Sortie du vendredi 25 avril 2025
mat_gre, stephpasquini, romainbonnet38000
Conditions nivologiques, accès & météo
Météo/températures : grand beau, grand froid, rafales de vent
Conditions d'accès/altitude du parking : au bout de la route de Pont
Altitude de chaussage/déchaussage : chaussage au parking
Conditions pour le ski : correctes, quelques cailloux à la descente dans la forêt, bonne neige jusqu'au refuge, ensuite soupe
Conditions nivo et activité avalancheuse : RAS, glacier bouché
Skiabilité : 😐 Correcte
Compte rendu (par mat_gre)
Après avoir vu nos rêves d’ascension s’envoler la semaine dernière sous des tonnes de neige aussi salvatrices qu’inattendues , on finit par trouver la bonne fenêtre météo.Vendredi sera choisi : grand soleil annoncé, et l’espoir secret de ne pas avoir trop de monde en semaine sur ce sommet facile techniquement, mais très fréquenté.
Départ de Grenoble jeudi soir, voiture pleine à craquer. Objectif : un petit resto sur la route d’Inrod. Enfin, petit resto… c'était sans compter sur l'option gastro : adieu pizza, bonjour magret de canard. On tente de noyer le choc dans du vin italien hors de prix. On ressort le ventre plein mais le portefeuille vide, direction notre Airbnb d’Inrod, évitant ainsi la nuit polaire sur le parking de Pont.
Réveil brutal à 4h du matin après une courte nuit. Trente minutes de route plus tard, nous voilà au parking de Pont, tout au bout du bout de la route pour Valsavarenche. Parking déjà blindé, niveau ambiance, on hésite entre l’ascension de l’Everest et un week-end de chassé-croisé au tunnel du Mont-Blanc. Je me retourne, et petit moment magique : un renard nous salue tranquillement, clairement plus frais que nous.
5h30, skis aux pieds, on attaque dans la nuit la montée en forêt. Virages serrés, pentes bien raides et gelées, on se croirait sur le boardercross des 7 Laux, ça promet pour la descente. Vers 7h30, on atteint le refuge Vittorio Emanuele, juste à temps pour voir des cordées de fourmis humaines s’éparpiller sur le glacier.
Pas question de traîner : on appuie sur les bâtons pour essayer d’arriver avant la foule au sommet. Pas de chance, le soleil est encore bien planqué derrière les montagnes, et un vent glacial nous transforme les doigts en bâtons de surimi. Difficile d’ouvrir un sac pour manger un bout quand tes mains ressemblent à deux moignons congelés. Même devant, ça bataille : moulinets de bras et grimaces à gogo pour faire circuler un peu de sang.
Enfin, miracle, le soleil passe timidement la crête du Grand Paradis, et la vie revient peu à peu dans nos extrémités. Sourires retrouvés, on arrive au dernier col vers 11h, quelques groupes s’y pressent déjà. Petite pause stratégique avant l’ultime raidillon.
On pose les skis, on cramponne, on dépeaute, et c’est parti pour la dernière difficulté de la journée : l’arête puis l’échelle en mode via ferrata menant à la fameuse Madone du sommet. Petit embouteillage de rigueur, mais au sommet, c’est la fête, aucun nuage à l'horizon, vue jusqu’aux Écrins, on fait quelques photos avant que les doigts ne regèlent.
Retour prudent en mode chamois sur l’arête (spoiler : la corde est restée au col…), puis rechaussage des skis pour une descente express sur le glacier.
En haut, la neige est bonne, en bas on a basculé en mode soupe printanière bien épaisse. Mention spéciale au boardercross forestier, véritable piège pour les cuisses cramées, Stéphane disparaît entre deux virages, on le retrouve goûtant une cascade cachée derrière les sapins.
Vers 14h, on retrouve la voiture, un peu cramés des mollets (et du visage), mais heureux : il y a des vendredis pires que ça.