On avait initialement une résa aux Grands Mulets pour vendredi soir. Résa annulée lundi dernier face aux piètres prévisions de la fin de semaine. Sacré mois de mai. Mercredi soir on hésite : est-ce qu’on se met en mode commando et on se fait une Grande Casse en one shot en partant de Lyon en milieu de nuit ? Est-ce qu’on se met en mode fin de saison et on trace S pour grimper au soleil ? Comme les condi en altitude sont encore super bonnes et que l’envie de skier tjr là, c’est une solution hybride qui se dégage : on skip le mode commando et on fera la Grand Casse en 2j, par la face N.
J1 15h00 - 17h00 d+ 800 pk Fontanettes -> ref Felix Faure ; chaussage à 2300
J2 : 6h - 14h d+ 1500 Ref -> Grande Casse par la petite face N puis redescente par les Grands Couloirs -> pk Fontanettes
La veille au diner, on taupe sur une remontée de la voie centrale de la face N (+ longue, légèrement + raide et + proche du sommet), pour sortir sommet et se laisser le choix entre une descente par les grands couloirs ou par notre itinéraire de montée. On s’élance un peu avant 6h (déjà + besoin des frontales) en direction du col de la Vanoise. Belles couleurs du lever de soleil sur la pointe de la rechasse. On retrouve le soleil au col. On distingue partiellement la face (cachée par une épaule) et voit 8 alpinistes (petit dej 3h30 au ref) qui remontent le couloir des Italiens. De superbes traces / marches qui montent dans la pente à main droite en direction de la petite face N et des belles traces de conversion plus loin, + proche du couloirs des italiens. On se laisse aspirer en se disant que ces traces doivent revenir dans l'axe de la centrale et que la face doit être tracée. Bien mal nous en a pris. On se lance dans la traversée et nos skis chassent rapidement sur une neige poudreuse durcie sur fond dur. On chausse les couteaux. Une fois passé une petite épaule qui nous cachait le visu sur la face, on voit que les conversions ne reviennent pas du tout dans la centrale. Il va falloir tracer cette poudreuse tassée. Première impression : ca doit être sacrément bon à descendre, à remonter cela ne va pas être une mince affaire ! Après une demi-douzaine de conversions, on déchausse en pensant qu’on serait plus rapide en remontant droit dans la face … on s’enfonce jusqu’à mi mollet voire au-dessus. On repart. Après une douzaine de conversions, on se résigne face à la débauche d’énergie, à rejoindre les marches (4/5*) qui montent sur la petite face N. Ski rapidement sur le sac, on s’envoie sans broncher les 400m résiduels de face. Déjà des premiers skieurs s’élancent du haut de la centrale. Certains tirent à droite et rejoignent le couloir des italiens, sous le passage final qui débouche au sommet (ne semble pas évident compte tenu du temps mis par les cordées pour le franchir – longueur en glace probablement). Les courbes des skieurs s’enchainent. Tous poussent des petits cris qui laissent peu de doute sur le plaisir éprouvé. Notre première impression se vérifie. Une bonne majorité d’entre eux a remonté les Grands couloirs et descendu la centrale. Paris gagnant.
Après avoir pris une bonne transpiré (ça chauffe déjà bien) à remonter la petite face N, on se fait cueillir par un vent froid sur l’arête. On ne traine pas à la remonter (bonnes condis - neige tout du long, un petit pas de grimpe au milieu) jusqu’au sommet. En passant ce fameux ressaut, j’entends des cris en direction des grands couloirs, j’ai juste le temps de tourner la tête que je vois une coulée (taille 1) partir et 2 skieurs dégarpissant de sa trace. A ce moment-là, je ne vois pas ce qui se passe dessous. Plus haut, on distingue une demi-douzaines de skieurs sur le bas de la coulée, des skis en croix… On espère qu'il n'y rien de trop grave.
On atteint le sommet sous un soleil partiellement caché par des nuages coiffant les cimes. Les montagnes à l’horizon sont déjà toutes dans les nuages bourgeonnants.
On entame notre descente dans une neige légère (4/5*) jusqu'à l'entrée des Grands Couloirs avec poudre au col des Grands Couloirs. C’est le pied d’être à mi-mai et d’avoir une neige comme celle-ci ! Au col, on aperçoit l’hélico du PGHM sur le bas de la coulée qui reprend de l’altitude et son envol. Grand Couloirs en bonne condi générale : neige assez dure (bon grip). Arrivée au niveau de la coulée, on nous apprend que des skieurs arrêtés, dont un ayant déchaussé, étaient dans l’axe de la coulée. Ils ont accouru sur le côté et personne n'a été enseveli. Seul du matériel est sous la neige.
On reprend notre descente, soulagé, et enchaine les virages sur une moquettes 4/5*. Sous 2600 la neige s’humidifie et devient soupe et collante. Plus bas des névés permettant de redescendre quasi jusqu'au Barmette (bien tirer rive G).
Retour voiture. Content d’avoir choisi le plan montagne plutôt que grimpe. 3 saisons qu’on pensait se l’envoyer cette Grande Casse. La saison n’est pas finie. Y’a encore du bon ski à faire en altitude ! :) To be continued.