Trois petits tours dans les Ecrins puis s'en vont - Chamoissière, Pic de Neige Cordier, Agneaux

Massif : Ecrins
Départ : Villar d'Arêne (Pont d'Arsine) (1667 m)

Topos associés : Pic de Chamoissière, Epaule, par le Glacier de Chamoissière Montagne des Agneaux (Calotte), versant Nord Montagne des Agneaux (Calotte), Par le Réou d'Arsine Pic de Neige Cordier, En boucle par le glacier des Agneaux

Sommets associés : Pic de Chamoissière (3207 m) Pic de Neige Cordier (3614 m) Montagne des Agneaux (Calotte) (3634 m)

Orientation : NE

Dénivelé : 4800 m.
Ski : 4.2

Pic de Neige Cordier : tracé en monté et descente par la brèche des Agneaux (couloir bien rempli) et le glacier des Agneaux.
Face nord des Agneaux : tracé à la montée, 2 traces de descente (passage en dry ski). La calotte n'existe plus, il n'y a plus de glace

Voie normales des Agneaux : tracé à la montée et à la descente. Couloir du Réou d'Arsine non skiable (désescalade voire rappel si on a une corde)

Activité avalancheuse : quelques purges sont les rochers plein sud qui chauffent

J1 : Pont d'Arsine - refuge de l'Alpe de Villard d'Arène - Pic de Chamoissière - refuge de l'Alpe de Villard d'Arène - D+ 1400m

J2 : refuge de l'Alpe de Villard d'Arène  - Pic de Neige Cordier par versant Est, descente sur le glacier des agneaux - refuge de l'Alpe de Villard d'Arène  - D+ 1700m

J3 : refuge de l'Alpe de Villard d'Arène  - Agneaux blanc par la face Nord, descente par la voie normale (réou d'Arsine) - refuge de l'Alpe de Villard d'Arène  - Pont d'Arsine - D+ 1700m

Horaires :
J1 : parking 11h - refuge 12h30 - départ 13h30 - refuge 16h

J2 : refuge 6h - sommet 10h30 - refuge 12h

J3 : refuge 4h45 - sommet 10h30 - refuge 12h30 - parking 15h

J1

Pour profiter de ces trois jours nous décidons avec Flo de partir dans les Ecrins s'en idées vraiment précises. On réserve donc 2 nuits au refuge de l'Alpe de Villar d'Arène, qui nous servira de camp de base pour découvrir ce coin des Ecrins que nous ne connaissons pas du tout.

Départ du parking avec des sacs bien chargés et en baskets qu'on ne quittera qu'au refuge (ça chausse avant mais on a préférer continuer à pied sur une neige encore porteuse). Arrivé au refuge, casse croute et déballage des affaires dont on laissera la plus grande partie pour cet après-midi. En guise d'échauffement nous montons au pic de Chamoissière, bien centrale dans la vallée, qui nous permet de nous rendre compte de l'environnement. Eh ben c'est haut, c'est loin et c'est raide partout. Ca change de chez nous ! Redescente dans une super poudre un peu traffolée sur le haut puis dès que ça s'élargie nous tirons à droite faire nos traces. Retour au refuge pour une petite bière de récup'. Rien que cette journée nous a déjà ravi entre le paysage et la neige, et nous ne sommes pas au bout de nos surprises.
Avant le repas nous choisissons donc nos objectifs en fonction de ce que nous avons vu aujourd'hui : les heureux gagnants sont le pic de neige Cordier en boucle (le glacier des Agneaux depuis Chamoissière nous a donné envie) et l'Agneau Blanc par la voie normale. Nous avons délaisser la Grande Ruine car la longueur de l'itinéraire que nous avons distingué depuis le sommet du jour nous rebutait un peu. Allez trêve de bavardage, c'est l'heure de manger. Miam.

J2

Réveil 5h après une bonne nuit dans un dortoir à moitié rempli, on croise au petit dej' trois gars qui partent pour les agneaux avec redescente au refuge du glacier blanc. Les blagues fusent déjà si bien que nous partons "seulement" à 6h. Environ 1h de faux plat plus tard, nous retirons la frontale, mettons les lunettes de soleil et nous attaquons à prendre du dénivelé. Nous doublons un groupe de 6 personnes dont un guide, partis 1h avant nous, un peu avant la brèche des Agneaux. Nous montons le plus haut possible avant de chausser les crampons et c'est parti pour 200m vertical dans ce joli couloir. Un peu chaud dans le couloir mais ça passe vite. Au passage le couloir est suffisamment enneigé pour être skié (on y était aux alentours de 9h-9h30 et ça commençait tout juste à transformer). Au sommet du couloir nous empruntons l'arête (qui au passage est très large et confortable, peu aérienne) pour rechausser les skis dès que nous arrivons sur la pente de neige. On dépose les skis et le sac à dos au pied du sommet rocheux et nous voilà parti crapahuter pour les 100 derniers mètres. Ca passe bien en restant sur l'arête NW. Vigilance tout de même car l'ensemble n'est pas très stable, on dirait un gros pierrier au sommet d'une montagne. Au sommet le glacier blanc, le dome et barre des Ecrins, Pelvoux nous sautent à la gueule ! Ouahhhhh c'est splendide !  De l'autre côté : la Grande Ruine, le pic Gaspard, Ouahhh encore ! Demi tour pour voir les Agneaux (et visualiser l'itinéraire du lendemain), troisième ouahhhhhh !! On prend 5min pour s'imprégner du paysage et on redescends tranquillement retrouver nos skis. On discute un peu avec 4 collants-pipettes au pied de l'arête, parti le matin du pont d'Arsine, qui vont au sommet puis au refuge des Ecrins.

On se laisse glisser jusqu'au col Emile Pic où on mange une graine (naan j'rigole, pain, saucisson et fromage) sans trainer car le vent est frais. Ensuite c'est parti pour la belle descente sur le glacier des Agneaux qui nous a tant donné envie depuis le pic de Chamoissière hier. Le glacier est bien bouché en rive droite, quelques séracs au milieu mais ca passe. Et devinez quoi, c'est encore tout poudre jusqu'à 2300m, le régal !! On s'éloigne un peu des traces pour skier un peu plus sur le milieu du glacier. Pouah c'est génial avec la Grande Ruine en face de nous. Vigilance sur le dernier ressaut qui permet de rejoindre le glacier de la plate des Agneaux : c'est raide et peu enneigé, du coup le rocher ressort à beaucoup d'endroit et forme comme plein de petits couloirs. Avec le nombre de passage et la neige béton (car au soleil l'après-midi) c'est vraiment un passage à ne pas négliger. Descente mi escalier - mi dérapage jusqu'au moment ou Flo au dessus de moi déchausse le ski aval (fixation non bloquée car poudreuse, nous n'avons pas penser à verrouiller au changement de neige). Il est assis sur son ski amont (encore chausé) mais incapable de se lever sous peine de dévisser 100m plus bas. Le piolet est sur le sac, donc inaccessible ... Je suis 10m en dessous, je remonte en escalier pour essayer de l'aider. Pas evident sur cette neige vraiment béton, j'ai du mal à ne pas glisser. Je tape fort pour bien ancrer les cares quand soudain me vient une penssée "tiens, à force de taper autant que je suis c*n, je ne vais pas finir par déchausser un ski moi aussi ?!". Ni une, ni deux je verrouille mes fixations et continu de remonter. Arrivé en dessous de Flo, qui commence à trouver le temps long, je lui tiens le ski aval pour qu'il rechausse. Clac ! C'est bon, c'est chaussé ! Un petit coup de levier vers les hauts et nous pouvons tous les deux souffler. On se laisse déraper jusqu'au plat du vallon et on regarde en arrière ce 100m de dénivelé anodin qui nous à mis la misère en laissant l'adrénaline retombée. Descente du vallon tranquille en neige transfo puis repeautage 100m pour regagner le refuge.

Ensuite c'est la routine : bière de récup', séchage des affaires, étude de l'itinéraire du lendemain, discussion avec d'autres groupes ... Sauf que cette fois et je ne sais plus vraiment comment l'idée nous vient tous les deux de faire les Agneaux en boucle (probablement le fait d'avoir bien vu l'itinéraire de la face Nord depuis le Pic de neige Cordier). On demande à un guide local les conditions ... C'est décider nous monterons par la face Nord (calotte) et descendrons pas la voie normale (Réou d'Arsine). On joue au cartes avec nos voisins de table en attendant le super chili con carne du soir (on aura même droit à un deuxième plat complet, au top) avant d'aller nous coucher tôt.

J3

Réveil 4h après une moins bonne nuit dans un dortoir bien rempli où il faisait chaud ainsi qu'un voisin ronfleur (un vrai moteur le type !). Petit dej' en tête à tête et nous voilà sur les skis. Le ciel est clair, le vent est -très- frais, nous parcourons rapidement le faux plat jusqu'au col d'Arsine. Ensuite nous attaquons la moraine en suivant un peu notre instant et un peu de traces de montées existantes. Finalement on doit avoir un instinct pas terrible car il faudra redescendre environ 50m entre deux moraines pour pouvoir continuer dans la bonne direction. On aperçoit en contrebas 2 groupes de frontales qui viennent du Casset et qui se dirigent vers la voie normale. Maintenant sur la bonne trace nous continuons de serpenter dans les moraine pour finalement accéder à la petite combe située à l'Est du bastion 2875m. Le jour s'est levé et nous voyons maintenant le dédale de moraine en dessous de nous, pas étonnant qu'on se soit trompé. On remonte la pente en refaisant la trace effacée par le vent jusqu'au petit verrou. 100m en crampons avec brassage en bon et dû forme. Couloir bien rempli, skiable sauf l'entrée sur 10m avec le gros bloc au milieu (ou alors faut être bien énervé). En sortant on découvre le glacier supérieur d'Arsine et le sommet avec la face, grandiose ! On remet les skis qu'on quittera à 3200m après les deux dernières conversions bien bien raides. Glacier bien bouché si on passe en rive droite. Le temps de mettre les crampons je me dit que finalement nous pourrions redescendre par ici, ça me donne envie. Monté dans la face rive gauche moitié tracé - moitié à tracer = gros brassage à nouveau. On rejoint assez vite l'arête que l'on va suivre jusqu'au sommet. C'est seulement à ce moment que nous apercevons le soleil. Depuis le temps qu'on est parti, ca fait du bien au moral de se dire qu'on est sorti de la face donc bientôt au sommet. Erreur, nous brassons dans la fraiche tout le long de l'arête, tous les cailloux bouge. Au pic Cordier l'ensemble n'est pas très stable, ici l'ensemble est instable, la nuance fait la différence. Bref c'est une autre paire de manches que la veille, ça demande quand même de la technique et des efforts mais c'est beau, alors on continu. Le passage pour la descente à ski qui contourne la barre qui raye la face est en fait une zone de rocher saupoudrer de neige (RIP calotte, nous t'aimions) : dry ski obligatoire. Bof, finalement la descente par la voie normale comme prévu est une meilleure idée. Nous finissons pas sortir au sommet juste après deux personnes qui vienne du refuge du glacier blanc. C'est la première fois depuis 6h du matin que nous voyons, même apercevons des gens. Il est 10h30. Petite discussion au sommet, photo et nous voilà reparti en désescalade pour gagner le glacier du Casset (vent frais au sommet, on a moins trainé que la veille).

On chausse et c'est parti pour de la poudreuuuuse (oui encore !). Glacier bien bouché, on a coupé au plus près des rochers de gauche pour nous diriger vers le couloir du réou d'Arsine sans avoir à peauter. On rattrape un groupe de 6 dont un guide au pied du couloir. Tiens mais on vous a déjà doublé hier ! On se marre un peu pour finalement qu'ils nous laissent passer car "vu la caisse que vous avez, refaire la trace de montée dans le couloir ne va pas vous fatiguer". Eh ben figurez-vous qu'on commençait à fatiguer un peu quand même, mais bon on est sympa, on est passé devant. Très très chaud dans le couloir, c'est mou. Ca change du sommet ! Arrivé en haut nous remettons les skis, disons au revoir à nos nouveaux copains et c'est parti pour la dernière poudreuse (toujours !) du séjour. Incroyable, jusqu'à 2400m on se régale sur le glacier du Réou d'Arsine. Du col d'Arsine au refuge ça glisse tout le long moyennant quelques poussées de batons. On ne va cracher dans la soupe, c'est nettement mieux que le retour du pic de l'Etendard ! De retour au refuge on échange sur les conditions avec les gardiens, on mange nos dernières graines (toujours pas, cochons et fromage sont de la partie), on recharge tous dans les sacs et c'est temps de partir, de dire au revoir à ce formidable coin.

On croise deux gras qui viennent du refuge de Chatelleret au parking et qui n'ont pas de voiture. Allez, comme on est toujours sympa on les déposera à Grenoble.

Séjour à la fois court mais tellement intense ! Approche et imprégnation le premier jour. Découverte et plaisir le second. Immersion et engagement le troisième. Franchement ça ma pris aux tripes en débouchant sur le glacier supérieur d'Arsine tellement le spectacle est intense ! A ce moment là tu voudrais rester en montagne toute ta vie, ne plus jamais redescendre, à quoi bon, pour aller bosser demain, payer des factures, faire la queue au supermarché ... Et si finalement ce n'était pas ces petites immersions en montagne, hors du quotidien, qui nous permettent de les savourer... Quand est-ce qu'on y retourne ?!