Départ : la Bérarde (1720 m)
Topos associés : Brèche de la Somme, versant Sud Brèche de la Meije, par les étançons Col de la Mariande, Versant Nord Col E de l'Etret : Couloir NE par le vallon des Etages
Sommets associés : Brèche de la Meije (3357 m) Brèche de la Somme (3269 m) Col de la Mariande (2940 m) Col Est de l'Etret (3220 m)
Orientation : T
Dénivelé : 4700 m.
Ski : 2.2
Sortie du dimanche 12 mai 2024
Conditions nivologiques, accès & météo
Météo/températures : en général beau temps un peu mou avec qq passages nuageux en J1, J3 et plus couvert en J4 - pas de vent - températures douces - plus frais en J4
Activité avalancheuse signalée dans la zone ce jour, voir la carte.
Skiabilité : 😐 Correcte
Compte rendu (par taramont)
Dire que mes choix étaient bons se discute. Disons qu'ils auraient pu être pires. Aucune des courses n'a pu être menée à bout pour des raisons nivologiques et ce malgré un lever « matinal » qui a fait tordre le nez à certains mais qui, en ma qualité de limace de Chartreuse, m'est obligatoire quelle que soit la nivologie. Or, quand le gastéropode précité est submergé par une irrépressible envie d'immersion dans les Ecrins, il ne lui reste plus qu'à trouver le lieu le plus propice. Au dernier moment, des compagnons se sont présentés. Et c'était bien comme cela aussi.
La cotation d'ensemble de ce qui a été skié est max 2.2
J1 – jeudi 9/5 : Vallon de la Mariande – D+ 1320m – 20,7km
Départ 5h50 : Pkg du Clot (1383m) – stop vers 2500 env sur le début de la moraine (en déliquescence)
Itinéraire selon topo du col de la Mariande par le Clot d'Outre
(avec Anne et Dominique)
Jamais vu la Mariande en si piteux état. Pourtant si belle sous son édredon étincelant. Mais alitée : prise de fièvre, suant de tous ses torrents. Pour ne pas être contaminés, voire mortellement atteints, nous ne sommes pas allés à son chevet mais nous sommes contentés du pied de son lit. Sous le verrou, deux névés avaient l'air d'avoir passé une mauvaise nuit et tiraient déjà la langue au lever du soleil. Au retour une aggravation de leur état était évidente.
Aucun skieur en vue. Quelques marcheurs et traileurs sous le verrou au retour.
J2 – ve 10/5 : Vallon de Bonnepierre – D+ 1230m – 16km
Départ 5h20 la Bérarde (1720m)
Itinéraire selon topo de la Brèche de la Somme : montée en rive D du vallon – descente en rive G – stop à 2950m environ pour ne pas hypothéquer la descente qui s'annonçait bonne
(avec Anne et Dominique)
Autre vallon, autre caractère. Jusqu'au replat à 2559m, c'est rude, portage en univers austère, champs de boules, neige dure. A l'apparition de la face W des Ecrins, c'est l'enchantement. Celui-ci ne vous quitte plus jusqu'à ce que vous quittiez les skis. La descente est un rêve quelle que soit l'orientation. Un pont de neige providentiel permet de traverser le torrent à la fin de l'enneigement.
Croisé 1 skieur.
J3 – sa 11/5 : Vallon des Etages – D+ 1050m – 18,7km
Départ 5h10 les Etages (1590m)
Itinéraire selon topo du col E de l'Etret – stop à 2600m env – neige molle sur début de zone glaciaire
(avec Denise)
Avez-vous déjà vu un flamant rose grimper des étages ? Sans doute pas. Moi si, samedi. Elle – parce que c'est une oiselle migrant des Flandres – n'a pas hésité à entrer en ce vallon avec moi. Or, ici c'est entrer dans la quintessence de l'Oisans. Dès le début, bien qu'ombragé - en fait à 5h quelle importance ? – le sentier est raide. Raide mais bien tracé. Il sort dans une boulaie avec beaucoup de grâce. On commence à y voir et le charme opère comme il a opéré il y a....bref, passons. Bien nous prend de choisir la rive G du vallon la mieux enneigée. Sous une cascade, des chamois regardent leurs consœurs qui viennent de mettre leurs cornes aux pieds.
Le fond du vallon est un assemblage très esthétique de moraines superbement enneigées où l'on peut monter tranquillement un peu partout sous l'oeil sévère de la Pte du Vallon des Etages. Puis, on bifurque vers l'W pour se poser à la base d'une échine rocheuse d'où la vue des traces de nos prédécesseurs d'il y a quelques jours, qui eux ont poursuivi, est bien visible.
Quelle joie de voir que sous l'influence de la glace, la descente est encore très agréable dans ces moraines joueuses ! Cela ne dure hélas pas et cigogne comme flamant rose doivent veiller à leurs gambettes. Faut croire que les fées de l'Oisans veillent sur elles et en forêt leur offrent déjà profusion de fleurs printanières.
A part 4 promeneurs en partie basse de la rive D au moment de la descente, aucun humain dans le vallon
J4 – dim 12/5 : Vallon des Etançons – D+ 1100m – 21km
Départ 4h10 la Bérarde (1720m)
Itinéraire selon topo Brèche de la Meije – stop à 2770 env - neige exécrable : 15mn de bon ski à tout casser
(avec Denise)
L'objectif était irréaliste vu les conditions de neige prévisibles. Ce n'est pas pour autant qu'il ne fallait pas tenter, ne serait-ce que pour honorer celle que tout le monde appelle la Reine Meije. L'aube naissante nous cueille au Plat des Etançons, le coucou chante et une lumière louvoie dans le bas du Plaret. Le ruisseau de la Sane a dû se mettre en colère, a coupé le sentier et oblige à louvoyer. Ne pas espérer un café au Chatelleret : il affiche porte close pour cause de détérioration. En fait de détérioration, nous visitons l'ex superbe moraine sous le Promontoire qu'un éminent contributeur a tout récemment abîmée gravement. L'endroit doit être maudit car c'est là que ma peau, sans doute victime d'un « drown out » ne veut plus coller ; en rechaussant, je me rend compte que le manteau neigeux est pourri en profondeur. Nous jetons l'éponge. Nous aurons eu le spectacle mais pas la danse. Ce n'est pas pour autant que les fleurs de l'alpe ne nous sourient pas une dernière fois sous un ciel de plus en plus menaçant.
NB : le camping de la Bérarde est fermé jusqu'au 1er juin mais rien n'empêche qu'on y passe la nuit.