Départ : Granier (Oratoire) (1308 m)
Topo associé : Pointe du Dzonfié, par La Pesée
Sommet associé : Pointe du Dzonfié (2455 m)
Orientation : E
Dénivelé : 1275 m.
Ski : 2.1
Sortie du vendredi 19 février 2021
Conditions nivologiques, accès & météo
Grand beau, rien à redire. On a même transpiré. Pas de vent
Etat de la route : RAS
Altitude du parking : 1178m
Altitude de chaussage (montée) : 1178m
Altitude de déchaussage (descente) : 1185m (un peu de déneigement par le soleil pendant le temps de la course)
Activité avalancheuse observée : que du passé, mais du gros sous le hameau de la Combe et dans les pentes SW de la Roche de Janatan
Montée partiellement sur neige dure mais avec un bon grip, et un peu de neige froide occasionnant du bottage.
Descente parfaite sur velours déjà un peu chauffé. Piste forestière irrégulière, très trafolée mais skiable
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu (par taramont)
Avec Béatrice, Lionel, Marie, Martine, Philippe, Yann
variante par la Combe
Dzonfié ! Personne ne sait ce que ça veut dire mais ça sonne bien et ça résonne encore mieux dans les vallons enneigés.
En ce jour de février de l'An de Grâce 1021 (ou 2021 ? comment être sûr quand des événements aussi extraordinaires que ceux que nous vivons se produisent ?) le Seigneur Papet de l'Avant Pays Savoyard et dont la notoriété est telle qu'il est inutile de vous le présenter, achevait sa campagne de Tarentaise. Toujours pacifiquement belliqueux, il avait levé une impressionnante armée, impressionnante non pas par le nombre mais par la valeur des combattants. Car, on lui avait dit qu'il existait quelque part en Tarentaise, de beaux fortins faciles à prendre. Par ailleurs, il était aussi un peu excédé par ces enluminures, sans doute l'oeuvre du Malin, qu'on voit fleurir à chaque coin de rue de la belle ville de Chambéry et par lesquelles les habitants de cette vallée, les mains dans le fromage, se vantent impudemment d'être beaux et forts. Et ça, la vantardise, le Seigneur Papet n'aime pas du tout.
Un peu entamé par ses 5 jours à abataller sans relâche, il ne rêvait plus que de s'alongir aux côtés de Dame Catherine. Mais il ne s'agissait pas encore de mollir ce matin mais de mener une dernière bataille, celle du Nant Agot où s'agglutinaient d'innombrables blancs boulets.
Par contre, ses troupes,connues sous le nom de Saintes Troupes du Dauphiné, elles n'étaient pas des boulets, je puis vous le dire et je suis là pour vous le dire. Car, comme il a coutume de le faire quand il sent qu'il ne lui restera plus assez de forces pour tenir la plume d'oie, le Seigneur Papet me convoque pour la mission de rendre compte de ses hauts faits. Seulement, moi, ma conscience professionnelle de héraut ne me permet pas de conter ce à quoi je n'ai pas assisté, donc pour les 5 jours précédents, va bien falloir qu'il s'y colle.
Accourue pour cette noble cause au petit matin avec ma suivante Marie, nous avons donc couvert l'événement. Ce fut grandiose. Même si la route fut longue avant d'arriver aux champs de bataille enneigés. Arrivée au Hameau de la Combe, la troupe était déjà chauffée à blanc et mouillée de chaud. Elle a traversé les blancs boulets de canon précités sans sourciller pour se lancer à l'assaut des pentes inoffensives qui se déploient jusqu'au Boulissoire autre hameau qui, malgré son nom prédestiné, ne cachait absolument aucune boule.
Ah des bercuels, ce n'est pas ça qui manque dans le coin ! On en a vu plus que de fortins. Et après le passage de la troupe, il ne restait plus que des ruines, ce qu'elles étaient déjà avant (du moins on le suppose car pas grand chose n'émergeait de la neige).
Après la Bagnaz, Lionel et Yann dans un accès de crise mystique, ont pris l'initiative d'aller ferroyer avec la Croix sans que le Seigneur Papet y trouve à redire. Et pour cause : récitant sa devise « Blanche est la fleur et noire l'épine » comme un mantra, il ne pensait plus qu'à faire capituler le sommet.
Dzonfié ! Hurla-t-il en mettant imprudemment les deux pieds sur la corniche (l'adverbe reflète mon avis et peut-être vais-je au-delà de mes prérogatives en donnant mon avis, mais tant pis, je suis un héraut avec un esprit critique).
De retour au Boulissoire, les intrépides combattants entourés par quelques dames non moins intrépides mais néanmoins affamées, sortirent leur badelaire de la marque Opinel et attaquèrent je ne sais quoi. Car moi, suivie comme il se doit de ma suivante Marie encore un peu handicapée (mais pas molle!) du genou, je préférais le manteau d'hermine pas trop trempé et la collation à l'ombre de quelque épicéa.
J'ai cru comprendre qu'une fois sustenté, le Seigneur Papet aurait bien continué par une campagne d'Italie pour damer le pion par anticipation à ce Napoléon dont on ne sait plus s'il faut fêter le bicentenaire de la mort ou non. Mais Dame Catherine, en accord avec le roi Mario d'Italie et l'empereur Emmanuel de France, n'y était pas favorable par ces temps de peste incolore qui atteint indistinctement Seigneurs et manants, et même les neiges. Donc l'aventure s'arrêta là face au Mont Pourri qui, j'en suis sûre, rêvera cette nuit à ce qu'il lui a été donné à voir par les Saintes Troupes du Dauphiné.
NB : les photos sont en N/B car la couleur n'avait pas encore été inventée au moment des faits