D'Albertville à Bourg St Maurice - Traversée du Beaufortain

Massif : Beaufortain
Départ : Granier (Oratoire) (1308 m)

Topo associé : Pointe de la Combe Neuve, Traversée du Beaufortain

Sommets associés : La Roche Pourrie (2037 m) Pointe Saint Jean (2254 m) Crêt du Boeuf (2384 m)

Orientation : T

Dénivelé : 5800 m.
Ski : 3.2

Altitude de chaussage/déchaussage : J1 chaussage 2000m / déchaussage 1200m, J2 chaussage 1700m / déchaussage 2000m (refuge), J3 chaussage 2000m / déchaussage 1700m

Petit projet de fin de saison (ben oui c'est déjà le mois de mai dehors) : Traversée du Beaufortain en 3 jours. Objectif clairement affiché au départ : manger les crozets en arrivant à Bourg !

Comme on n'est pas des vrais collants pipettes, on ne fera pas d'église à église, mais de gare à gare (faut bien rentrer ...).

Itinéraire

J1 : Gare d'Albertville, conflans, fort du Mont, la Roche Pourrie, Pointe de St Jean, Pas de l'Ane, Col 2173 versant Est de la Grande Journée, le Planay

J2 : Hameau de l'Argentine, col de la forclaz via les pistes, col de la Louze, Pointe du Riondet, col de Charvetan, Crêt du Boeuf, refuge de la Coire

J3 : Refuge de la Coire, col du Coin, col du Bresson, refuge de Presset, col 2622, col de la Nova, Col de la Forclaz, gare de Bourg St Maurice

J1 D+ 2400m

Départ de la gare d'Albertville, short & baskets direction tout là-haut. Vinzou si c'est loin ! Après avoir croisé deux fetardes qui ont surement dû se croire droguées d'apercevoir 3 mecs en short et en ski au lever du jour, un papy qui rangeait la forêt (si, si, véridique) sous le col des cyclos, s'être battu avec pas moins de 23 épicéas et 72 sapins (les snowblades sur le sac auraient été tellement plus pratiques) nous arrivons finalement à la Roche Pourrie.

Miracle, il reste de la neige ! On mange une bonne galette au quinoa (si on m'avait dit que je mangerais des graines en rando un jour ...), on enfile les chaussures ... Ah ben non, faut d'abord mettre le pantalon ! Deuxième essai, on enfile les chaussures ... Ah ben non, faut enlever les épines qui ont rempli les chaussons dans la bataille ! On finit donc par enlever ces maudits chaussons et maintenant voilà qu'il faut décoller les peaux alors qu'on a même pas monté un mètre avec (ben oui dans un souci d'efficacité - ou de naïveté - on s'était dit qu'on chausserait avant la Roche Pourrie, alors autant partir avec les peaux sur les skis). Finalement on descend environ 150m pour remettre les peaux, monter en direction de la pointe Saint Jean qu'on contournera par le sud et atteindre le Pas de l'Ane (couteaux pour la traversée).

Du Pas de L'Ane, nous admirons la belle et longue arête qui mène à la grande journée, ce sera pour une autre fois. Est-ce qu'on se laisse tenter par une ascension du Mont Mirantin en basket (Ahah, comme si on était venu faire du trail).

Notre indic local nous avait prévenus des mauvaises conditions de descente par le ruisseau du Mirantin. Plan B, on descend plus ou moins en traversée sous la pointe de la Grande Journée. On remet les peaux pour monter au col 2173 et basculer versant Est direction Arêches. On descend sur de la moquette à poils de plus en plus longs pour finalement buter sur la forêt, des petites barres et de l'herbe. Plan C, on remonte 50m pour tirer à droite (en remontant, donc à gauche en descendant. Vous suivez ?) pour trouver le chemin qui file dans la foret. Chemin salvateur puisque encore enneigé, on n'aura seulement 100m de portage avant le Planay, au top !

Bière et séchage des affaires au soleil au programme, le temps de débattre si le fait de prendre le bus jusqu'à l'Argentine (non non pas le pays) dénature ou non notre traversée "puriste". Finalement, comme c'est du D-, le bus est accepté (notons que le vote a été truqué par le fait que la piste soit fermée  ...). Notre indic local nous apportera des victuailles bien méritées, mais étant vicieux, il gardera la sauce tomate. Ben quand on a faim, les pâtes nature c'est vachement bon !

J2 D+ 1800m

On se réveille en ne sachant toujours pas si on a dormi une heure de plus ou de moins, sachant qu'on s'est couché une heure plus tôt et que la baignoire fuit 3 l/min ... Bref, petit déjeuné avalé, on repart ski sur le sac (pour changer) direction le sommet des pistes. On remonte la première piste à pied sur une neige dure car on n'a pas envie de lui faire de mal (rapport aux couteaux, tout ça tout ça). On chaussera à 1700m, direction col de la Forclaz. Un voile nuage cache le soleil et empêche le décaillage de la neige. Dans ces conditions nous n'allons pas au Grand Mont pour ne pas subir la descente sur la neige bien dégueue. On attache les chaussettes et on descend au col de la Louze. Cette fois-ci les couteaux sont de sortie dans la grande traversée jusqu'au Crêt du Boeuf. Un petit dépautage sous la pointe du Riondet pour rejoindre le col de Charvetan. Du col, descente jusqu'au refuge de la Coire. Il était temps d'arriver, les chaussettes étaient tassées au fond des chaussures !

Accueil sympathique au refuge qui affichait complet ce soir. Malgré nos tentatives pour amadouer la gardienne, nous n'aurons pas droit à un deuxième dessert. Nous irons nous coucher après avoir observé maitre renard venu chercher nos restes de repas devant le refuge.

J3 D+ 1300m

Départ avec les couteaux direction le col du coin. Il fait grand beau, aujourd'hui la neige devrait décailler, chouette. Descente derrière le col toujours dans cette neige dure des versants nord. Une grande traversée plus tard où nous voilà à nouveau avec les couteaux jusqu'au col du Bresson, duquel on traversera avec les peaux jusqu'au refuge de Presset. Petite pause pour vérifier les conditions sur l'itinéraire prévu et on est déjà repartis direction le col 2622 puis col de la Nova qui se remonte en crampons depuis le bas (belles marches, pas de piolet utile). Petit casse-croute au col, on range les peaux au fond du sac (ben oui, plus que la descente) et c'est parti à toute berzingue direction la vallée. On fera quelques virages (au moins 2 !) dans une contrepente en vieille poudre pour venir s’échouer sur des requins masqués la neige. Leur repas terminé, on repart aussi vite que nous sommes arrivés sur une moquette à poil court *****. Finalement on ne sait pas lire une carte et nous serons bien obligé de remettre les peaux pour remonter au col de la forclaz. On descend au mieux en visant le fort de la Platte dans une neige de plus en plus molle. Et là, c'est le drame ! Plus de neige sous le fort, misère. On arrive quand même à descendre jusqu'à 1700m en naviguant de névés en névés. Vaincus par la pelouse, on renfile le short et les baskets, skis sur le sac et en avant Guingamps. On rejoint Bourg par Grandville, le Villaret, la Rosière.

Déshydratés par le soleil du mois de mai, nous cherchons un abreuvoir où désaltérer les bêtes. Pense bête : ne pas prévoir l'arrivée un lundi, tout est fermé ! On finit tout de même par trouver au détour d'une petite ruelle un resto qui affiche le menu du jour : diot au vin blanc et gratins de crozets. L'objectif principal de ce périple est à portée de jambes ! Finalement le cuisinier étant en pause - quelle idée de vouloir manger à 15h30 aussi - nous aurons droit à un plateau de charcuterie et trois pintes.

De là nous rejoignons la gare et montons dans le premier TER, direction Albertville que nous atteindrons au bout d'une heure. Parait qu'un passager du wagon aurait dit "ça sent le fauve ici". Voit pas de quoi il parle.

Bon si on résume :

5 800m de D+ dont 2 700m skis sur le sac. Je ne sais même plus si on est venu faire du trail ou du ski !

5 300m de D- dont 900m skis sur le sac. Et en plus on a fait moins de descente que de montée, on aurait dû la faire dans l'autre sens !

Objectif principal des Crozets non atteint, faudra recommencer.

Pas vraiment de sommet mais des loooongues traversées qui grippent les cuisses. N'empêche ça permet de vivre le massif d'une autre manière et de découvrir plein d'endroits inatteignables à la journée avec notre caisse de poisson pané. Traversée très sauvage les J1 et J3. J2 autour d'Areches, forcément ça brasse du monde.