Sortie du mercredi 11 décembre 2024
steph0272, sdxmountainer, totoff
Conditions nivologiques, accès & météo
Météo/températures : beau et un peu froid à l’ombre avec un vent au sommet
Conditions d'accès/altitude du parking : dégagée quelques rares plaques de neige tassée
Altitude de chaussage/déchaussage : au biolay à la montée 100m au dessus à la descente
Conditions pour le ski : peu de neige mais ça ski (skis cailloux !) poudre versant ombragé, plus ou moins transfo en sud à midi puis qui re route vite avec l’ombre du soir
Conditions nivo et activité avalancheuse : ras on a bien brassé dans le couloir N du Colomban
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu (par steph0272)
Itinéraire suivi : combe bronsin couloir Sud Ouest / pointe Colomban couloir N
Horaires : 9h - 15h
Ode à la première fois
Il y a de nombreuses premières fois dans une vie. Et il y a aussi des premières fois partielle : première fois que l’on refait quelque chose que l’on a pas fait depuis un certain temps, comme, entre autres, la première sortie de l’année…
Ode au petit flocon
Je fais partie de ces très nombreuses personnes que l’on a réussi à convaincre que, dans la vie, il fallait un ou des objectifs, puis se donner les moyens de les réaliser et une fois atteins, le bonheur en découle. C’est ce que j’ai fait avec un certain bonheur et succès et j’avais en plus cette chance de prendre plaisir au chemin emprunté pour atteindre tous ses buts. Mais, à la 50 aine passée, je me rends bien compte que seul le chemin est important. Avoir un but voire pire plusieurs, nous enferme dans une logique qui nous fait rater toute spontanéité, toute option qui n’est pas dans la logique des buts à atteindre.
Je me mets à envier et à imiter avec délice ce flocon de neige qui, sans aucun plan, descend du ciel et touchera le sol. C’est inévitable et son chemin lui est imposé par les vents, face nord ou sud, peu importe puisqu’au moment où il fusionne au sol avec ses amis, le flocon perd son existence et devient un manteau neigeux. Je salue ici son sacrifice et je sais qu’il a pris plaisir à son voyage sans intention.
J’expérimente depuis quelques mois cette vision est c’est exceptionnellement riche en surprise, rencontres, opportunités que l’on ne voyait pas car trop focalisé sur nos buts.
Aussi, tel ce flocon de neige, par le hasard total d’un « oui » à une proposition de ski, je me retrouve à effectuer la quasi même première sortie que l’an dernier, je prends seulement le chemin (= le plaisir du ski par une journée parfaite !) et j’en comprends le sens, précisément car je n’ai pas choisi cela mais je me suis contenté de l’observer et de le vivre…
Ode aux choix et renoncements
On dit que choisir c’est renoncer alors que là aussi, à la même 50aine passée, on voit également que renoncer c’est choisir autre chose !
Depuis un peu plus de 20 ans, j’ai une montagne de cœur, et ma fidélité à cette montagne est une évidence.
Un immense ami qui a tristement confondu un légitime « sentiment de liberté » avec le non respect des règles les plus élémentaires, malgré une météo et des risques d’avalanche monstrueux s’il avait pris la peine de les écouter, est allé se perdre dans ma montagne de cœur.
Extrêmement peiné, blessé même, j’ai cherché à résister l’an dernier mais, à grande tristesse, j’ai dû choisir de renoncer à ma plus belle histoire montagnarde, tant ce tragique accident m’a rendu insupportable cette montagne. Et pourtant une de mes aînées à qui je pense particulièrement, en ce moment, lui avait déjà conseillé dans sa jeunesse de « savoir renoncer ». Il n’a pas su le faire malgré tous les risques et en quelque sorte je le fais à sa place.
Aujourd’hui, parce que j’ai choisi de jeter mon dévolu sur une autre montagne, je suis heureux de voir que le plaisir est le même, la « chair de poule », trace en S dans la poudre sous les caresses de mes skis, est tout aussi agréable à provoquer dans cette nouvelle montagne. Lorsque l’on est un skieur heureux et souriant, les pentes poudreuses ne manquent pas, peu importe quelle n’aie pas les formes ou les paysages habituels et tant aimés.
Ode à la saison 2025 ou tout se rejoint
Et puisque la saison 2025 me pousse, moi, petit flocon en bonheur, au même endroit que la saison 2024 où j’étais bien en peine, je vois le signe évident que j’attendais pour exhausser un conseil que l’on m’avait donné : choisir un objet (une pierre dans mon cas) qui symbolise la souffrance et aussi la colère liée à ce terrible accident, et la jeter pour s’en détacher.
C’est fait, et le petit flocon de neige auquel je ressemble de plus en plus, s’est débarrassé d’un bagage bien encombrant.