Départ : Alpe Devero (1640 m)
Topo associé : 5 jours autour du Val Formazza
Sommets associés : Grosses Schinhorn (2939 m) Grieshorn (2968 m) Blinnenhorn (3374 m)
Orientation : T
Dénivelé : 6500 m.
Ski : 3.1
Sortie du jeudi 7 avril 2022
Conditions nivologiques, accès & météo
Sortie du 21 au 26 mars. Conditions après 3 semaines sans chutes de neige, avant la vague de froid d'avril.
Conditions d'accès/altitude du parking : 1600m
Altitude de chaussage/déchaussage : 1700m
Conditions pour le ski : Idéales, l'itinérance sans risque.
Activité avalancheuse : Très peu de neige, conditions printanières.
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu
Comment on a choisi cet endroit pour les vacances ? Mystère. On a entendu le nom une fois, on est allé voir sur une carte, il y avait plein de refuges, les conditions n'avaient pas l'air pire qu'ailleurs, la Suisse et l'Italie, ça nous dépayserait un peu, on a dit banco.
Ce fut une réussite, bien peu de neige à l'horizon, mais bien assez pour skier. Très peu de monde sur les itinéraires à ski, quelques groupes dans les refuges, et un accueil chaleureux tous les soirs.
Le coin est très propice à l'itinérance avec tout un tas de cols qui permettent de basculer d'un vallon à l'autre, d'un pays à l'autre.
Faut aimer les barrages par contre :)
J0 - On prend peur en arrivant au refuge Castiglioni (accessible en 10min de marche depuis le parking). Il n'y a aucune trace de neige à l'horizon ! L'itinéraire prévu (Geisspfad) consisterait à porter 600m gravir les échelles du chemin d'été.
J1 - On tente finalement de contourner le tout par des vallons qui semblent plus protégés du soleil. Bonne décision, on pourra tout gravir à skis, jusqu'au Grampielpass (non sans subir une chaleur conséquente). On se trouve alors sur un large plateau cerné de pointes effilées et c'est vachement beau. Aveuglés par la beauté des lieux, on gravit le mauvais col, demi-tour pour rejoindre le Mittelbergpass. Vu d'ici la Grosses Schinhorn ressemble à un gros cairn aplati et pelé, on boude son ascension. Dommage, car vu depuis l'autre côté il a sacrément plus de cachet, c'est un beau sommet pointu.
Sauvage descente dans un vallon caché, et on arrive aux pentes qui rejoignent la Binntalhütte, seul refuge non gardé de la semaine.
Il est toutefois d'un grand confort avec couettes, poêle, et même des denrées en libre service (à payer bien sûr), en cas de besoin.
J2 - De multiples possibilités s'offrent à nous pour rejoindre le prochain refuge. On choisit de tricoter pour s'amuser. On profite de notre matinée seuls au monde à travers les vallons, avant de retrouver 2-3 groupes qui se sont retrouvés pile au même moment au sommet du Ofenhorn. Ce sera la meilleure descente poudreuse de la semaine dans des larges pentes avec quelques centimètres de neige fraiche tombés il y a quelques jours (les seuls centimètres tombés ces 3 dernières semaines…). Puisqu'il nous reste du temps et de l'énergie, on remonte à la Punta del Sabbione pour ajouter un sommet et une descente à notre journée. Les points de vue aux sommets sont incroyables, mais on ne connait rien !
Encore du ski grand large dans l'après-midi, sur une neige qui alterne tous les 3 mètres entre poudre et lentilles de neige dure sablée, c'est plutôt rigolo à skier.
On voit le refuge et ses pentes d'accès, plein sud, sont sacrément vertes ! On trouve une langue de neige qui permet de le rejoindre tranquillement en peaux. Il nous reste encore pas mal de temps pour profiter de la large terrasse ensoleillée avec une bonne bière et nos cookies salés :d
Le refuge est tenu par des bénévoles de l'asso OMG, très très sympathiques.
Le soir, c'est l'embuscade culinaire, l'enchainement PATES-POLENTA-PATATES-PORC-PUDDING.
J3 - Pour aujourd'hui, il n'y a pas moult possibilités : ce sera l'ascension du Blinnenhorn. On avait envisagé une traversée du Corno Rosso mais vu de loin il nous est apparu complètement pelé.
On se ne démonte pas sur les pentes lustrées du somment, puis on se laisse glisser sur le laaaarge glacier de Gries. Très peu de crevasses en vue, mais la vigilance est de mise, ce glacier n'a pas encore complètement disparu (de même que les glaciers parcourus la veille : les deux glaciers del Sabbione). On arrive dans un lieu insolite, cerné d'éoliennes. Pour rejoindre le Cornopass, on n'a qu'à traverser à flanc. Et on est bien content que les conditions soient très stables, l'itinéraire ne serait pas forcément évident sinon.
Une fois au col on aperçoit déjà au loin la forme unique du refuge de Corno Gries.
C'est grand luxe (trop ?), salle commune hyper confort et vitrée, repas végé de qualité, même qu'on a des LEGUMES, et tout.
J4 - Seul aller-retour de la semaine, on doit remonter un peu le vallon descendu la veille. Puis il nous faut traverser le Corno Gries pour retrouver l'Italie. On a eu beaucoup de mal à confirmer les infos sur la possibilité de cette traversée, mais au final cela s'avère assez bateau.
Pour varier les plaisirs, on décide de rejoindre le sommet du Corno Gries par son arête. Pas évident avec cet enneigement, on se retrouve dans du rocher de piètre qualité pour prendre pied sur l'arête. Une fois sur le fil c'est rando.
Descente dans de la bien bonne neige de printemps. On se retrouve à geeker l'internet pour savoir si l'arête Nord du Corno Brunni est praticable. C'est pas clair. On a une corde, tout ce qu'il faut pour protéger, du temps, une envie de progresser, alors on va voir. Les premiers mètres sont faciles et magnifiques. Puis on vient buter contre un petit mur de rocher empilés. On a de quoi faire un relais béton et le rocher est de bonne qualité, Emilie va voir. Elle s'enfile dans une espèce de cheminée, et pratique la renfougne avec des skis sur le dos, c'est vraiment sympa. Au final ça passe plutôt bien et on se retrouve au pied du sommet du Corno Brunni, non skiable alors on le snobe.
Depuis là on se retrouve dans un coin très peu skié et sauvage. Faut bien slalomer entre les plaques de terre quoi. On voit à l'horizon le programme du lendemain et ça a l'air mort long.
Pour le moment, il reste du grand ski à faire dans de la neige idéalement revenue, c'est bonheur.
Depuis le refuge Maria Luisa, on voit bien 2 couloirs d'accès au Basodino, on tente d'aller voir mais pour le coup l'heure est trop avancée et la neige est bien trop humide. Demi-tour et apéro. On mange encore beaucoup trop bien (et beaucoup trop tout court).
L'environnement de Maria Luisa c'est un joyeux bordel de barrage, installations électriques, câbles et pylônes.
On souhaite bonne nuit aux renards quasi domestiqués du coin, avant la bambée du lendemain.
J5 - La journée commence par la descente jusqu'à Riale d'une piste congelée, ça réveille et ça fait descente les chaussettes. On a du chemin aujourd'hui, mais ça déroule. Le vallon du Nefelgiu est magnifique, on est tout seul après avoir croisé 1000 monde au départ de Riale, et avant de croiser 1000 monde à Margaroli (c'est samedi).
Depuis Margaroli, on doit traverser le lac pour poursuivre l'iti. On avoue notre incompétence à lire les conditions d'un lac en cours de dégel… Ça a l'air un peu dangereux quand même. Le patron du refuge se moque un peu en nous disant qu'au pire on n'a qu'à nager. Bon. On va voir, on traverse 3 mètres composés de 2cm d'eau qui surnage sur une glace qui a l'air bien solide.
On est de nouveau tout seul dans les dernières ascensions du voyage, toujours aussi sauvages.
Reste à rejoindre Crampiolo, et c'est super long. On veut éviter le plat du fond de vallon, alors on s'engage dans une loooongue traversée à flanc. Traversée qui débouche sur une section de dry-touffing un peu raide, puis sur des vallons soupeux qui nous invitent à découvrir les profondeurs du manteau neigeux. Et enfin une traversée en forêt à la dénivellation variable.
Mais on finit par arriver à l'extrêmement charmant hameau de Crampiolo. La voiture n'est pas loin, mais on y a réservé une nuit pour poursuivre un peu les vacances.
Alors Crampiolo, c'est charmant, mais c'est très accessible par la route en 30min de rando, et c'est samedi soir. Alors c'est fort animé et ça nous change des 5 jours passés dans les grands espaces au calme.
Un coin fort recommandable donc :)