Départ : Bonnenuit (1670 m)
Topo associé : Aiguille Centrale d'Arves, Face S
Sommet associé : Aiguille Centrale d'Arves (3513 m)
Orientation : S
Dénivelé : 2805 m.
Ski : 5.3
Sortie du samedi 14 mars 2020
Conditions nivologiques, accès & météo
Grand beauEtat de la route : OK
Altitude du parking : 1695
Face S Aiguille Centrale d'Arves : décaillage gros sel sur fond dur, rigoles en formation
Traversée vers face S classique : goulottage en cours
Face E Aiguille Centrale d'Arves : Poudre sur rocher sec
Combe des Aiguilles : tôle ondulée en cours de transfo
Couloir NE Aiguille d'Argentière : poudre tassée
Altitude de chaussage (montée) : 1695
Altitude de déchaussage (descente) : 1695
Activité avalancheuse observée : plaque à vent dans le NE de l'Aiguille d'Argentière (cassure de 25cm x 8m)
Skiabilité : 😐 Correcte
Compte rendu
Aiguille Centrale d'Arves, Epaule E + Aiguille d'Argentière couloir NE
Avec la fermeture de Castorama et Bricot Dépôt, il fallait monter un peu haut pour trouver un beau rayon bricolage. Sur l'Aiguille Centrale d'Arves, j'ai sorti les outils pointus pour trancher (la neige), percer (la glace) et broyer (les cuisses).
J'étais bien dubitatif en m'approchant du bouzin, en ne voyant aucun moyen de franchir le socle rocheux de la face sud. En fait, la rampe d'accès se dévoile au dernier moment. Sa sortie est bien raide, mais enneigée. Au-dessus du socle rocheux, je fais une petite exploration dans la traversée de la face sud originale : striée par de petites goulottes, avec de la neige pourrie reposant sur la roche. Avec mon unique piolet alu (pas prévu mais ça s'est retrouvé comme ça), pointes avant sur la caillasse sous la neige, ça commence à engager un peu, sans parler de skier.
Je reviens dans l'axe et pars dans le couloir évident qui remonte vers l'épaule E du sommet. Il est en conditions "skiables" malgré un peu de relief. Il débouche sur un collet connectant avec la face E. Je fais une première tentative dans la face, et très vite me retrouve sur le rocher. Je reviens en arrière et passe à gauche de l'arête, dans une neige transfo, elle aussi sur le rocher mais plus portante que la poudre froide de la face. Je reviens sur la face et monte jusqu'à buter sur les grandes dalles du haut. Avec 15cm de poudre froide sur le rocher sec et une pente mesurée entre 50 et 55°, je rebranche le cerveau et me dis que je ne pourrai pas skier cette portion. Mais dans certaines conditions d'enneigement (mousson de printemps) elle doit pouvoir se skier, sur environ 40m de D+ supplémentaire (très exposé).
Pour la descente, tout est passé à skis même si à un endroit je me suis surpris à faire une bonne technique de flan-mireille sur l'arête : déchausser les skis, les tourner de 180°, et les rechausser (j'avais taillé une banquette à cet effet).
La face sud avec départ sommet à côté parait vraiment majeure. A mon avis c'est du 5.3 bien bien tapé, bravo à l'équipe d'ouvreurs. Cette variante-là est un cran en-dessous, pente similaire mais pas le crux de la traversée en bas.
On se retrouve au refuge avec le reste du groupe qui est parti au couloir du Miaou (condis OK, étroiture du bas passe à skis), et je repars avec Hugo pour le couloir NE de l'Aiguille d'Argentière. On brasse profond, et même avec la trace de notre prédécesseur (skieur solitaire du matin) on met un temps fou à remonter. Je peux chausser directement du sommet et skier la rampe qui connecte ensuite avec le couloir. Je fais partir une petite plaque sur la rampe du haut, dont je peux m'extraire de la trajectoire. Hugo fera aussi partir une petite plaque dans le couloir. L'épaisseur reste gérable et elles ne sont pas très dangereuses, mais on skie quand même "délicat".
Le vallon est repassé à l'ombre et on se prend de la grosse tôle jusqu'à la voiture, mais qu'importe, on a bien profité de ce bol d'altitude avant de rester cloîtrés chez nous !