Nuit étoilée, brouillard sur le plat de la romanche. Nuages à l'horizon. Quelques brumes. Iso 3200m.Etat de la route : OK
Altitude du parking : OK
Altitude de chaussage (montée) : 2300m (très loin !!!) les skis à la montée sont inutiles de toute façon..Tout se fait à pied, plus rapide dans les coulées
Altitude de déchaussage (descente) : 2261m
Activité avalancheuse observée : RAS
Lieu
Alt.
Ori.
Heure
Qté.
Type
Com.
Face haut
3586-3400
NW
10h
Dure
Dure/gelée par endroits ; Grip moyen
Face Bas
3400-3000
NW
10h
Dure
Mais légèrement réchauffée en surface
Après la face
3000-2300
NW
Boulettes !
Skiabilité : 😐 Correcte
Compte rendu
Nuit blanche et peur du vide…
La peur est un sentiment qui, inconsciemment ou non, alimente le plaisir de skier des pentes raides. Pour ma part la peur est à son maximum la veille d’une course, puis elle s’évapore doucement au fur et à mesure de la sortie. Enfin, çà dépend aussi des conditions qu’on rencontre. Là typiquement, j’ai eu peur de manière un peu plus constante. Peur ou doute ? Les deux sûrement !
Et oui le ciel est roi et même si dans les Hautes-Alpes on a normalement du soleil (presque) tout le temps, faut dire que les étoiles en ce moment, on les voit pas souvent ! A force d’attendre, finalement, elles finissent par arriver. Sauf que c’est 23h, alors la prise de décision de dernière minute, c’est disons… inconfortable. Scepticisme, euphorie, envahi de toutes ces émotions j’aurais finalement le temps de préparer le matos, le temps de réfléchir, et le temps de dormir 25 minutes. Le plus dur c’est le volant, pas de phares pour réveiller la matrice vu l’heure, faut éviter les biches et chevreuils qui sortent de boîte.
Bref, tout çà commence seul, et se finit seul. D’abord dans la nuit, le brouillard anxiogène et une rosée digne des plus beaux villages d’Irlande. Ensuite le jour, le grand bleu d’un côté et les nuages féroces de l’autre, qui va l’emporter ? Comme dirait un bon copain, le doute m’envahi à nouveau. C’était sensé s’apaiser au fur et à mesure. Que neni, aujourd’hui ce n’est pas mon jour ! Voila que toute la face à commandée la même neige gelée en surface, ondulée à souhait… Vu qu’apparemment les nuages l’emportent, on ne va pas pouvoir compter sur le rayonnant soleil pour réchauffer le tout. On va donc skier de la dure ! (sauf en bas ouf !). A la peur pourrait-on ajouter comme amplificateur de bien-être l’épuisement mental d’une descente sur neige très délicate. Sadomasochisme ?
Imaginez, une face de 586 mètres de dénivelé, 60 mètres de rappel, 25 mètres de désescalade verticale, 40 mètres d(‘)e (d)ésescalade horizontale, 60 mètres de dénivelé de montée à la descente (Embrouillé ?). Soit un total d’environ 560 mètres de ski incliné à des angles intéressants répartis très harmonieusement de haut en bas. On peut en meilleures conditions diminuer les parties non-skiées.
Du technique avec des changements de rythme : skis-crampons-rappels-bâton qui vole dans la face car pas bien fixé. Cà déballe vite un bâton ! Bref, du bon ski dans un Écrins sauvage ou tu ne fais qu’apercevoir des silhouettes errantes ici et là, sans rencontrer une seule âme. (si ce n’est un chocard sommital attiré par de l’Ovomaltine !).
Bravo Benjamin !!!
Un itinéraire à ski de (très) grande envergure que tu nous présentes là.
Avec lui, le couloir Nord du Col de Roche Faurio n'est donc plus... qu'une simple approche !
J'en reste sans voix. 5.3 t'es sûr ?! 🤢
Bravo,
Beau récit, qui replace le ski de pente raide et ses exigences au plus haut niveau, dans ce type d'itinéraire avec cette qualité de neige, où le "ski incliné à des angles intéressants" prend toute sa dimension! Chapeau 😮 😉
Superbe réalisation qui laisse rêveur. Le niveau technique tout comme l'engagement sont au maximum, notamment en vue des conditions de neige! Pour la peur de la veille au soir, cela m'arrive souvent avant de tenter un itinéraire inconnu. Cette peur est en corrélation avec l'instinct de survie, tout simplement. Celui qui ne ressent pas la peur est un inconscient.
Bonne continuation! 😉
Yes, merci pour le partage. C'est clair que le mal des rimayes n'est pas une invention quand on part dans l'inconnu ! Bonne saison 😉 : quand Skitour se couche, Benjamin Vedrines démarre 😊
PS: au fait, pourquoi ce titre ?
le topo est si bien fait, si explicite, que je n'ai aucun prétexte pour ne pas y aller dès demain matin 🙄 - trêve de plaisanterie, merci de nous avoir fait partager aussi sensiblement votre ressenti : on voit ainsi qu'on n'a pas affaire à un froid humanoïde - chapeau bas !
Belle pente suspendue en effet, mais le ticket d'entree pour passer la barre d'acces la met a un prix un peu elevee... curieux de voir qui sera le candidat pour une premiere reprise 😉 🙄
Joli joli, et grosse ambiance. C'est marrant cette face, je me souviens l'avoir zieutée pendant des heures depuis Adèle Planchard, en me disant qu'il y avait sûrement des trucs à faire (on zieute souvent facilement au dessus de son niveau!), et puis à chaque ligne qu'on suit du regard on finit toujours par aboutir sur cette barre en bas, qui décourage assez vite les élans sauf pour les plus tenaces!
Bravo.
Salut tout le monde, merci pour vos commentaires mais ce n'est pas quelque chose d'extraordinaire. Quand on voit ce qui se fait en haut-niveau dans d'autres disciplines : escalade (9b+), trail et ski alpinisme (Jornet, Jacquemoud...), freeride (Delerue, même si c'est de la grosse production, la technique est irréprochable ou Ducroz...).
Bref pour ma petite personne le niveau suffit à faire de ce genre de journée un concentré d’adrénaline, de satisfaction personnelle, de joie, de plaisir que je les considère comme rares et importantes. Je n'irais, c'est sûr, pas faire çà tous les jours.
De nos jours le niveau moyen des skieurs-alpinistes a augmenté, les barrières psychologiques sautent les unes après les autres, les nouvelles tendances (dryski par exemple, matos light, informations instantanées...) permettent d'ouvrir un tas de lignes jusqu’alors délaissées car peu logiques, trop techniques, et puis, il y avait tellement d'autres belles choses à faire...
L'objectif est donc pour des personnes comme moi, qui aimions imaginer, repérer, oser aller s'aventurer dans des lignes peu répétées ou jamais faites, de skier dans des pentes illogiques, ou du moins qui ne paraissent pas skiables pour le commun des skieurs. C'est comme çà. Toutes les classiques ont étés faites, reste le reste...
Aller vers quelque chose d'inconnu est mystérieux, c'est une affaire personnelle et l'expliquer serait trop fastidieux. Mais ce qui nous habite ressemble de prés voir à l'identique dans les motivations des précurseurs des années 70, voir d'avant pour certains, qui ont skié les premiers les pentes qui de la même façon que ce genre de face, n'étaient pas skiables pour le commun des montagnard !!!
Maintenant l'avenir est ce que Dégonon applique dans le présent : skier avec du matériel court, pour passer des étroitures impraticables avec des longueurs supérieures à 150 cm. Le bonhomme s'amuse avec des 130cm, des skis de gamins. Certains jugeront que ce style ne s'apparente plus à du ski ?
Il n’empêche que si on regarde ce qu'il a ouvert encore cette année (19 nouvels itinéraires inédits dans le massif), c'est des tracés blanc en montagne. Des couloirs, des faces, du ski. Tant que y a des virages c'est du ski ! Que ce soit suspendu, concave à souhait, court, trop raide, sinueux, c'est du ski. çà demande juste plus de temps, plus de manips, pour descendre.
La nouveauté réside aussi dans les rappels. Et oui qui dit lignes oubliées dit souvent rappels. De la même manière, Hervé utilise un perfo light afin de s'assurer qu'il puisse descendre où qu'il veuille. Tant que le ratio "plus de ski que de rappels est respecté, c'est suffisant" et çà se justifie facilement. L'évolution de notre pratique réside dans ce genre de nouveautés.
Je fais de la pub pour Alain Calmet. Il va sortir cet été des planches d'un seul petit kilo la paire, d'1m40. Rigide comme les black powder et 88 au patin. C'est à mon avis un grand pas vers du matériel de pente raide. Ou même pour des records de montés. Tant que çà descend et que çà fait des virages, c'est du ski !!!
Pour ce qui est du pourquoi je pars seul. Parce que çà me plaît. J'aime être à mon rythme, sentir la solitude dans ces atmosphères irréels qu'on rencontre là-haut. Ma concentration est poussée à son maximum et rien ne peut l'influencer, si c'est n'est mon propre jugement. Pour pleins d'autres raisons aussi... Mais je m'encorde de temps en temps quand même ! Pour aller faire des goulottes, des belles escalade, quand même ! Reste que le ski en solitaire fait parti intégrante de mon parcours.
De toute façon être à deux ne t’empêchera pas de tomber. Juste ton collègue pourra alerter les secours. Faut-il encore que le téléphone passe où qu'il ai une radio. Malheureusement c'est souvent moi qui l'ai la radio. Je l'emporte même seul. Au cas où si je me boîte en mode Berhault, que je puisse prévenir...
Mise à part ce détail, rappelons qu'en ski, la chute est quand même souvent drastique. La mort est évidente. Je n'ai d'ailleurs pas envie que l'on me voit mourir, de même que je n'ai pas envie de voir un collègue y passer. Or dans le ski de pente raide nombreuses sont les personnes aillant frôlées la correctionnelle, où y aillant laissé la vie... C'est encore peut-être une petite raison de ce pourquoi je pars seul.
Je pense que beaucoup de skieurs s'aventurant dans ce genre de pentes ne voit pas les choses dans leur réalité. Imaginer les pires scénarios possibles fait parti des pensées logiques d'un skieurs conscient des risques.
Beaucoup voit la pente raide comme un stade en plein air avec des challenge à relever, certes pourquoi pas c'est propre à chacun, mais ils oublient que si ils fautent, c'est rédhibitoire. Ce n'est pas pour rendre les choses encore plus morbides qu'elles ne le sont déjà, mais pour faire comprendre que ce n'est pas rien de skier en pente raide, c'est possible techniquement parlant par un très grand nombre de pratiquants. Mais ce n'est pas rien dans le sens où la corde n'existe pas, c'est du solo, tout simplement. Faut y penser ! Le problème des pente-raideurs, c'est lorsqu'il se prenne pour des Guenons...
Pour la cotation, moi je sais plus, je voulais acheter un inclinomètre mais je ne l'ai toujours pas fait... C'est raide c'est sûr. Peut-être 5.4 à voir...
Pourquoi ce titre ? Parce que j'ai eu des sensations de pure peur, de doute, et que je n'ai pas dormi de la nuit, pas à cause de la peur mais parce que j'ai décidé çà en regardant le ciel tard le soir, pensant que çà ne se dégagerais pas.... Etc...etc...
Encore quelques pentes restent à faire, faut-il avoir le regard ouvert rempli d'imagination, laisser les questionnement de côté et foncer vers une forme de ski inconnu. Le nombre de rappels, la taille des skis, tout est relatif... Tant qu'il y a des virages et du plaisir ! Une âme d'artiste est conseillée... Sans avoir peur du scandale et des polémiques !
PS : Définitions "Guenons" : un ancien nom des Cercopithèques, très maigre jeu de mot sans queue ni tête...
Tiens je passais au pied il y a peu, j'attendais le bon moment, et par hasard, je tombe sur ta sortie...!
NON MAIS T'AS SKIÉ CA DANS LES PIRES CONDITIONS!!!!!
Tu m'étonne que t'ai eu les tripes nouées la veille...
Méga classe en tout cas, celle la elle vaut des points!!
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