Départ : Pelvoux (Saint Antoine) (1240 m)
Topo associé : Mont Pelvoux, Face Sud par les Rochers Rouges
Sommet associé : Mont Pelvoux (3943 m)
Orientation : S
Dénivelé : 2800 m.
Ski : 5.4
Faune : cet itinéraire passe près de zones sensibles. Voir consignes sur fiches topo
Sortie du lundi 16 mars 2009
Conditions nivologiques, accès & météo
Grand beau dans les Ecrins. Vent de NE violent sur le plat sous le sommet. Un peu de vent dans la face. Températures douces.Etat de la route : sèche
Altitude du parking : 1270m
Très bonnes conditions sur l'itinéraire. Béton avec bon grip dans le haut, puis décaillant de plus en plus à partir de 3400. Du ski serein dans la face, puis du ski facile sous la face.
Altitude de chaussage (montée) : 1270
Altitude de déchaussage (descente) :1270
Activité avalancheuse observée : RAS, mais attention ça chauffe fort l'après-midi.
Lieu | Alt. | Ori. | Heure | Qté. | Type | Com. |
---|---|---|---|---|---|---|
Sommet | 3943-3832 | S | 9h45 | 0/? | Dure | Bétonnée par le vent. |
Sommet des Rochers Rouges | 3832-3400 | S | 10h | 0/? | Dure | Neige transfo béton, très bon grip. |
Mi-pente | 3400-3100 | S | 10h15 | 2cm/? | Moquette | Commençant juste à décailler, très bon à skier. |
Sous la bosse de Sialouze | 3100-2700 | S | 10h30 | 5cm/? | Moquette | Excellente moquette |
Pente sous le refuge | 2700-1700 | S | 11h20 | 10cm | Moquette | Moquette de plus en plus épaisse. Bon ski |
Retour voiture | 1700-1270 | S | 11h45 | 2cm | Damée | Neige revenue, glisse moyenne |
Skiabilité : 😄 Excellente
Compte rendu (par Jb de Miscault)
Voilà déjà 5 ans que j'ai la conviction qu'un itinéraire (qui d'après nos renseignements n'a jamais été skié?) passe en face sud du Pelvoux. Cette année est la bonne, les conditions sont là et les troupes sur-motivées. Tellement motivées qu'on y a pris 3 buts (avec Manu Abelé et Manu Arras) depuis le début de l'année : 3 Blanches et un Pelas pour deux nuits en refuge et un échec à mi-face le WE dernier.
On se motive encore une fois, et on monte hier au refuge en espérant que la météo ne nous fasse pas un coup bas de plus! Après-midi peinard au refuge, on lit on boit de la tisane, on mate la face, enfin on rouille quoi!
Ce matin, lever 5h15, le vent a soufflé comme prévu pendant la nuit, mais s'est arrêté. Petit coup de stress en sortant du refuge, quelques nuages planent au-dessus du sommet? Rien de grave heureusement! Une fois dans la face, on se rend peu à peu compte de l'ampleur de l'itinéraire. On remonte tranquillement et on atteint le sommet sans encombre. A partir de maintenant, plus rien ne peut nous arrêter. Le vent dans la face empêchant la neige de décailler, on opte pour une descente en béton, ce qui n'est pas pire finalement. Le ski est bon de haut en bas, avec la pente et l'exposition qui vont bien. Arriver au dessus de la banquette, il faut négocier le ressaut : un tout droit banzaï, ou un saut depuis un rocher non moins banzaï... Ça passe, à partir de maintenant, nous ne sommes que sourires et plaisir! Pour couronner le tout, la suite de la descente est excellente!
Bref arrêtons là les superlatifs (ou pas) allez-y c'est majeur!
Une seule déception mais de taille, ne pas avoir pu partager cette belle journée avec les deux Manu...
Version de Louis
Pour moi, l'histoire commence il y a moins d'un an. JB m'envoie une photo de cette face avec le commentaire "Regarde ça, c'est majeur, je suis sur que ça passe, ça n'a probablement jamais été skié !".
Je regarde ça, effectivement c'est majeur, et effectivement ça semble passer (et en plus ça fera plaisir à papa, le Pelvoux vu de ce côté c'est sa montagne préférée)... J'imagine une ligne à droite, JB me réponds qu'il voit ça plutôt à gauche (il avait donc raison le bougre). Reste un problème : quid du bas ? Sur sa photo on ne voit pas en dessous de la banquette...
On se rue sur les photos de Zigual à la Blanche, on épluche skitour jusqu'à trouver ce qui nous intéresse : si ça ne passe pas tout droit en dessous, la Banquette elle permet de rejoindre la face. Ca sera peut être pas marrant au retour, mais ça donne du piment à l'itinéraire.
En plus de l'idée, JB m'annonce aussi les conditions : hors de question d'attendre le printemps, ça chauffe trop fort et ça se déneige vite : il faut y aller tôt en saison, et peut être le faire en poudre... Oui, mais tôt en saison la route est fermée, va y avoir de l'approche. Qu'à cela ne tienne, on passera par la Blanche !
Première tentative le 10/01/09 : Manu Arras, Manu Abelé, JB, Louis
Après une bonne chute de neige et qques jours de stabilisation, on tente le we majeur : enchaînement de la Blanche et du Pelas, puis montée au refuge et Pelvoux le lendemain. Si les deux premiers objectifs se passent bien (malgré une désescalade de 50 à 100 m dans le Pelas), la montée au refuge est plus dure. Beaucoup de fraîche et les journées sont courtes en Janvier. 150 m sous le refuge, on ne le sens pas : trop d'accumulations, beaucoup de neige mobilisable et il commence à faire nuit. Demi-tour !
On n'atteindra pas le refuge, mais on profite d'une descente à la pleine lune au fond des Ecrins dans 50 cm de poudre ! Mythique !!!
Deuxième tentative le 17/01/09 : Manu Arras, JB, Louis
La semaine suivante, c'est reparti ! Il n'a pas neigé et ça a du se stabiliser... Ce coup-ci on n'enchaînera pas le Pelas, trop fatigant. Les conditions se sont un peu dégradées dans la Blanche, mais rien de dramatique... En bas de la blanche on croise 2 types qui nous demandent ce qu'on va faire. On leur dit bien qu'on va au refuge du Pelvoux, mais ils demandent pourquoi ? Je tente de trouver un truc crédible rapidement sans dévoiler notre projet dès fois que ça ne passe pas, et m'embrouille en parlant de couloir Tuckett et en montrant autre chose... à l'heure qu'il est, ils doivent encore se moquer de nous !
La montée au refuge se passe bien. On y passe notre première nuit. Il fait froid, c'est humide et il n'y a rien à lire. Pour tout dire on passe pas une folle soirée, mais on est relativement confiant pour le lendemain, malgré la météo qui annonce 80 à 100 km/h de vent du N (oui, mais on est protégé par la face S du Pelvoux... ou pas).
Au matin JB nous réveille par ces mots : "les gars, c'est mal barré, il y a eu tellement de vent cette nuit que j'ai cru que le refuge allait s'envoler". Faut dire on entend encore le vent, ça souffle bien ! Quand on ouvre les volets de la cuisine, on voit un rideau de neige qui passe devant la fenêtre. Je sors dehors et... signe le but ! On tient à peine debout.
Après avoir eu un peu peur des plaques sous le refuge, on se rend compte que c'est pas trop dangereux... mais on descend pour a deuxième fois vers Ailefroide dans une neige moins bonne à skier. Le moral commence à flancher !!!
Troisième tentative le 9/03/09 : Manu Abelé, JB, Louis
Ca fait un bout de temps déjà qu'on surveille les conditions avec JB et aucun créneau. On est pourtant d'accord qu'il ne faut pas traîner, sinon la face va s'abîmer. Après de belles chutes dans la semaine, le samedi est beau et très chaud pour stabiliser, le dimanche et le lundi sont annoncés beaux ! (Enfin pour le lundi, peut être qques nuages à la frontière de l'Isère... rien d'inquiétant). Un jour de RTT par personne, on repart pour la blanche ! Ce coup ci la descente est pas terrible, neige béton... mais la montée au refuge se passe pas trop mal, malgré une motive moyenne... Mais ce coup ci on a pensé aux bouquins, donc la soirée est moins longue à défaut d'être agréable ! Et toujours ce vent la nuit qui semble vouloir arracher le refuge ! Mais ce coup ci on s'en fiche, la neige est dure, ça peut pas faire de plaques.
Le matin on décolle vers 6h30, il fait pas franchement mauvais, mais beaucoup de nuages menacent déjà. On monte, peu confiants devant l'évolution de la météo. Dans la face, la neige est béton, il faudra qu'elle chauffe un peu pour pouvoir descendre... mais ce coup ci, on est complètement dans les nuages, il y a du vent et il neige. On s'arrête vers 3400 m et Manu... reçoit un SMS ! Ca capte !!! On appelle vite fait la météo, qui continue d'affirmer que qques passages nuageux sont prévus à la frontière avec l'Isère ! Ben voyons...
On signe le but, et c'est le moral dans les chaussettes et dans une croûe infâme qu'on redescend à Ailefroide. Plus ça va et plus on monte haut, mais plus les conditions de neige dans la Blanche et sous le refuge se dégradent... quid de la prochaine fois ?
'pas de photos de cette tentative, elles sont dans mon appareil qui lui même est qque part au pied du Goulot de Chaudières)
Dernière tentative le 16/03/09 : JB, Louis
Cette semaine, j'avoue, j'ai eu peur que JB me repropose encore le Pelvoux. J'ai même espéré qu'il fasse mauvais ce we pour être sur de ne pas tenter... Et puis ce qui devait arriver arriva : beau samedi, moyen dimanche pour monter en refuge et beau lundi. Mail de JB pour tâter la motivation... on conclut un accord : on monte à Briançon, on skie samedi et si la météo est sure à 100% pour lundi on y retourne. Manu n'est dispo que samedi et on trouve l'inspiration pour prendre un but à la pointe Melchior... Mais samedi soir la météo est formelle : beau lundi.
C'est avec une certaine résignation que je valide le JB plan. Mais ce coup-ci pas de Blanche, on part de Pelvoux et on remonte ! Finalement le moral revient avec les paysages et la montée est presque agréable pour une fois ! Farniente au soleil et soirée moins glaciale, les petits signes montrent du mieux... mais je suis toujours pas convaincu, la force de l'habitude peut être ? JB se convainc toute la soirée à grand coup de "je suis sur que c'est la bonne..."
En début de nuit, l'inévitable coup de vent arrive. C'est pas bon pour le moral mais la météo est formelle, il sera tombé demain !
Et le lendemain matin, à 5h15, il fait grand beau et pas de vent ! L'espoir commence à naître... On démarre juste avent 6h. Au bout de qques minutes, un nuages semble s'accrocher sur la face. On a vu tous les 2 et on se dit que non, c'est pas possible !
Finalement il disparait au bout de qques minutes, et le beau temps devient sur... YES !!! Ce coup ci, c'est la bonne !
Juste avant d'arriver à la banquette, JB me lâche un "C'est horrible, j'ai pas du tout la caisse aujourd'hui"; Et là, j'y crois pas un mot. Parce que JB marche quasi qu'à la motiv. Et je suis persuadé que crampons aux pieds et nez dans la face il va carburer... et ça ne manque pas, il attaque pleine balle et je n'aurai tracé qu'une centaine de mètres sur les 800...
Le reste vous l'avez en photos, je ne dirai que chapeau à JB pour l'idée, la motivation et la trace ! Et merci !