Sortie du vendredi 14 mai 2021
PierBa
Conditions nivologiques, accès & météo
Météo/températures : Froid à te mettre des gelures, beau le matin et nuage du mordor en fin de matinée
Conditions d'accès/altitude du parking : classique, quelque arrêts sur la route d'accès à la Berarde pour dégager des pavés sur la route
Altitude de chaussage/déchaussage : chaussage à 2800m juste sous le cône (team skateba for life) et déchaussage à 2000m et des bananes en rive gauche du vallon de Bonne Pierre
Conditions pour le ski : Poudre fraiche 10 à 30 cm dans les pentes de la MD entourée par des plages de croute infâme et une longue langue de glace béton sur toute la rive gauche de la MD crée par les spindrifts, qui part du couloir d'accès à la niche et qui descend jusque dans le couloir d'accès.
Activité avalancheuse : La moitié droite inférieure du cône est partie avec une belle cassure qui doit avoisiner les 2 mètres (je ne suis pas allé trop près, c'est à vue d'oeil). Sinon bonne cohésion dans le bordel
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu
Itinéraire suivi : suivi le chemin classique et avant qu'il ne monte sur la moraine, j'ai basculé sur le glacier de Bonne Pierre et yallah!
Horaires : Départ parking 04h40, chaussage sous la niche vers 09h45, déchaussage et clope de la victoire vers 11h15, retour parking à 11h45
"A la Mayer Dibona on y va soit par hasard sur un coup de tête, soit complétement à l'arrache en gueule de bois par erreur."
-Thierry Clavel, Pente Raide, Les plus belles descentes à skis en Dauphiné, éditions Glénat
12 mai 2021
Après midi: oui demain soit je vais en montagne, soit je vais dans le sud ouest surfer
Soir: soirée mondaine!
13 mai 2021
1er réveil du matin: envie et impression de mourir. 1g paracetamol et 50mg de kétoproféne per os. 1l de Sanpé. Retour au lit.
2ème reveil de fin de matinée: mmmeeeeeeerrrrrdddeeee j'ai niqué la journée
Bref voilà que je me retrouve sur le canap' à faire le mollusque. Mais l'oisiveté n'apporte pas que des mauvaises choses. En zonant sur les balises de nivose, en regardant les courbes de températures et en checkant un peu de près les météogramme je vois qu'on s'y approchait.
Récemment passé il y a 14 jours par le vallon de Bonne Pierre pour aller faire la brèche Nord de la Somme, je savais qu'avec un mètre de plus la MD serait faisable.
Et ce mètre il est apparu. Stabilisé par les coups de chauds, protégé par des température hivernales par la suite et recouvert par de la fraîche tombée en début de semaine, je vois que demain sera potentiellement la matinée avant le retour du mauvais temps où ça pourrait passer (spoiler, la prochaine fenêtre météo c'est mercredi prochain).
Bref, le type il cogite, mais il est quand même en gueule de bois sur son canapé à boire du thé.
Inch allah on verra demain
14 mai 2021
Reveil 2h dum: l'enfer sur terre
Arrivée parking sur les chapeaux de roues vers 04h30. Je tire le frein à main, j'enlève les clefs du contact et je me tourne vers RFG... merde il n'y a personne sur la place passager...
C'est vrai que celle ci je me la fais solo.
Stratégie Blitzkrieg, il ne faut pas que je réfléchisse trop, je mets le sac sur dos, j'enfile mes baskets et je visse mes écouteurs dans les oreilles qui vont blaster du Booba pendant les 5 prochaines heures pour me garder éveillé et un peu énervé. Clairement je vais essayer de monter le plus haut possible en baskets pour aller vite.
Depuis 2 semaines le front neigeux est remonté sacrément haut avec la chaleur, mais les prévisions météo disaient vrais, il fait un froid polaire et le regel est très bon.
Pour l'instant il fait nuit et j'essaie de ne pas trop regarder devant moi ce qui m'attends.
...
Il commence à faire jour.
Je lève la tête.
Envie de me chier dessus.
C'est vraiment impressionnant ce truc.
Garde la pêche.
Ecoutant le Duc de Boulogne raconter ses méfaits avec la justice je remonte jusqu'à 2800m sous le cône où finalement je chausse les peaux et je remonte jusqu'à la rimaye. Pas de vide intersidéral, passage débonnaire sur la gauche, pas du tout l'impression que je vais être mangé par la montagne en cas de chute.
Après ces 200 mètres de peaux je remets les skis sur le dos.
Belle optimisation diront certains...
Et c'est parti pour un tour, je rentre dans la piste.
Remontée du couloir d'accès assez débonnaire.
Arrivé à l'intersection de sortie deux possibilités s'offrent à moi
1)Aller tout droit dans une goulotte mixte mi rochers mi sucre glace. A tiens une coulée de spindrifts a demarrée et elle passe par là...
2)Aller sur la gauche par une rampe glacée
Allez c'est parti pour la deuxième option.
Je mets pieds sur la partie centrale de la MD.
La montée va être longue. Un champ de poudreuse fraîche joue à cache cache avec de la neige croutée et de la glace.
En rive gauche, là où les topos indiquent la voie de montée et de descente, les spindrifts ont créé un langue de glace béton partant de tout en haut au niveau de la rampe d'accès à la niche et descendant jusque dans le couloir d'accès.
Bon bah on va aller en rive droite hein.
Brassage intersidéral.
"T'es au bord du suicide, je suis en bord de mer" me raconte Booba dans les oreilles.
En louvoyant entre des dalles cachées et quelques rigoles glacées j'accède jusque sous le couloir de la niche, moment où un nuage décide de se poser sur la Barre des Ecrins.
Nuit noire.
Bon ok soit, merci, bonne excuse, dans tous les cas j'étais en train de crever et vu la cascade continue de spindrifts par ce petit couloir d'accès final, pas sur que ça aurait été une bonne idée.
Je reste là à regarder dans le vide des nuages. Et si je vais voir ce qu'il s'y passe?
"Mec t'es en haut de la MD, tout seul, il fait mauvais, fais pas le con."
Je m'écoute.
J'éteins la musique.
Je chausse les skis.
J'ai un vide intersidéral de poudreuse sous mes pieds.
C'est ouf.
C'est littéralement fou d'avoir de la si bonne neige dans un tel endroit.
Par respect du lecteur je ne raconterai pas la descente qui s'en suivit.
Amitiés
Pier