Sortie du dimanche 23 février 2025 (Il y a 2 jours)
Rémo Barbaruli, runcec
Conditions nivologiques, accès & météo
Météo/températures : 4°C au départ, bruine, puis nuageux, puis éclaircies, puis brouillard, puis brouillard 200%, puis neige, puis soleil, puis nuit...
Conditions d'accès/altitude du parking : route noire
Altitude de chaussage/déchaussage : chaussage 1630 à la sortie de la forêt sous les chalets de Méry, déchaussage vers 1300 m sous Sommier d'Aval
Conditions pour le ski : de tout, mais pas folichon :
- col de la Forclaz SE: 5 cm de fraîche sur trafollé, puis trafollé mou collant - horrible
- combe des Verts NW : bonne poudre 5 cm, on sent le fond trafollé tout de même, de bonnes sections lisses
- combe N Rouelletaz : poudre puis transfo en surface, devenant collant
- les versants W et N ont sauvé la sortie !
Conditions nivo et activité avalancheuse :
- coulées, parfois jusqu'à l'herbe en versants S
- sinon une croute portante rassurante, sur un fond parfois bien mou, mais ça ne bouge pas.
Skiabilité : 😐 Correcte
Compte rendu (par Rémo Barbaruli)
Le weekend dernier, on a signé le but B4L : pas eu le courage de sortir du lit, malgré la belle boucle prévue en Belledonne, sous un soleil et dans une poudreuse de rêve...
Du coup pas question de récidiver ce dimanche, le tour de la Pointe Percée j'ai prévu, le tour de la Pointe Percée on fera. Pour dire le vrai, vu qu'on annonce une météo couverte, et malgré les températures douces, ce n'est pas une si mauvaise option pour remonter le col des Verts sans que ça chauffe. En plus Cec est d'accord pour faire 2200 m d+ (ou alors elle avait mal écouté ?).
Nous voilà donc à pied d'oeuvre à la Lanche à 8h, il bruine comme prévu. Une collective garée un peu plus bas passe - ce seront les seuls humains que nous verrons de la journée. On ne se demandera pas trop pourquoi...
Déjà, le chaussage à 1600 m, je n'avais pas vu ça comme ça... Mais bon la montée est efficiente, et poser les skis du sac n'en est que meilleur. On opte pour une montée directe vers la Tête du Château, pas très orthodoxe mais tout a l'air très stable. Salutations au couloir W de la Pointe d'Areu (ça fait bien envie quand même !), et nous voilà au passage de la Grande Forclaz alors que le ciel se dégage. On hésite à rester en W pour profiter de la petite couche de fraîche sur neige lisse, mais ça l'air plutôt bon de l'autre côté, on décide de rester sur le plan initial (à retenir pour les prochaines fois : ne pas se fier aux apparences).
Descente pénible, entre être secoué par le relief invisible des passages précédents ou être scotché par la neige collante... On hésite plusieurs fois à remettre les peaux et remonter, "mais bon maintenant qu'on est là...". On continue, donc.
Nous voilà dans le vallon de Doran, qu'on connaît été comme hiver. Heureusement parce qu'un brouillard à couper à la tronçonneuse nous enveloppe dans la montée au col éponyme, à tel point qu'on sait qu'on est au col quand... on ne peut plus monter plus haut ! Il faut maintenant basculer de l'autre côté, et sans le gps, on ne saurait pas où il est ! Il est inenvisageable de skier avec ce manque de visibilité, par chance Cec a l'idée du siècle : descendre à pied - c'est pour ça qu'on aime le ski !
Ca ne suffira pas : même avec le gps je fais une erreur d’orientation (ce col a 3 côtés !), et nous voilà au dessus de barres, pas du tout ce qui était prévu. L'ambiance s'en ressent. Point carte : si on reste à niveau, on va retrouver notre objectif. C'est donc parti pour une longue traversée à flanc, avec arrêt et vérification d'où on est tous les 30 mètres. On ne fait pas trop les fiers, et le sentiment que la seule issue est en avant est plutôt oppressante. Surtout que la fatigue, qui a commencé à se faire sentir dans la montée en aveugle au col de Doran, est maintenant bien présente.
Heureusement il y a de petits bonheurs dans la vie : juste comme on atteint le bas du couloir du col des Verts, on trouve une trace qui monte. Ca remonte le moral - même si on la trouve bien raide. Puis on met les couteaux. Puis skis sur le sac et piolet en main. Puis, quand on se retrouve sous la section en herbe gelée et rochers qui défend le col, on admet qu'il faut mettre les crampons. Ca passe bien finalement, quelques jurons aidant. Reste encore une bonne section de cramponnage en neige bien raide, on en a notre claque.
Au col, nous sommes accueillis par le grésil. Mais il semble que le temps se dégage, on a fait le plus dur, on chausse en priant pour avoir un peu de visibilité. Aussi, dès qu'on voit plus loin que nos spatules, on attaque la descente, mais Cec se plaint qu'un de ses skis botte. Petit coup d’œil d'en-dessous : "C'est normal que je lise 'Colltex' sur ta semelle ?". Elle enlève donc sa peau et ça glisse beaucoup mieux. Juste pour donner une idée de notre lucidité à ce moment ;).
Avec tout ça, le soleil a eu le temps de sortir, et c'est euphoriques qu'on descend la combe des Verts puis sous la Rouelletaz. En plus le chemin est enneigé jusqu’au Sommier d'Aval, on vote pour ! Un peu de portage et nous voilà à la voiture juste avant la nuit.
Est-ce que c'est un beau tour ? Certainement, mais on ne sait pas : on n'a rien vu ! Ni croisé âme qui vive de la journée d'ailleurs !
Est-ce que c'était un bon choix ? Certainement pas, la visibilité reste quand même essentielle dans les itinéraires en boucle.
Est-ce qu'on a fait du bon ski ? Un peu, mais sans le rayon de soleil final, la skiabilité serait tombée à médiocre voire mauvaise - tout cela est bien relatif...
Est-ce qu'on est content ? Oui, en tout cas d'avoir bien géré malgré les conditions difficiles.
Mais comme dit Cec : "le ski, dorénavant, c'est quand il fait beau !" (mais pour ça il faudra se lever quand il faut beau !).