Départ : Le Replat (1000 m)
Topo associé : Col de la Pierre, Vallon de la Lescherette
Sommet associé : Col de la Pierre (2400 m)
Orientation : E
Dénivelé : 1400 m.
Ski : 2.2
Sortie du mardi 9 mars 2021
Conditions nivologiques, accès & météo
Hiver, le retour. Temps fantasque : alternance de purée de pois et de belles éclaircies. Bise un tantinet désagréable, dans la partie supérieure
Etat de la route : déneigée, chaotique, ornières, boues, cailloux sur les derniers kms
Altitude du parking : 1050m
Altitude de chaussage (montée) : 75m D+ de portage
Altitude de déchaussage (descente) : Idem
Activité avalancheuse observée : grosses coulées antérieures descendant de la Montagne de la Barme. RAS pendant la course
Neige aussi fantasque que le temps. Il a assez peu neigé récemment dans le secteur. Après le replat de la cabane de la Pierre, on trouve de la neige récente allant de qq cms dans le bas à une quinzaine dans le haut, reposant sur des croutes dures trafolées. Trace pénible à faire dans le haut plus raide à cause de ce manque de cohésion. Du très bon ski cependant à partir de 100m sous le col jusqu'au replat de la cabane. En-dessous de la cabane, alternance de neige ramollie sans plus et contrepentes encore dures permettant un ski ludique. Quelques arcosses à déplorer mais rien de touffu.
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu (par taramont)
Avec Bernard, Laurence
Rassurez-vous, le seigneur Papet n'a pas troqué son glaive contre une fronde. C'est juste que cette nouvelle et non moins épique bataille a eu pour décor le sublime Col de la Pierre. Enfin, sublime faut le dire aussi vite que voyageaient les brumes les plus fantasques de l'époque médiévale montant de l'intemporelle vallée de la Maurienne.
Mais ne mettons pas la calèche devant les destriers.
Hier soir, le seigneur Papet de l'Avant Pays Savoyard a envoyé un texto me convoquant pour couvrir une nouvelle bataille de son cru.
Moi : mais seigneur, il ne me semble pas que nous ayons des ennemis en Basse Maurienne, enfin vous j'en suis sûre, moi, je sais pas. Une estrangère de l'Isère qui s'infiltre dans un vallon de la Basse-Maurienne est-ce admissible ? Mais je laisse le bénéfice du doute.
Lui, après (comme toujours) longue réflexion : le doute, oui, le doute est toujours préférable, c'est la certitude et pas le doute qui rend fou ; mais qu'importe, ce seront des manœuvres préventives d'intimidation
Moi : vous avez (comme toujours) raison et vous saviez que ce champ de bataille est ma béance depuis longtemps. Et il y aura qui ?
Lui : j'aime avoir dans mes troupes le Chevalier Bernard de Saint Baldoph, et sa gente Dame Michèle
Moi : ok, ils sont vaillants et fidèles, moi je viendrai avec la Princesse de Montmélian, celle qui m'offre gîte et couvert en sa chavanne bien chauffée et qui me permet d'être dans les clous puisque notre roi n'a toujours pas compris que 18h est l'heure où, dans nos régions de montagne, on allume le feu et 6h l'heure à laquelle il s'éteint de lui-même.
Les routes des batailles médiévales sont longues et semées d'embûches. La route du Replat en est un vestige. Une fois qu'elle fut trouvée, les blancs destriers (enfin l'un plus blanc que l'autre), malgré leur barde à toute épreuve, ont quelque peu souffert, surtout vers la fin. Pour ceux qui ne connaissent pas, on arrive dans une combe chaotique fort humide où ne sauraient vivre que crapauds et goules non rhumatisantes. Le bout, comme tous les bouts, finit quand même par arriver. C'est là que le seigneur Papet eut une grande déconvenue : quelqu'un, avec un autre champ de bataille, lui avait grillé la politesse. En quelques instants, on passa du moyen-âge au 21e S : des engins monstrueux s'apprêtent à poser des canalisations gigantesques au bout du monde. Canaliser quoi ? Nous n'avons pas la réponse. Mais, entre nous, j'ai ma petite idée : c'est pour canaliser tous les skieurs qui, après ce CR, se précipiteront demain sur la route du Replat.
Une fois les destriers parqués, les troupes à skis s'ébranlèrent. Post tenebras lux. Normalement. Mais là, la lumière, il faut en convenir, resta chiche.
N'empêche, j'ai quand même pu noter quelques petites choses de mes doigts gourds sur mon calepin de héraut pour pouvoir vous en faire profiter. A la passerelle de Lescherette, le bord du torrent de la Pierre était crénelé de blanc comme un château fort et, au fond, un mini pont empierré permit aisément aux troupes de changer de bord. Le gazouillis des oiseaux (ne me demandez pas lesquels, suis héraut et point ornithologue!) apaisait l'angoisse des combattants. Le coq a chanté trois fois et personne n'a renié sa foi en la montagne et en ses batailles flamboyantes. Sous les capitons de neige, le torrent bien réveillé semblait dire : prenez garde, s'il fait chaud, mes ponts risquent bientôt de s'effondrer et vous de voir vos boas métamorphosés en anguilles !
La bataille fut grandiose. Les combattants valeureux comme toujours. Mention spéciale au Chevalier Bernard qui rivalisa avec le seigneur Papet pour tracer dans la purée de pois et qui, malgré l'exemple exemplaire de son heaume de plastique, désespère de voir le reste de la troupe se coiffer un peu plus sérieusement qu'avec de seyants mais fort peu protecteurs bonnets à pompons. Dame Michèle ne céda aucun terrain à ses deux prédécesseurs et la Princesse de Montmélian avec une patience d'archange tint compagnie à votre servante jusqu'au bout de la bataille qui fut clôturée par un ballet où, à part moi qui me laissa choir fort peu élégamment dans le seul trou du vallon, il n'y eut aucun faux pas.
Quand nous récupérâmes nos blancs destriers, nous constatâmes que le seigneur Papet avait été blessé au menton non pas par un ennemi mais par une branche d'arcosse irascible, ce qui lui fera un charme de plus. Dame Michèle sortit alors un christstollen consolateur, un peu en décalage avec la saison (mais qui peut encore parler de saison?) et néanmoins roboratif. Enfin, le seigneur Papet eut une parole aussi définitive que bienvenue : Eh bien, bierroyons à présent !