Sortie du mercredi 14 février 2024
Michaël, SebEscande, hervep
Conditions nivologiques, accès & météo
Raid à ski effectué du dimanche 11 au mercredi 14 février.
Météo/températures : J1 Beau puis avec débordements nuageux venant du N, Froid modéré. J2 Beau un peu voilé dans l'après-midi, frais. Très beau J3 et J4, plus doux.
Conditions d'accès/altitude du parking : Dépose d'une voiture à Archinard (route glissante le 11 au matin). Départ avec les remontées mécaniques d'Orcières Merlette.
Altitude de chaussage/déchaussage : Bas de Dormillouse 1700 à ski sans problème. Déchaussage à 1730 à la chapelle Saint Marcellin sur le sentier d'été menant aux Gourniers le dernier jour.
Conditions pour le ski : Excellentes ! Un peu d'hiver avec du beau temps, juste après un bel épisode neigeux (descendu vers 1200) qui a copieusement arrosé le massif.
Conditions nivo et activité avalancheuse : BERA 3 le dimanche évoluant ensuite en 2 (optimiste). Poudreuse ou faces planes (sur neige plus dense) dans toutes les orientations froides. La chute juste avant notre départ a radicalement changé la donne en gommant les zones dures présentes auparavant (probablement moins nombreuses que dans les alpes du nord). Quelques coulées visibles J1 dans un large secteur sud au soleil. Un peu de croûte en Sud dès le J2 lundi mais toujours évitable dans notre parcours, au moins à la descente.
Quelques pentes NE ont vu des plaques partir, cassure visible d'assez loin. On a testé rapidement ce secteur vers 2750 en J2 lundi (couche fragile peu réactive à 70 cm de la surface).
Certaines pentes N avaient largement purgé (pendant la chute?) comme par exemple le cirque à l'ouest du Col de la Coupa et la face N de la Pointe de Fleurendon, ou encore les pentes NNW de la Crête de Malamort à l'Est de la Coupa.
Skiabilité : 😄 Excellente
Compte rendu (par Michaël)
Itinéraire suivi : voir GPX sur 4 jours
Horaires : on a profité des journées et aussi sorti la frontale à deux reprises.
Avec Cathy, Hervé, Didier, Serge, Jean-Marc et Seb.
C'est un plan B ma foi bien ficelé à la dernière minute ou presque. Et quelle réussite ! Un cheminement (sic) grandiose, parfois éprouvant, parfois nocturne, souvent à l'écart du monde, toujours magnifique. Mes chères Hautes-Alpes n'ont pas failli à leur promesse, le Champsaur fut à la hauteur des espoirs d'un périple sauvage dans une nature encore préservée.
J1. Pour le contraste on part des remontées mécaniques d'Orcières-Merlette, avec ses hordes de vacanciers et locaux qui se rêvent à skier de la poudre fraîchement tombée après une longue période de disette. Un escalator, une cabine, une enceinte bluetooth qui balance les watts sur le télésiège. Les chamois et autres lagopèdes étaient bien loin à ce moment là. Comme entrée en matière, on préfère passer au chapitres et délaisser la courte préface. Encore un petit rappel avec une toute jeune trace bien raide - qui nous invite à la refaire illico - pour gagner le col de Freissinières.
L'envers du décor nous appelle, vierge. On décide de faire le Roc Diolon dont on shunte les derniers mètres un peu ventés et caillouteux. Premières courbes et bonnes sensations. Une fois la bascule faite, un petit casse-croûte et on remonte un petit triangle au Nord, et finalement la crête qui suit jusqu'à son sommet entre Pointe des Estaris et Crête du Martinet. On plonge face Sud en neige correcte sur le haut, à côté de grosses gueules de baleine, puis retour sur notre petit triangle et re-poudre profonde qu'on ne quittera plus jusqu'à Dormillouse après un très long cheminement, car on ne descendait plus vraiment, entre dépôts d'avalanche, gros plats et mélezin serré. Finalement, nous arrivons de nuit au bout de ce vallon de Chichin, chaleureusement accueillis par Paul.
J2. Cathy préfère ménager ses genoux et s'octroie un peu de repos en anticipation de la journée prévue le lendemain. C'est qu'il y a tant à lire au gîte, à commencer par l'histoire de la maison - une école - du village et de la vallée de Freissinières.
La première idée est de commencer la trace pour le lendemain puis d'aller visiter vers le Grand Pinier et le lac de Palluel. Paul nous suggère un petit somment non nommé. Enfin si, maintenant il s'appelle le bitard. La matinée est splendide, la neige très profonde dans le haut du mélèzin, seulement visitée par les lièvres variables qui se sont promenés toute la nuit.
Notre bitard atteint, Seb creuse un trou pour en exploiter une tonne d'infos dont il a le secret, ou plutôt l'expertise, histoire d'alimenter un peu plus les prévisionnistes pour le BERA local en cours de rédaction.
Vient alors l'extase de la descente en neige parfaite, juste entrecoupée de la pause repas à la cabane de Palluel. D'abord dans des vallonnements puis dans le bois raide entre les torrents du Lait et des Lauzières, bien repérables du bas à Dormillouse. Génial ! On peut aller se reposer sur la terrasse au soleil, en racontant nos anecdotes, en partageant nos souvenirs, mais aussi les pistaches et le saucisson !
J3. Au petit jour la troupe se réveille sur la trace de la veille, quittée un peu plus loin pour traverser le torrent des Oules et par un large S entre les reliefs, gagner le lointain col des Terres Blanches, barré au Sud par une congère monstrueuse. La suite présente plusieurs options étudiées et (in)validées sur le terrain. Il nous faut rejoindre le sommet du Mourre Froid, qui trône bien fier au centre de plusieurs cirques, alors qu'il lui manque 7 mètres pour prétendre à être un "grand". On essaie d'optimiser le dénivelé car sur le papier on va flirter avec les 2000. L'esthétique l'emporte et on passe par la Pointe des Rougnous (un nom commun pour les sommets du secteur), puis par l'unique faiblesse d'une barre et une courte rampe, assez bien remplie, qui nous amène en direction du pied de ce presque-grand donc. Une trace est présente un peu plus loin mais c'est encore un chantier réalisé par un fada fan de l'hyper raide, on ne fera que la croiser de temps en temps.
C'est toujours le plein soleil, et les sommets mythiques du 05 et du 04 apparaissent tour à tour ; Le Dévoluy est tout surpris d'avoir reçu la manne blanche, l'Olan a fière allure, le Sirac voudrait bien être aussi élancé, il se compare alors à l'Ailefroide qui barre l'horizon sans oublier de faire une petite place à la Meije, à droite des Bans. Le Sans Nom et le Pelvoux suivent. Viso, Font Sancte, Chambeyron, et tous les autres... Il y a même le mont chauve du 84. Au sommet, le ventilo s'est activé, alors on ne traîne pas trop longtemps car la route est encore longue et les couleurs chaudes de fin d'après-midi sont en place pour embellir nos courbes dessinées d'abord sur l'arête W, ensuite dans la face SW qui ne tarde pas à se parer d'orangé. Toujours du très bon ski car l'horaire permet que la petite croûte ait ramolli et disparu.
Plus bas en tournant franchement W en rive gauche, encore, toujours de la neige froide bien agréable. L'immense face de la Pointe de la Diablée rougeoie lorsqu'on passe à sa base, jusqu'au passage acrobatique du torrent de Réallon (Jean-Marc peut en attester). Le sentier d'été, à flanc, est enneigé, on remet donc les peaux pour plus d'efficacité, puis on les enlève, pour plus de ski, puis on plie tout et on allume les frontales. Fin d'une journée grandiose au gîte aux Gourniers.
J4. Dernier chapitre pour rejoindre Archinard en passant par les cols de la Coupa et de la Rouannette. La neige n'est pas si loin, vers les Tomelles, les bois sont accueillants, la lumière douce, les corps à peu près reposés. D'autres randonneurs sont dans la vallée surtout pour faire le classique Pénas/Gardette, mais nous gardons nos habitudes avec notre propre trace afin de ménager les cuisses et réduire les risques. Ca coule encore dans le haut du premier col qui chauffe déjà fort. On se tient rive gauche pour garder un peu de sécurité. Derrière c'est à nouveau le no man's land. Et re-poudre profonde avant de repeauter jusqu'à la Rouannette par un très joli petit goulet resté froid.
On pousse encore un peu au-dessus du col pour profiter de la belle combe N qui s'offre à nous. Il restait un peu de place après les nombreux passages des derniers jours. Ils étaient donc là (et à l'Aiguille d'Orcières), les autres skieurs qui avaient flairé le bon endroit.
Ce fut donc le bon coup de bol, un peu recherché quand même, patiemment et rapidement préparé. Le plan A des Aravis attendra de meilleures conditions. Merci encore à mes compagnons d'aventure. La montagne est encore plus belle quand on peut la partager avec les mêmes valeurs.
Désolé les photos sont dans le désordre. Il vous faudra aller sur place pour refaire le puzzle, un moindre mal à vous souhaiter ! Je les ai finalement légendées.

J4 Depuis le Col de la Coupa, le Pénas
© Skitour/Michaël336 vu
J1 Sous la crête du Martinet
© Skitour/Michaël350 vu
J2 Sous Peyrourasses
© Skitour/Michaël356 vu1 

J2 A la trace en sortie du mélezin au-dessus de Dormillouse
© Skitour/Michaël399 vu
J1 Crête du Martinet
© Skitour/Michaël352 vu
J3 Pointe des Rougnous
© Skitour/Michaël383 vu
J4 Sous le col de la Rouannette
© Skitour/Michaël379 vu
J4 Devant la Pointe de Fleurendon
© Skitour/Michaël373 vu
J3 En face N du Mourre Froid
© Skitour/Michaël379 vu
J3 Petite rampe avant de repeauter vers le Mourre Froid
© Skitour/Michaël393 vu1 

J3 Pointe des Rougnous
© Skitour/Michaël385 vu
J3 Pointe des Rougnous, devant Couleau et Rochelaire ?
© Skitour/Michaël494 vu1 

J3 Congère au col des Terres Blanches
© Skitour/Michaël424 vu1 

J4 Sortie de l'Ubac vers le col de la Coupa
© Skitour/Michaël394 vu
J2 Palluel
© Skitour/Michaël393 vu
J3 Sommet Mourre Froid
© Skitour/Michaël408 vu1 

J3 Dormillouse au petit matin
© Skitour/Michaël345 vu2 

Vue vers le col (caché) des Terres Blanches
© Skitour/Michaël341 vu
J2 Palluel
© Skitour/Michaël354 vu
J2
© Skitour/Michaël353 vu
J1 Estaris en mode reptation
© Skitour/Michaël375 vu1 

J1 Sous le Col de Freissinières
© Skitour/Michaël345 vu
J1 Passage scabreux d'un gros dépôt
© Skitour/Michaël431 vu1 

J1 En montant vers la crête du Martinet. Roc Diolon derrière.
© Skitour/Michaël371 vu
J4 Sous le Col de Rouannette versant W
© Skitour/Michaël371 vu1 

J3 Sous le Mourre Froid
© Skitour/Michaël362 vu
J3 El maestro. Le Mourre Froid est encore loin.
© Skitour/Michaël344 vu
J3 Pointe des Rougnous
© Skitour/Michaël328 vu
J1 Serge poursuit le traçosaure
© Skitour/Michaël332 vu
© Skitour/Michaël325 vu2 

J3 Après la Grande cabane de Faravel
© Skitour/Michaël311 vu
J3 Le Pont de Fer (qu'on n'a pas vu s'il existe)
© Skitour/Michaël317 vu
J4
© Skitour/Michaël306 vu
J2 Trou savamment exploité
© Skitour/Michaël370 vu
J1 Enorme avalanche dans le vallon de Chichin
© Skitour/Michaël324 vu
J3 Sommet Mourre Froid
© Skitour/Michaël13.02.24 16:37318 vu