Sortie du lundi 15 mai 2023
titoutim
Conditions nivologiques, accès & météo
Météo/températures : Bon regel samedi et dimanche jusqu'à 2200m, matinée ensoleillée dimanche, coup de vent et nuages dimanche aprem et soirée, nuageux lundi matin puis grand beau temps.
Conditions d'accès/altitude du parking : Route déneigée jusqu'au refuge Cézanne
Altitude de chaussage/déchaussage : 2250 à la montée, 1900m à la descente
Conditions pour le ski : Globalement très bonne en versant froids d'altitude >3000m, parfois cartonnée par le vent, croutée dans les zones au soleil à partir de 3200m - Bonne également en versant sud en descendant à l'heure pour trouver la moquette, neige fraîche humide en quantité qui boulotte assez vite, en bas des couloirs, les boules sont toutes molles et pas trop gênantes pour le moment -
Activité avalancheuse : Nombreuses purges en face sud - Attention dans les jours à venir, grosses épaisseurs de neige fraîche au-delà de 3000m, Activité avalancheuse signalée dans la zone ce jour, voir la carte.
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu
Sur 3 jours, Montée au refuge du glacier Blanc Samedi soir - Col de Roche Faurio et Refuge des écrins Dimanche - Dôme des écrins --> Col de la Sagne et descente sur le glacier noir Lundi
De la recherche d'un ski perdu cet hiver sous le grand Glaiza, en passant par le remplacement d'un pneu éclaté sur une piste interdite à 10 bornes du village le plus proche, nous avons fini à ski (deux chacun) sur le dôme des Ecrins, dans une ambiance presque hivernale en face nord et printanière face sud.
Les plans ont changé à vitesse grand V, V comme vendredi, V comme Vendetta, mais contre qui ? Le printemps qui s'avance et un peu de remords, de n'avoir pas skié, encore au mois de mai.
Grande Casse ou haute Maurienne d'abord, puis le Davin et les Ecrins, d'accord ?
Mission recup' d'abord dans le Queyras italien, côté grand Gleyza, pour chercher un ski perdu par Chris en Janvier quand c'était le seul coin avec de la neige, de la neige il n'y en a plus là bas, le ski n'y est pas non plus, nous repartons vers les Ecrins.
Belle douceur samedi aprem avec 10-12°C au pré de Madame Carle quand nous partons, dos bien chargé. Évidemment il faut porter, jusqu'à 2200 m, avant de pouvoir chausser.
Le manteau est bien pourri mais ça passe en ski et en conversion serrées jusqu'au refuge du glacier Blanc, où nous passons une excellente soirée, à 4 seulement et un super accueil de Pierre et Agathe, les gardiens.
Dimanche, on part tranquille, 7h30, on croise la bande des 13, montés la veille aux refuge des Ecrins, à pied. Ils nous chargent de faire un poutou au gardien.
Vers 9h, nous sommes sous le refuge, le glacier est encore tout poudre et on va faire un tour au col de Roche Faurio. Le petit couloir nord qui plonge derrière est bien rempli, mais un peu raide pour nous, on bascule donc de l'autre côté, sur le col des Sagnes où on découvre...
Redescente en grosse poudreuse sur le glacier.
Le vent se lève en fin d'aprem, l'heure du repas s'approche et on entend soudain le bruit d'un hélico, qui se rapproche lui aussi.
Tout habillé de jaune, le gardien sort et rentre bientôt avec un homme en bleu, l'hélico repart.
Nous nous mettons à table, pendant que l'hélico effectue 2 rotations vers le dôme - Que se passe t-il ?
Bientôt nous comprenons - 2 gars sont restés coincés au sommet de la barre, épuisés par une montée hors-piste de plusieurs heures et certainement gelés par le vent.
Ce sont eux qu'on avait vu monté dans le couloir de la barre noire puis longer l'arête vers la Barre, eux qui avaient dormi sous la petite tente orange croisée en bas de Roche Faurio, eux qui vont dévorer avec plaisir les restes (conséquents) de notre dîner (lasagnes, soupe aux poix cassés, gâteau poire chocolat) -
Pourquoi tous ces détails ?
Pour vous dire que leurs sacs et leurs skis sont restés accrochés à la Croix (4102m) et qu'ils ne vont pas remonter de sitôt - Avis aux répétiteurs qui auront le courage de monter puis de redescendre avec un surplus de matos - Le gardien du refuge aura les coordonnées des fuyards :)
Revenons à nos moutons, réveil matinal pour être sur les skis au plus tôt et tenir l'horaire qui va nous permettre ce petit projet sympa que nous avons en tête depuis hier.
On part plus tôt que prévu et on arrive 1h plus tard - Il faut dire que 700m de trace à faire, c'était pas du gâteau, le vent ayant recouvert l'autoroute de la veille.
Flûte zut rezut et ratatouille, nous ne sommes que 6, dont un freerider unijambiste et on profite du moment, le soleil se faisant attendre - à 4000m, rien de spécial, on voit de loin le mont-blanc et puis des nuages, un peu partout, beaucoup de nuages. Franchement la vue est plus belle depuis le Moucherotte.
Justement, on rote un coup avant de redescendre et hop le soleil apparaît, on rorotte et hop, le soleil disparaît, on rororote et il revient pour nous accompagner sur toute la descente, majoritairement poudreuse, entre les séracs - Du bon ski mais ça devait être meilleur la veille, dommage que le vent ait un peu travaillé la neige.
Malgré le retard, on maintient le cap et on abandonne les compagnons du jour, qui restent sur le glacier, pour reprendre nos traces vers le col de la Sagne. Heureusement, c'est court, car les jambes ont pris du plomb dans l'aile. Les arêtes sont restées prises dans la brume et le soleil nous rejoint au col pour réchauffer la neige de ce beau couloir.
Il est midi, hop, on rote et on plonge pour 1000m de dénivelé plein sud vers le glacier noir, face au Pelvoux - C'est raide, la neige poudreuse est lourde au sommet et c'est dur d'enchaîner les virages - On reste au centre où nos passages d'hier ont lissé la neige, qui est ferme en moquette à poils courts - Vient le ressaut où nous avons stoppé hier, c'est mou et c'est BONNN, ç'est tout doux à skier, les carres s'enfoncent laaARGEMENT et heureusement car le profil en V n'autorise pas les folies et les contrepentes sont vraiment raides, virage sauté obligatoire jusqu'à la base (où on n'a pas vu la rimaye)
Juste avant que la pente ne s'adoucisse, Chris fait une petite culbute, si belle que je manque de l'imiter au même endroit - Mimétisme d'un duo de choc, certainement :)
On rejoint la moraine du glacier noir en suivant le couloir plus large, dans une neige molle puis collante, peu importe.
Sur l'idée de Chris, on remonte un peu pour trouver une faiblesse dans la moraine, l'occasion de voir de belles purges en face sud de la Barre où nous étions quelques heures plus tôt. On admire aussi le couloir des avalanches, qui est très bien enneigé.
Une fois le talus passé, à pied, on prend ski sur le glacier pour une dernière descente qui nous amène jusqu'à 1900m, à 15 min de la voiture.
Du nord au sud, sentiment de quiétude,
Du Blanc au noir, lueur d'espoir
De l'hiver au printemps, fable de l'éléphant