Départ : Colomban Noir (2401 m)
Topo associé : Pic Blanc du Galibier, versant NE
Sommet associé : Pic Blanc du Galibier (2955 m)
Orientation : N
Dénivelé : 1230 m.
Ski : 2.2
Sortie du jeudi 15 juin 2023
Conditions nivologiques, accès & météo
Météo/températures : Grand beau frais avec une légère bise - nuages bourgeonnants au début de l'ap midi
Conditions d'accès/altitude du parking : RAS - 2401m
Altitude de chaussage/déchaussage : la neige se trouve encore en quasi continu à 2350m dans le vallon de la Lombarde, il faut descendre à pied du pkg jusque dans le vallon - par commodité, j'ai préféré porter plutôt que de chausser vu les accidents de terrain
Activité avalancheuse : RAS
Skiabilité : 😟 Médiocre
Compte rendu
Mais commençons par le début. J'arrivai mercredi ap midi sur la route du Galibier, cernée par cyclistes, photographes de cyclistes, motards, touristes, bref le champ de foire. J'étais bien tentée par un repos préventif mais tout autant d'aérer mes skis mécontents de se voir pris d'assaut par les araignées avant l'heure. Un petit tour vers la Crête du Galibier fit l'affaire. Oh non, pas depuis Plan Lachat (après 2 sem d'inactivité, faut reprendre en douceur), d'autant plus qu'une averse menaçait (elle n'a d'ailleurs rien fait d'autre) et vu la bouillasse que skis, peaux et gambettes m'ont reprochée, je n'allais pas faire de zèle. 330m de D+ - 4,4km, juste pour se remettre dans le bain (sens propre et figuré).
Pourquoi changer une formule qui a fait ses preuves épicuriennes ? A savoir : campement sur l'Alpe avec vue de choix, nuit étoilée, premier matin du monde et neige de cinéma. Tous les ingrédients étaient là, sauf....
En fait, il s'agissait de rendre ma visite amicale quasi annuelle à NOTRE tortue. Oui, vous avez bien lu, une tortue, une testudine quoi ! Et je dis NOTRE parce que c'est un bien commun partagé entre Chapp et votre servante (le seul, je vous rassure). Car, sauf erreur de ma part, personne d'autre que lui et moi n'a encore mentionné la présence de cette espèce des mers chaudes dans le vallon de Fontaine Lombarde, fontaine pas spécialement connue pour ses eaux tropicales. Mais ça peut encore arriver et la tortue est patiente et sa longévité bat des records.
Me voilà donc partie à 4h50. Ceux qui prennent mes horaires comme modèles sont autorisés à dormir 20mn de plus lors de leur prochaine sortie. La faucille de la lune était accrochée dans un ciel bleu nuit profond et le marteau d'une nuit trop courte au fond de mon crâne dont je ne connais pas la couleur. Vers le N, le Grand Perron des Encombres ne s'encombrait d'aucun voile de brume, se contentant de se découper suavement sur un ciel d'aurore.
Me voyant arriver, notre tortue tordit le nez. Ah, c'est toi ! Tard vaut mieux que jamais ! J'attends perchée la-haut que l'eau se réchauffe et qu'on me rende visite. Je ne voudrais pas être désagréable, mais toi je te connais bien, quand je te vois avancer je me dis qu' en somme tu es comme une sœur. J'aurais préféré qu'un lièvre me rende visite. Tu vois qui je veux dire. Il a passé dans le vallon du Fond il n'y a pas longtemps sans venir me voir mais je sais de source sûre qu'il a pensé à moi. J'aurais tant aimé plonger dans ce Fond pour l'approcher mais je suis figée ici pour l'éternité.
Sur ces mélancoliques paroles, j'ai laissé mon amie perchée et j'ai longé le miroir du Pic Blanc. Il suffit d'être là à la bonne heure par un matin de genèse pour avoir droit à un échantillon de beauté d'une pureté exceptionnelle. Dans l'échancrure, ce n'est plus le Grand Perron des Encombres mais le Thabor qui joue aux ombres chinoises.
Peu après, j'ai vu le champ de gaufres. La Maison Meert a trouvé son concurrent. Et j'ai vite compris que celles-ci ne seront pas un régal....Entre les alvéoles sillonnaient de surcroît des goulottes en rangs serrés. Je ne sais pas si vous avez déjà skié sur un toit en tuiles canal, mais c'était un peu cela. Juste un modèle spécialement conçu en prévision du prochain déluge.
Considérant le désastre, mon œil a été attiré par une petite chose gisant au bord d'une alvéole. C'était une CB *! Du coup, j'ai un peu levé les yeux pour voir où étaient les magasins espérant pouvoir faire une bonne session shopping au lieu d'une mauvaise session de ski, mais il n'y avait rien de tel. J'ai donc poursuivi mon chemin.
C'est là qu'a surgi un skieur chambérien venu du col et ayant passé par le Petit Galibier. Il comptait rejoindre le vallon du Fond pour visiter Trois Evêchés. Je lui ai souhaité bien du plaisir en espérant qu'il avait de bonnes chaussettes.
J'ai continué, toujours à pied, car se tordre les pieds sur une telle géométrie, non merci. Quand j'eus atteint la crête vers 2795m, j'étais soulagée d'en avoir terminé et de voir que la suite était en très bon état. Maigre (et surtout courte!) consolation.
Mais j'ai vu la Meije, les Agneaux, la Barre, les Aiguilles d'Arves, savouré ce panorama unique. J'ai skié les premiers 200m à partir du sommet avec un réel plaisir, encore tenté de descendre le vallon de l'Anesse jusqu'à 2549m. Si j'avais poursuivi au-delà dans ce manteau troué, l'Anesse aurait été toute trouvée....Donc remontée et descente finale. Petit coucou à la tortue et l'étranglement du torrent était encore comblé.
Moi aussi, malgré tout. Pour positiver, me suis dit qu'avec toutes ces vagues on passe directement de la haute montagne à la haute mer. Transition idéale
*CB : je mets un mot sur Perdu/Trouvé et demain je porte la CB à la Banque concernée.


















