Départ : lac du poursollet (1649 m)
Topo associé : Taillefer, combe NE en boucle
Sommet associé : Taillefer (2857 m)
Orientation : NE
Dénivelé : 1210 m.
Ski : 2.3
Sortie du samedi 10 mai 2025
Conditions nivologiques, accès & météo
Météo/températures : Temps incertain au départ, formations nuageuses avec belles éclaircies, température plutôt fraîche avec rafales de vent d'W à partir de la sortie du dernier ressaut
Conditions nivo et activité avalancheuse : plusieurs coulées latérales dans la combe N, récentes mais RAS au moment de la sortie
Skiabilité : 😐 Correcte
Compte rendu
Ah in, je l'ai été, in et même into la brume. Pas longtemps, j'avoue : je lui ai fait les gros yeux et elle s'est tirée sans demander son reste. Branchée, je le fus aussi : les arcosses sont mal taillées le long du sentier, les avalanches pourraient travailler avec plus de précision. Dans le coup, ça non, pas le moindre coup de tonnerre : l'orage prévisible dans l'après-midi s'est ravisé ou alors a courtoisement patienté mon départ.
Hier soir, en arrivant sur le pkg du Poursollet, j'ai bêtement vérifié les sorties skitour. Malheur, que vois-je ? Dans la journée, deux éminents contributeurs ont plagié par anticipation la sortie que j'envisageais. Inadmissible. Mais ce qui est fait est fait. Ça ne m'a pas empêchée de dormir à poings fermés, d'autant plus que la skiabilité avait été déclarée « bonne ». Cependant, vu la radée du soir et la température de la nuit, je pouvais décemment penser que le 10/5 ne serai pas un remake du 9/5. Les quelques étoiles essayant de faire lever l'espoir d'un regel nocturne ne m'ont pas convaincue plus que ça. Et la lune, pourtant bientôt pleine, n'arrivait qu'à diffuser une lumière blafarde signalant qu'il valait mieux au départ compter sur la frontale que sur elle.
Si à 5h du matin, on m'avait dit que j'allais passer une bonne journée, honnêtement, je ne l'aurais pas cru. Pourtant, le soleil levant estompait les gris par un rose cuivré tant sur la barrière du Vercors que sur celle de la Chartreuse. Rien que pour cela ça valait le coup de sentir rouler sous ses pieds les pierres du chemin et supporter les gifles des arcosses. Mais plus haut, il y eut encore davantage de raisons de s'émerveiller : assister à la parade d'un tétras est toujours un moment d'exception. Et sur le plateau, ce fut le spectacle grandiose des lacs, les uns encore dans leur gangue de glace, d'autres souriant de leurs limpides yeux bleus.
C'est là que j'ai pu chausser. Avec couteaux. La nuit avait un peu bâclé son travail et laissé la porte du frigo ouvert. A ce stade-là, je ne « sentais » vraiment pas la descente : cette mince croûte de regel va fondre et il va falloir fendre les flots de cette Mer Blanche bien pentue sans sombrer. Mais, j'ai gardé confiance. Toujours tenter tant qu'on n'est pas en danger. On n'a pas toujours besoin d'avoir la descente du siècle et de faire des envieux.
Pourtant, montée laborieuse. Jusqu'à l'intersection avec l'itinéraire de la Pyramide, j'avais encore un vague reste des traces des skieurs de la veille. Je les en remercie, d'autant plus que l'inclinaison de cette trace était parfaite pour moi. Plus haut, j'ai encore attrapé une trace aussi vague de quelqu'un d'autre et elle était tracée plus sportivement. C'était mieux que rien, je remercie également. Un peu avant que la pente ne s'adoucisse vers le col du Grand Van, je me suis fait doubler par un randonneur qui m'a gentiment remercié pour la trace (ça vaut la peine d'être souligné) bien que, vu sa vélocité, il n'en avait surement pas besoin ! Puis, j'ai encore été doublée par deux messieurs.
La neige venait de changer. D'humidifiée, elle était devenue bien froide. Ce qui devait arriver, arriver : bottage. Par deux fois, j'ai dû râcler et enfin j'eus une bonne glisse pour arriver, légère et heureuse, devant St Eloi, sa crosse d'évêque toujours dans son poing serré
Moi : Déjà de retour du conclave ?
Lui : Je n'y suis pas allé
Moi : Comment est-ce possible, vous n'étiez pas convoqué ?
Lui : Bien sûr que si, même si je ne suis qu'évêque, ils ne pouvaient pas zapper le patron des forgerons. Le nouveau aura bien besoin d'un moral de fer
Moi : Mais alors pourquoi n'y êtes-vous pas allé ?
Lui : Parce que je suis mieux ici à l'air pur (comme par magie, le vent qui soufflait en fortes rafales à partir du replat était tombé) qu'enfermé dans une chapelle avec 252 cardinaux qui lèvent les yeux au ciel (quand ils ne sont pas assoupis, plus de la moitié ayant plus de 80ans) non pas pour admirer les peintures de Michel-Ange mais parce que le vote ne leur convient pas
Moi : oui, je vois, vous ferraillez toujours contre ce qui se passe en bas ; mais dites-moi, les randonneurs vous honorent-ils dignement à leur passage ?
Lui : Y en a bien qui s'agenouillent des fois, j'ai alors un espoir de pouvoir les bénir, mais en général, ils farfouillent juste dans leur sac à la recherche de leur casse-croûte. Va, toi, je te bénis, tu ne manges jamais rien.
Moi : Salut Eloi, la prochaine fois, je vous apporterai des fleurs de votre jardin du bas, elles sont si jolies.
Et c'est ainsi que je me suis laissée glisser sur les belles pentes de la Combe N ; avec une telle bénédiction, il ne pouvait rien m'arriver de fâcheux. Au replat, tout un groupe faisait une pause dans une écharpe de brume. Finalement, et d'un le Taillefer n'a pas l'air d'être passé de mode et de deux les contributeurs n'ont pas commis de plagiat par anticipation : nos chemins ont divergé et ils en ont fait plus que moi.
Sauf miracle, je ne verrai sans doute pas la pleine lune de mai qui est la Pleine Lune des Fleurs. Laissons les elfes et les gnomes danser en toute intimité parmi les fleurs du Poursollet. Ce n'est pas ça qui manque.






















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Moi aussi, je veux être à la mode Taillefer ! 




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