Hivernale printanière au Grand Colon

Massif : Belledonne
Départ : Freydières (1130 m)

Topo associé : Grand Colon, Combe Nord-Est

Sommet associé : Grand Colon (2394 m)

Orientation : NE

Dénivelé : 1050 m.
Ski : 2.2

Conditions pour le ski : 2 à 3cm de neige fraîche parfois un peu plus dans les creux,reposant sur un fond ferme sauf dans les ressauts supérieurs où des plaques vers les rochers n'étaient pas exclues - trace un peu zippante,

les conditions de ski étaient très bonnes aussi longtemps qu'il y avait quelque chose à skier ; cependant, comme 60% du dénivelé était du portage, il n'y a pas de quoi pavoiser ; je suis donc obligée de renier notre plaisir (mais je ne le ferai pas exagérément)

Pour cueillir cet irrésistible parfum de l'hiver qui fuit.

Quand le réveil a sonné, je me suis bien demandé si je ne ferais pas mieux de me rendormir. « Passer à autre chose » comme ils disent. Mais non, 11 mai : premier saint de glace, faut l'honorer.

Pourtant. Ne devrais-je pas plutôt aller à la plage, lire du MarcelP pour enfin savoir s'il a retrouvé son temps perdu au lieu de survoler ce soir les écrits d'un NimbusZ qui va pleurer sur celui qu'il a perdu parce qu'il y avait des nuages ? Ou encore donner rdv à ma coéquipière à Carthagène plutôt qu'à Domène ? Ça ferait quand même un peu plus routard !

Mais non et non. Combien de flocons avons-nous vu tomber cet hiver ? Je n'ai pas compté mais assurément trop peu. Alors, ne laissons pas passer l'occasion d'en laisser fondre quelques-uns sur le bout de la langue.  

Une fois de plus, la route présente des obstacles. C'est quoi cette boule de poils gisant inerte au milieu de la chaussée ? Un wombat ? Taramont réveille-toi enfin, c'est un bébé blaireau sacrifié sur l'autel d'un déplacement qu'on espère justifié.

Dès que la route quitte la Chartreuse, miracle elle est sèche ! La lune rousse décroissante sort une oreille d'or de derrière quelques brumes. Il se pourrait donc bien que la matinée puisse être sauvée.

A Pré Raymond, le jour pointe son nez de derrière les feuillus. On charge les mules. La première lucarne sur la vallée nous montre des nuages qui se traînent tels des zombies désespérés qui ne sauraient plus retrouver leur cimetière . Sous le Grd Colon pris dans les grises nuées, on abandonne l'idée d'y parvenir par la face N et de descendre en E avec une visibilité peut-être moyenne et du brassage compte tenu de la température. Un chamois nous examine, paraissant approuver la voie de la sagesse tandis que le coucou nous hèle. 200m sous le lac du Crozet, on met ses pieds en tenue d'hiver : le sentier est transformé en ruisseau. Le lac du Crozet, en pleine débâcle, n'est plus qu'un chaos. On trouvera la neige en continu à 2000m.

Le temps tient toujours : St Mamert ne fait pas de zèle. Moi non plus : je laisse sans scrupules Linaigrette à la trace. Toujours laisser la compétence s'exercer, faute de quoi, elle régressera. Et là ce serait bien dommage.

L'itinéraire chemine très esthétiquement entre le Galeteau et Roche Fendue. Plus on s'élève, plus la quintessence de Belledonne s'offre à notre vue. C'est géant, plâtré, pas chargé. La trace zippe et il y a deux ressauts à négocier, le premier en zigzaguant entre quelques roches.

Posées à l'extrémité de la crête NE du Grd Colon, nous n'irons pas plus loin. La traversée vers le sommet un peu accidentée risquerait de nous prendre du temps et il n'en reste guère, les nuages bourgeonnent autour de nous avec quelques ravissantes trouées bleues. Au départ, la neige colle un peu là où le soleil y a mis quelques doigts, la pellicule de fraîche glisse parfois sur un fond encore assez ferme et la descente, la courte descente, l'ultra trop courte descente, la ridicule mais si belle descente sera un délice. Ma coéquipière a trouvé à redire au "ratio ski portage" (oui, elle parle maintenant comme sur skitour). A noter que personne d'autre ne s'est plaint : je n'allais quand même pas dénigrer mes propres idées ! et la jeune personne rencontrée était sans skis (donc 100% de portage), ne portait pas grand chose et était tout sourire).

Alors que nous arrivions au vallon Mercier, des flocons virevoltaient sur les méandres du torrent

Ne nous restait alors plus que le chemin du retour. Les jeux étaient faits. Merci Mamert.

Itinéraire suivi :topo - 15,1km