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Sorties > Ecrins > Le Seigneur des Ecrins : Les Deux Barres

Le Seigneur des Ecrins : Les Deux Barres ⭐⭐

Massif : Ecrins
Départ : Villar d'Arêne (Pont d'Arsine) (1667 m)

Topos associés : Barre des Ecrins, Couloir Coolidge Col de Roche Faurio, Couloir N Brêche des Ecrins, Couloir de Barre Noire

Sommets associés : Barre des Ecrins (4102 m) Pic de Neige Cordier (3614 m) Col de Roche Faurio (3376 m) Brêche des Ecrins (3661 m) Col Emile Pic (3483 m)

Orientation : T

Dénivelé : 3400 m.
Ski : 5.1

Sortie du jeudi 15 mai 2025

N∇BL∇

Conditions nivologiques, accès & météo

Météo/températures : beau temps iso 0° à 3000m
Conditions d'accès/altitude du parking : la route qui mene au parking apres le camping de villar d'arene est peu carrossable.
Altitude de chaussage/déchaussage : au col d'arsine
Conditions pour le ski : toutes neiges, poudreuse froide, neige soufflée, croutée, vitrée, soupe

Conditions nivo et activité avalancheuse : pas mal de purges en toutes orientations  avec l'humidification des chutes de neige de mardi soir. Quelques zones plaquées mais ca n'a pas l'air tres reactif...

Skiabilité : 🙂 Bonne

Compte rendu

Itinéraire suivi : villar d'arene (5h00), breche de la plate des agneaux(10h30), Pic de Neige Cordier (13h30), rappel par le col Emile Pic, nuit au refuge des Ecrins. Depart 5h45, Montée par le couloir de Barre Noire (9h), puis traversée jusqu'à la base du couloir Coolidge (11h) AR à la barre des Ecrins (13h), descente voie normale , remontée col de roche faurio (14h) et couloir N et retour villar d'arene (18h).

Un remerciement spécial pour l'excellent CR sur le couloir N de roche faurio en boucle depuis Neige Cordier (skitour.fr/sorties/179576) de Jérôme Couturier et les infos de LionelG sur la Barre Noire!


Le récit du Petit Nicolas:

Tout a commencé au col Claire, là-haut parmi les géants de pierre en noir et blanc qui défilaient devant nos yeux, une prairie de neige semblait accrochée au ciel : la Plate des Agneaux.  A cet instant c'était déjà acté, il nous faudrait aller poser les skis là bas! 

Ce matin, départ avec le copain Sylvain de Grenoble à 2h30, direction Villar‑d’Arêne pour aller voir tout ca de près. En empruntant la "route" qui mène au parking du bout du camping, on a roulé sur ce qui  tenait plus du résultat d'une partie de pétanque géante entre pelleteuses que d'une piste carrossable. Ou alors c'est juste que j'ai une garde au sol de trottinette. Bon, toujours est-il qu'à 5h on commence la marche d'approche, skis sur le dos et on sait déjà que l'horaire il est parti tout seul sans nous attendre et qu'on passera la journée à courir après. Les premières lueurs du jour pointent seulement une heure plus tard sur les pentes faiblement enneigées du col d'arsine : il est temps de chausser les lattes et la journée peut commencer! Pendant la montée une petite hermine nous est passé devant avec son allure sautillante. Ca y est, c'est foutu, j'aurai pendant toute la montée "La blanche hermine" des Ramoneurs de Menhirs qui me tournera dans la tête. Arrivés au pied de la brèche de la Plate des Agneaux plein Est, le soleil nous accueillit comme une vulgaire tartine grillée, c'est déjà un peu tard, et on se dépêche de franchir le couloir qui est à l'aplomb d'une corniche qui se prélasse au soleil. La chose faite il faut prendre pied sur cette fameuse Plate des Agneaux et ca se fait par un passage poudreux pas très sympathique...Enfin nous voila sur la pente douce qui se raidit jusqu'au pic et c'est vrai qu'elle est belle cette pente, drôle de tapis volant entre hautes pointes acérées et lacs d'Arsine gelés en contrebas. Il n'est pas nécessaire de monter au sommet pour continuer  mais maintenant qu'on y est: 

—" On monte au Pic de Neige Cordier ? j’ai demandé.
— On est déjà en retard, a répondu Sylvain. Autant être très en retard."

Arrivés au sommet c'est la grosse claque, le glacier Blanc se découvre soudainement et derrière lui au second plan se pressent Ailefroide, le coup de sabre et le Pelvoux. Et bien évidemment, plantée là comme le nez au milieu de la figure trône, majestueuse, la Barre des Ecrins. De la toiser comme ca, quasiment d'égal à égal du haut de nos 3600m, c'est impressionnant. Bon ça suffit, pas le temps de s'attarder, on descend un couloir crouté à souhait  pour arriver au col de ce bon vieux Emile. Petit rappel parfait pour une corde de 30m et on skie une soupe bien revenue sur les pentes qui mènent au refuge des Ecrins. Les mauvaises langues diront qu'elle avait plus de gout que la soupe du soir mais c'est vraiment pas gentil de dire ça car l'équipe du refuge était au top, avec un accueil souriant, chaleureux et détendu pour les 7 personnes qui dormaient ce soir là. Et le risotto poulet basquaise valait son pesant de cacahuète, on a très bien mangé! 
Le programme pour le lendemain était un peu vide, simplement le col de Roche Faurio (qui n'est pas à coté de la Roche Faurio parce que sinon ca serait trop simple). Mais c'est un peu comme aller dans une pâtisserie trop chouette avec des gants blancs et tout et se dire qu'on va juste prendre une baguette. Il nous fallait en quelque sorte une cerise sur la foret noire, une friandise, une barre chocolatée... Ca tombe bien, il y a deux barres pas loin, une pour chacun. Pour Sylvain ça a toujours été la Barre des Ecrins, le sommet du coin, le symbole des choses sérieuses, le début de l'alpinisme qui s'écrit avec une lettre A calligraphiée avec soin. Pour moi c'est simple, en parodiant le même sur la mer Noire : "C'est la Barre Noire!" Skier le couloir de Barre Noire, à coté de ces séracs magnifiques, c'est un rêve de gosse. Enfin non, le gosse il rêvait de skier la face nord du pic Sans Nom (probablement juste parce qu'il n'a pas nom, ce pic, et que paradoxalement il en a bien un), sauf que voilà, la vie se charge de te dire qu'il y a des choses pas réalistes.

Le lendemain, petit lever de soleil orangé sur le glacier Blanc lorsqu'on arrive au pied du couloir de Barre Noire et qu'on attaque la face histoire de voir les conditions du jour. Le couloir a été gravi la veille par un couple qui dormait au refuge, sauf que le vent du nord est passé par là, et il faut tout retracer. "Bonne nouvelle", la neige est tellement dure qu'elle est facile à monter, mais on aurait bien aimé brasser un peu pour le coup... Dans la montée ça réfléchi sec, Sylvain parle de "neige couic" et il ne fait pas référence à l'ami du petit déjeuner. Ca désigne plutôt une neige pas simple à descendre. 
Le dilemme est brutal : to ski or not to ski?
Histoire de se donner le temps de la réflexion, on s'en va en direction du Dôme des Ecrins, au pied du Coolidge parler aux quelques personnes que l'on voit gravir la Barre. La situation est claire, la Barre ne se skie pas vraiment (enfin si un type l'a fait, chapeau à lui) mais ca se fait très bien en crampons. Ben moi j'ai l'impression que pour l'instant la réponse au dilemme qui nous occupe c'est : "to crampon"...

— "C'est de l'alpinisme, Nicolas!
— Ouais... sauf que moi je voulais juste skier, c'est vrai quoi à la fin!"

 Sylvain exulte, on va la faire cette Barre des Ecrins! La décision s'est prise plutôt en saisissant l'opportunité mais elle n'avait pas été envisagée sérieusement la veille : c'est la surprise! En arrivant là haut les pics du glacier Noir rivalisent de lignes agressives et verticales, le glacier Blanc se déroule à l'infini sous nos pieds... Bref, le toit du monde des Ecrins est conquis! C'est encore un paysage majestueux, à croire que par ici il n' y a que ça en stock.

Pour la descente en crampons de la Barre, on n'a qu'à dire que c'était facile et qu'il n'y a donc rien à dire dessus. Vous m'entendez? Je n'ai rien à déclarer! La définition exacte d'une heure de pleine sérénité... Ensuite, petit casse croute histoire de se remettre en jambes, le temps pour la Barre Noire de prendre ses premiers rayons de soleil! Deuxième renoncement, un vrai cette fois, on ne la skiera pas, ça a l'air d'être quand même une neige de meilleure qualité dans la voie normale. C'est pas grave! C'est juste que du coup, tout ça là, ben ça ne compte pas...C'est dommage mais faudra revenir l'année prochaine! On entame alors la belle descente pas trop tracée (pour une fois) dans la voie normale du dôme. La navigation sous les séracs rend le lieu grave et impressionnant. Bien content de faire cet itinéraire uniquement en descente par contre... Il est temps à présent pour la remontée dans les pentes sud du col de Roche Faurio. Il n'y a plus de question d'horaire à cette heure, on lui a littéralement fait un doigt en montant aussi tardivement dans ces pentes. Elles ne sont cependant pas menaçantes car déjà purgées en majorité. Du col, on plonge sur les 1000m du couloir Nord et là, surprise, on a le droit à de la poudre froide! Les premiers virages sont concentrés, la neige est parfaite, ça sent la bonne descente. Une vieille trace nous précède et ne s'étale pas trop : il reste pas mal d'endroits ou tracer, là voila la descente tant attendue!
Au loin on aperçoit la verte vallée qu'il faudra traverser mais à présent peu importe pourvu qu'on ait l'ivresse! C'est pas la première fois que les mots ne sont pas utiles pour souligner l'intensité du moment... 
On finit enfin par rejoindre la vallée, on galère à rester rive droite pour espérer récupérer une langue de neige aperçue depuis le refuge de l'alpe la veille. Crapahutage dans des blocs instables.
 — "Ah non, j'ai pas survécu à la Barre pour chuter maintenant!"
 Les efforts sont presque récompensés, la langue de neige vaut presque le coup, toute la nuance est évidemment dans le "presque". Mais à un moment faut se l'avouer, le ski c'est fini, faut se rentrer à pattes à la voiture. Le retour n'est pas long, le sourire est encore présent, tout est facile, ce n'est qu'en arrivant au parking que soudainement l'évidence frappe : le planning du lendemain vient de s'alléger d'un coup , ca sera repos!


Commentaires

Gemitaut, le 17.05.25 17:38

Génial !

A
andras, le 17.05.25 17:51

Ben, la neige était certainement meilleure dans  la voie normale que dans la Barre Noire, on hésitait de faire aussi Roche Faurio, mais on pensait que la neige na pas restee froide, du coup bonne pioche pour vous :)

S
Skieusesuperprodu38, le 19.05.25 21:39

De ma longue expérience de skieuse super pro dans le département de l’Isère ça avait plutôt stylé vot’ truc 

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