Stats de la traversée : 8300m environ, 75 km, 20h40 au total.
Départ à 2h du matin du Recoin, le rythme est bon dès le départ et nous arrivons rapidement à la croix de Chamrousse (sans devoir déchausser). Après la petite descente vers les lacs roberts, nous abandonnons les pistes pour, on l'espère, le reste de la journée. Le cheminement vers la grande lauzière n'est pas facile de nuit mais nous nous en sortons assez bien. Après la petite glissade de l'année dernière, on sort rapidement les crampons pour remonter au Grand Doménon, d'autant que la descente vers le col du bâton se fait à pied car la neige commence à manquer un peu. La remonté à la croix se fait facilement et nous plongeons alors dans le couloir des rochers rouges. C'est la principale difficulté à la descente de l'itinéraire. L'entrée du couloir est bonne, puis la neige devient plus dure. On se laisse donc déraper tranquillement, l'idée n'est pas de travailler le virage pente raide ce matin. Le jour commence à se lever alors que l'on passe la brèche de roche fendue et le col de la mine de fer. Par une petite remontée à la pointe du sifflet, on arrive au pas de la coche. Le manque de neige nous oblige à passer par le col de l'aigleton pour remonter en suite au sommet de la belle étoile, où on passe au soleil. Une des plus belle moquette de l'hiver nous permet d'arriver au lac tranquillement avant de repasser à l'ombre sous le rocher blanc. Du sommet, on gagne le refuge de combe madame où un bon sandwich nous attend, apporté par un copain. Nous en sommes à la moitié, il est 10h et la montre affiche déjà 4600 mètres...
Après une petite heure de pause pour se refaire la cerise, on repart direction le col du tepey. Pour moi c'est une entrée dans l'inconnu puisque je n'avait jamais posé les ski dans le nord de Belledonne mais Jules connait comme sa poche. La descente en traversée vers la selle du Puy Gris nous réserve une première surprise. Jules, parti en premier, déclenche une petite plaque sous ses skis (photo 1), il n'est pas emporté mais le ton est donné pour le reste de la journée, il va falloir faire gaffe. Malgré tout on passe la selle du puy gris et le col du morétan sans difficulté, sinon qu'il commence à faire chaud et qu'il faut désormais tracer. La descente sur le refuge du merlet est pénible avec la neige collante. On fait alors une petite pause pour réfléchir à la suite. Les conditions nous inquiètent un peu, ça chauffe fort et on commence à être bien entamé après 6000 mètres de déniv. On décide quand même de repartir, sachant que s'il faut passer par une pente raide, il y aura un risque de devoir abandonner. Néanmoins, on arrive à remonter au col du crozet en sécurité grâce à une bande d'herbe nous épargnant la neige dans le passage le plus raide, et nous redescendons sur le refuge des férices.
Cette dernière parti est vraiment pénible puisqu'on navigue entre le chemin d'été lorsqu'il est déneigé et des plaques de neige dans lesquels on s'enfonce profondément. L'itinéraire est complexe, et on choisit souvent de passer sur les petites arêtes pour éviter des passages exposés, notamment vers la tête de la perrière. La remonté au grand moulin se fait par le chemin d'été et la descente ne craint heureusement pas trop pour nous permettre de nous laisser glisser vers le col de la perche. On met alors les skis sur sac jusqu'au Grand Chat, avant de récupérer les chaussures de trail pour aller vers le col du grand cucheron. C'est aussi le moment ou le soleil se couche et on ressort la frontale. L'arrivée au col ne se fait pas sans encombre puisqu'on se perd encore dans la forêt, avant de retrouver notre chemin pour retomber sur le parking de Teppe Verte, le col étant décidément trop loin...
Pour conclure ce petit roman, j'ai l'impression que cette traversée est une somme de tout ce qui fait la beauté du ski alpi pour moi. Le début offre une belle technicité, avec de beaux portages et une petite pente raide, le milieu offre quelques belles descentes et surtout de beaux sommets, tandis que la fin est une épreuve de résistance avec une arrivée qui parait ne jamais devoir arriver... En bref c'est un voyage au paradis du ski.