Sortie du mercredi 28 décembre 2022
juanitoB
Conditions nivologiques, accès & météo
Météo/températures : Beau mais ça reste froid à cause du vent
Conditions d'accès/altitude du parking : Sans problème
Altitude de chaussage/déchaussage : 1500m
Conditions pour le ski : Correcte
Activité avalancheuse : Aucune observation mais transports de neige en cours.
Skiabilité : 😐 Correcte
Compte rendu
Itinéraire suivi : Ayant deux jours en solitaire, je veux coupler une cabane non fréquentée (mode ours) et du ski. Je prends donc l'option 7 Laux, (les lacs) car il n'y a jamais personne là-bas.
Mardi : Parti mardi après-midi du Pleynet, je vise le passage sous le roc du Pendet pour avoir accès aux lacs des 7 Laux. Ma condition physique, l'heure et le gros sac à dos ne me motivent effectivement pas pour passer par la Belle Étoile. Je compte effectivement bien arriver à la Cabane des pêcheurs avant la nuit car je ne connais pas bien le secteur l'hiver. Ce sera raté, à cause du tétras-lyre. En effet, en me dirigeant vers le col du Pendet, je tombe sur des pancartes interdisant l'accès au vallon où résident les piafs. Du coup, je monte vers la Belle Étoile. Comme pour le reste de la course, la majeure partie de l'itinéraire se fera en neige soufflée sur fond verglacé. J'ai la flemme de mettre les couteaux, je sors donc à pied au col sous le sommet (au Sud-Est). Je me lance ensuite dans la descente versant Est,, direction me ac de la Belle Étoile. Un vent modéré mais constant me stresse un peu, et dans certaines contre-pente des minis plaques partent. Contrairement à ce qu'indique la carte, au dessus du lac Cottepens, je ne vise pas la rive droite. Très grosse erreur. Vu de dessus, et même si la carte mentionne des barres rocheuses, on à l'impression que ça passe. Et c'est vrai, ça passe presque jusqu'au bout. Arrivé presque à l'extrémité Nord du lac, des barres rocheuses inquiétantes me ferment de plus en plus le passage. Je suis obligé de remonter pour contourner l'une d'elle et d'enlever les skis pour descendre dans un couloir. Une mini-plaque me déstabilise, l'alerte est claire. Au contraire du ciel car la nuit me prend ici. Je sais que le plus sage serait de faire demi-tour, de remonter au Sud du lac et de reprendre la rive droite. Mais c'est tard, je commence à être cuit et avant que la nuit tombe j'ai repéré un passage dans la dernière barre rocheuse. J'y arrive enfin mais c'est très raide. Pas le choix, je mets les skis sur le sac, je coince les bâtons dans les sangles et j'attaque une partie mixte. Je suis pris entre la peur et l'instinct de survie. Il faut que ça passe. De jour, avec une corde et sans les skis, ça passe c'est sûr, mais avec plus de 20 kilos sur le dos, entravé par les skis et les bâtons. Je me motive en me disant que j'en suis capable, mais je sais que je n'ai pas le droit à l'imprévu et à l'erreur. La barre dans laquelle je m'engage surplombe le lac, tomber c'est la fin. J'enlève les gants pour tenir les prises en rocher et je sors toute mon expérience pour passer. Prise de touffes rhododenrdroniques, marches taillées pour les pieds, et j'utilise mes bâtons comme pieux à neige malgré la dureté de la couche. Merci bonne étoile, ça passe. Je suis lessivé. La suite est facile, je trouve la cabane des pêcheurs (immense merci pour l'ouverture permanente), je m'y introduit avec un bonheur rare.
Mercredi : Le vent a continué à souffler cette nuit, toujours modérément mais sans discontinuer. Il a obliqué de Sud à Est. La motiv étant revenue je vise le couloir sud du Rocher Blanc, j'aviserai en route. Cette fois je remonte bien rive droite du lac Cottepens mais cela n'empêche pas le stressomètre de faire des pointes. Il faut en effet traverser des grandes pentes proches de l'inclinaison maudite (genre 25 à 30°). La couche de neige ventée qui est au dessus de la couche verglacée n'est pas épaisse (5 cm) mais sur quoi repose la couche verglacée? Je calcule que vu le redoux et la pluie, ça a du bien tasser la semaine précédente. Je remonte ensuite en direction du col de l'Amiante, j'ai toujours la flemme de mettre les couteaux, alors que ce ne serait pas du luxe. Arrivé au pied du couloir Sud, ça souffle assez fort et les crêtes fument beaucoup. On voit du pied que les contre-pentes ouest sont en train de se charger. De plus le vent dénude des plaques glacées et je n'ai pas de crampons. Je renonce donc très logiquement, ça pue. Retour au lac Cottepens et remontée à la Belle Étoile par la face Est. Aucun endroit à l'abri du vent, je suis souvent avec la doudoune et les gros gants. Arrivé au même col qu'hier, ça souffle très fort, environ 60 km/h. Je renonce donc au sommet car avec les parties glacées découvertes par le vent, j'ai peur de me faire déséquilibrer (certaines rafales dépassent les 60, peut-être 80 pour l'une d'elle qui me fait plier en deux et stopper). J'aperçois deux gars au sommet dans le souffle de neige. Je trouve un petit abri sous le col Sud Est mais la suite ne me fait pas rire. C'est raide et la neige emportée par le vent vient se déposer ici, dans le couloir que je suis obligé de prendre. Il y a une grosse corniche, hier elle n'y était pas, ça pue, ça pue, ça pue. Seule option pour réduire le risque, je mets les skis sur le dos et désescalade en tapant comme un âne les pieds pour casser la couche verglacée sous la couche ventée. Arrivé à mi-pente je chausse les skis rapidos et me casse dare-dare sans trop faire de virage. Juste en dessous un groupe est en train de monter, ils hésitent et finiront par faire demi-tour.
Bilan :Une sortie qui devait être tranquille que j'ai foirée le mardi avec ce forçage au lac Cottepens. Le mercredi au dire des copains ça devait être le bonheur, moquette, pas de vent. Raté. Je trouve franchement que c'était piégeux. Le transport de neige de la nuit de mardi à mercredi et celui de la journée de mercredi a modifié la donne. Attention donc.
Horaires : Gros