu'on sorte l'aiguille de Chambeyron et qu'on fasse une vidéo et des photos ... tout un programme.

Pas de 4000 en Ubaye mais au moins les conditions sont "stable" et les chutes de neiges modérés. 

La route de Grenoble a ce massif inconnu pour moi, l'Ubaye. On prend nôtre temps, rien de prévu d'autre pour cette journée que la montée au refuge de Chambeyron en partant du hameau de Fouillouse (1907m)

A première vue l'enneigement est très timide dans le coin, les faces sud sont herbeuses et le reste partiellement enneigé semblerait il à partir de 2000m d'altitude au moins. Il reste quelques névés dans les combes protégés du soleils, juste ce qu'il faut pour pouvoir chausser en rive gauche du Riou de Fouillouse sans avoir à porter les skis jusqu'au refuge. /!\ avec les températures actuelles je ne suis pas sûr que ces conditions ne changent pas rapidement /!\

De quoi tenir 48h en refuge non gardé dans les sacs et 900m de dénivelés m'ont montrés que le "laisser allé" des derniers jours (semaines?) n'avait pas été sans conséquences ... c'est fou ce qu'elle est lourde cette corde ... 

On croise un gars qui nous dit que le Brec de Chambeyron à été fait dans la journée et semble plutôt positif au niveau des conditions, une bonne nouvelle pour le lendemain!

La petite descente du pas de la Couleta au lac premier était juste dégueu, lourde, croutée, jour blanc. Il est tard, ça ira surement mieux le lendemain matin.

Le refuge est juste niquel, un poêle, du bois, des couettes, de la lumière ... que demander de plus dans un refuge non gardé ? Une hache aurait pu être utile ... on c'est débrouillé avec notre matos :) 

Pas de réseau, bon ça, ça ne fait pas de mal!

Pas un chat sur les 2 nuits passés là haut.

Objectif du jour (optimiste) - monter en face S de l'aiguille de Chambeyron (D-/4/5.3) au moins on coche la case du sommet culminant du massif et en plus par une jolie voie "alpine".

- Descente dans la voie si on est chaud (mais on n'y crois pas trop ...) ou trouver un moyen de faire le tour par l'Ouest.

- Monter au Brec de Chambeyron par le couloir Bujon (5.1/E3) et redescendre dedans en ski.

- Peut être autre chose si on est chaud.

On attaque par la face S de l'aiguille, ça à l'air de le faire vu d'en bas. Le cône est plein de boulettes de purge gelés (ça ne datait pas de la veille). On voit le ressaut en glace (grade 4) qui ne semble pas si méchant. On se lance, piolet crampons, c'est raide et la neige est bien tendue même dans le cône, quasiment tout sur les pointes avant. Ca chauffe les mollets! On arrive sur le ressaut en glace, jusque la aucun soucis ... on sort la corde et confectionnons un relais. Baptiste se lance, "C'est monstre raide!" Et vu qu'on le sentais vraiment bien on a trouvé juste de monter avec un quark et un gully chacun en piolet mais surtout une seule broche à glace ... (on n'a quasiment pas fait de glace de la saison ...) Bref, il bute, je bute, nous buttons! C'est moche, on se rend compte qu'on est pas au niveau et on abandonne pour continuer sur la suite du programme, on sait que le Bujon est bon!

La cascade étant au milieu du couloir il faut quand même redescendre, dans une neige goulottée, gelée, tendue, le soleil n'a pas eu le temps de faire son œuvre. C'est raide mais "ça passe".

On traverse vers le Brec de Chambeyron -> c'est reparti pour une séance de cramponnage dans du raide, par contre il y a une trace du jour (accompagnées de traces de chien ? oO c'est pourtant sacrément raide), confortable. Surtout que la fatigue commence à faire son tour dans les têtes, j'ai l'impression d'avancer au radar, SEC comme a 4000, comme quoi ... l'Ubaye était surement le meilleur choix.

Il fait beau à la montée, soleil rasant dans l'axe du couloir, neige poudreuse de bas en haut, quand je dis que les traces sont confort ... merci aux traceurs.

On arrive sur la partie qui repart vers l'Ouest en direction de la cheminée qui débouche sur le plateau sommital et on tombe sur un chien, encré par ses propriétaires sur une plateforme au soleil attaché à un coinceur, Chapeau bas, celui la monte et descend dans du 5.1.

La cheminée finale n'est pas donnée, le premier pas (3m) exige une petite aisance en grimpe mixte neige/rocher, rien de bien méchant mais la corde et les piolets se trouvent bien utiles, la cheminée fait une quarantaine de mètres et le reste est facile en piolet crampons. Relais au dessus du "pas" et relais au sommet (à droite à la sortie ;))

Bien sûr on croise les "proprios" du chiens, qui ne le sont pas du tout en fait, mais le chien les à suivis depuis fouillouse sans les lâcher ...

Sommet dans les nuages, vue 0, on touche la croix et c'est repartit. 2 rappels à la descente pour passer la cheminée, retour au skis et on s'en met une bonne tranche pour la descente.

Manque un peu de neige dans une étroiture mais la difficulté est plutôt bien gérée, les conditions presque parfaites avec une neige fraiche qui permet les erreurs malgré la pente et l'exposition.

Ma cam (gopro 8) me lache à cause du froid ... tant pis pour l'action cam.

Arrivé en bas on se relance sur la tête de la Frema à l'E pour faire un peu de D+ et le temps semble se dégager ... ou pas, on finit au sommet dans la tourmente, vent + nuage à rien y voir, le sommet est pelé sur l'arête. Rien d'incroyable en ski, on y à cru.

Départ vers 8h, plein de doutes sur les objectifs, on se dit qu'on à bien donné la veille. On fait simple, le couloir NO du Parrias Coupa (4.3) 740m de D+. Pas de traces, une neige incroyable dans le couloir, le cône plein de boulettes de purge en glace et une neige bien tendue. Montée en bâtons crampons, ça brasse mais ça passe! Sommet dans la tourmente une fois de plus ... ça va que dans ces faces et couloirs il y a des rochers un peu de partout pour indiquer la voie. la descente est incroyable comme imaginée à la montée. ça valait le coup de brasser!

Descente jusqu'à Fouillouse pour la binouse et la planche de charcuterie. ski au pieds jusqu'à 100m de la passerelle.

On reprend la voiture direction le refuge de Maljasset pour la suite de l'aventure.

Départ 7h, voir même 8h ski au pied après la passerelle qui traverse l'Ubaye. Un choix qui se payera ... 

Objectif : le couloir Jean Coste sur l'aiguille du Chambeyron (AD/5.2/E2) et tenter de redescendre dans le vallon de chauvet pour enchainer sur la voie normale pour l'aiguille, il semblerait que ça puisse passer.

On croise un petit groupe de skieurs qui font la pose casse croute, pour nous ce sera 3 graines, 2 gorgées d'eau et ça repart. encore une descente en neige parfaitement décaillée, 200m de bonheur pour finalement remonter au col entre l'aiguille pierre André et la Gélinasse, c'est sec! pas de neige au col sur le versant Sud, mais au nord c'est parfait. Le couloir des militaires se sépare en deux parties, avec un grand replat au milieux qui peut aussi servir d'échappatoire pour aller à la tête de Miejour. On finit la descente, la première partie était vraiment bonne à skier, la deuxième à par contre entièrement transformé voir trop, ça colle! /!\ au début de la deuxième partie il y à une branche à droite et une branche (plus large) à gauche. à droite il y a un petit ressaut en glace qui peut vite devenir problématique. /!\

La fin sera en pousse bâtons dans la soupe, ça colle fort a 13h, on se tâte à faire encore un peu de D+ mais la bière en terrasse au refuge gagne largement sa place.

Départ 6h, en voiture pour descendre sous le vallon de Chauvet et monter droit dedans en direction du sommet qui nous résiste sans relâche. La météo est bien bâchée, au moins cette fois on ne prendra pas trop chaud.

500 à 600m de portage sur un petit chemin avec les skis qui s'accrochent dans les arbres tous les 20m. Pas grave, la motivation nous porte en direction du sommet!

Le fond de vallon où passe le ruisseau de Chauvet conserve un peu plus la neige que la forêt qui l'entoure à ces altitudes, on s'en rendra plus compte à la descente et cela nous permettra de descendre 100m plus bas en skiant.

Le vallon est assez rectiligne et encaissé, on ne peut pas se tromper. Un premier mur interminable avec une neige plutôt gelée, les couteaux ont été utiles.

En haut du premier mur on découvre le couloir d'accès au col du fond de Chauvet sous le sommet de l'aiguille. 3.3 ? il semble raide vu de là et il ne semble pas s'aplatir en se rapprochant, m'enfin on ne va pas se plaindre de ça.

La météo évolue, mais pas dans le bon sens, tant pis, on la joue rustique. Aujourd'hui on monte au sommet!

Le couloir se fait en crampons bâtons sans trop de soucis et la suite semble bien plus ... alpine. On laisse les skis au col pour continuer piolet à la main sur le versant Sud.

Les conditions sont bonnes à par le vent, la petite neige qui tombe et la visibilité a 10m. Enorme ambiance. l'itinéraire n'est pas si simple, on trace au feeling en remontant des pentes de neige raides ou non, quelques passages rocailleux dans ce fameux marbre rose. Dément!

Le sommet est atteint sans trop de soucis. ENFIN! Il sera passé à la troisième tentative. On nous avait parlé d'un panorama incroyable. C'est tout juste si on peut voir la croix en travers dans les rochers 2m sous le sommet ...

Encore un sommet sortie dans la tourmente, tant pis, sommet quand même!

On ne traine pas, on claque une sangle sur le rocher du sommet pour descendre en rappel dans la petite brèche qui nous évitera une désescalade scabreuse du coté où nous sommes arrivé. Rappel de 15/20m.

La suite de la descente par le même itinéraire, alors que nos traces de montée ont déjà été recouverte par la neige et le le vent. ça caille sec! Une bien belle aventure!

 De retour au col, la descente à ski doit valoir le coup … mais là on n'y voit tout juste le bout de nos spatules alors que les rochers ne sont pas loin pour nous guider. Tant pis on profite comme on peut d'une neige pas toujours confortable mais qui se ski bien.

Plus on descend et plus ça se dégage, le premier mur de la montée en neige bien tendue n'est pas si dégueu et se descend vite. on gratte tant qu'on peut ski au pied. Encore une bien belle journée rusticos avec une jolie croix. la météo nous a complètement enlevé l'idée d'enchainer avec autre chose, c'était bien suffisant comme ça.

Départ 7h, encore une météo bien couverte, mais c'est beau! la neige tombée est louuuurde. Bon on se dit que ce sera surement mieux plus haut. On fait la trace, seul au monde dans le vallon de mary, On est en light, pas de corde, ça drope! Direction la pointe haute de Mary et ses couloirs qui lui servent d'écharpe de chaque cotés (3.3 max). Vers 2400m la neige devient juste parfaite, légère comme on aime. mais les rochers ne sont pas loin dans cet immense pierrier qui forme un plateau sous les deux pointes mary, la trace de montée nous servira bien pour nous guider à la descente.

Quelques éclaircies passagères nous permettent de profiter du panorama et de notre solitude.

Au pied du sommet 2 choix, voir 3. La rampe de droite (3.3), la rampe de gauche (3.2) et on aperçoit le couloir centrale qui mène au sommet (5.2) et semble peut être en condition. Il débouche dans la rampe de gauche alors on décide de monter sur celle de gauche pour jeter un coup d'œil. C'est plein de boulette de purge gelés, finalement le couloir central n'est pas du tout en condition (virage du bas complètement sec!) tant pis, on reste sur cette rampe jusqu'au col. Poudreuse légére sur fond dur, fini par nous obliger à mettre les crampons pour les 50 derniers mètres de D+. Météo complètement bouchée au sommet pour changer. ça caille fort avec le vent. La descente en rive droite nous remonte le moral, c'est très bon malgré quelques petits changements de neige. C'est de la fraiche en général! alors on s'en met une bonne tranche et on se motive pour faire la rampe de droite qui semble bien moins boulochée.

Ca cramponne rapidement, le fond et dur et ça devient compliqué d'avancer avec les skis au pieds.

On aura bien fait 300m de crampons encore ce jour entre les deux couloirs.

Col sommital dans la tourmente, on trouve un petit refuge sur la droite à l'abris du vent. Décidément ...

Descente parfaite, juste une petite plaque qui part des le départ, mais rien de bien méchant, ça remet un peu de neige légère dans le couloir.

La suite est juste incroyable, les meilleurs virages sont la, c'est facile, on flotte, pas de risque ... et une visibilité qui augmente légèrement (bon il ne faut pas trop en demander non plus). Une bonne dose de plaisir pour clôturer cette belle séquence!

Même dans le pierrier ça passe sans trop toucher, tout en douceur. On suit nos traces de la montée en slalomant au gré de nos envies.

Plus bas que 2400 ça colle fort ... tant pis on à eu ce qu'on voulait, ça fait parti du jeu du printemps.

Bref une superbe semaine! 8000 de D+, de beaux couloirs, de beaux sommets, des buts et des erreurs sans gravités mais qui servent de leçon.

Un grand merci au refuge de Chambeyron pour la qualité et le confort du refuge d'hivers.

Au petit bistrot de Fouillouse pour la superbe planche de charcuterie et les binouses.

Et pour finir le refuge de Maljasset, Frédérica et Romain (?) au top du top dans leur accueil et les petits repas qui nous permettaient de bien recharger les batteries pour repartir le lendemain.

En tout 8100m de D+, 96.2km,  27h30 de sortie

Pas une journée sans sortir les crabes

Bredouille niveau vidéo, la gopro 8 n'aime pas le froid ... et le drone sans carte SD ... Bref. :)