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Accueil > Tous les forums > Neige & avalanches > Skier seul

Skier seul


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Jeroen
[13084 posts] - Le 14/04/2006 01:07

Max Ramstein a dit :J'ai fait partir tout le couloir en le remontant alors que j'étais à 2 mètres de sortir. Lire la suite »

Et j'en profite pour ouvrir le débat : Skier seul, ça nous est tous arrivés. Est-ce bien raisonnable ?

neigerome
[526 posts] - Le 14/04/2006 06:54

Raisonnable de partir seul ?
Peut être pas, cependant il est quelquefois difficile en fonction de nos contraintes (horaires départ-retour) de trouver des partenaires même sur skitour. Après sachant que l'on est seul, il convient d'envisager des itinéraires moins exposé....

Mais pour un départ à 8h15 orienté sud est, ça ne me parait pas raisonnable.
A mon avis même si le bulletin risque d'avalanche annonçait un risque limité de niveau 2 évoluant en risque marqué 3, un départ plus tôt eut été plus judicieux au vue de l'orientation.

A
alain
[189 posts] - Le 14/04/2006 08:27

Je le fais quasiment toujours mais en bon père de famille et à plus de 40 ans je la joue "sécurité"
Travaillant à plein temps dans le monde du cyclisme (sur la course l'Ardéchoise) avec des horaires très modulables mais imprévisibles je ne sais jamais à l'avance mes dispos donc c'est toujours le soir que je me décide.
Autre élément je m'entraîne le plus souvent très tôt le matin pour un retour rarement après 9h.
Ces deux paramètres m'ont obligé à skier avec des précautions :
arva systématiquement (si hors piste) + radio

En réalité le plus souvent en hiver je m'entraîne sur les pistes.

En fonction du temps dont je dispose mes trois domaines sont :
St Pierre de Chartreuse (D=900m par montée)
La montée Oz- sommet l'Alpe d'Huez (plus sympas car sur deux montées on se fait 3000m )
Les vallons de la Meije (jusqu'au col de la Lauze cela fait un joli dénivelé mais surtout dans un cadre dont je me lasse jamais...)

le ski de rando oui mais pou devenir célèbre à titre postume non 😉

M
max38
[42 posts] - Le 14/04/2006 09:21

Salut à tous. C'est à moi qu'il est arrivé cette histoire.
Pendant ma chute, j'ai eu la tête sous la neige pendanun moment dont je ne pourrais préciser la durée. Et pendant ce temps, je me suis dit que si je restais au fond, c'est sûr que j'y serais resté jusqu'à l'été...
A mon avis, si quelqu'un m'avait accompagné, il serait parti aussi. Sulement, peut-être aurait-il eu une autre approche de la pente et aurait préférer renoncé. Personnelment, je ne la trouvais pas dangereuse, puisqu'à la base, c'était une solution de repli car j'avis prévu de faire la Grande Lance. Je m'y suis lancé parce qu'elle me semblait plus securit. Grosse erreur d'appréciation.
Quoi qu'il ensoit, skier à plusieurs n'évite pas le danger, loin de là. Au contraire, il y a quelque l' "effet groupe" assez pervers. Mais en tout cas, s'il arrive un pépin à son coéquipier, on peut toujours lui porter secours et les prévenir.
Ma façon d'aborder la rando n'a jamais été de devenir célèbre, loin de là. C'est plutôt une passion, la seule d'ailleurs, qui me donne vraiment du plaisir, au point d'en être presque un drogue.
Je pense que la prochaine fois que je n'aurais pas de parteaire pour sortir, soit je ferais une sortie à Chamrousse, Freydière, Prabert,..., où on ne se retrouve jamis seul, soit j'irais faire du vélo ou courir.
Voilà, mon récit sur c2c, c'était juste pour prévenir qu'il y avait pas mal de plaque un peu partout, contrairement à ce qu'annonçait meteofrance.
En tout cas, j'ai eu la peur de vie et je peux vous dire que ça m'a bien "calmé".
Sur ce, bonnes randos à tous et au plaisr de vous voir un jour en montagne.
Max

C
carlsson38
[78 posts] - Le 14/04/2006 09:36

Au dela du cliché " SEUL - AVALANCHE", pour moi, il y a aussi le paramètre blessure ou incident technique qui joue énormément.
Une entorse ou une fracture seul en montagne, là où le portable ne passe pas et ça peut être la catastrophe.
On peut jouer le brave en essayant de faire comme (Feu) Mr LAFAILLE qui traina son corps meurtri jusqu'au camp de base de l'Annapurna.
Mais comment réagit on vraiment dans une situation de stress d'accident ?

davidl
[545 posts] - Le 14/04/2006 10:16

salut Max, bien content que t'ais rien eu...

oui aller en montagne tout seul c'est plus engagé mais n'est ce pas ce qu'on (je) cherche??
Pour ma part, j'y trouve étonnament plus de plaisir et plus de satisfaction.
En général, on est plus attentif et on fait plus attention qu'à 2. Mais on n'a aucun repère et parfois on passe "tranquille" des passages bien tordus et parfois c'est l'inverse on n'arrive pas à passer un endroit "assez cool".

Après le cliché, fallait pas partir tout seul, combien de gens tués cette année tous seuls? pas beaucoup.
Beaucoup de gens à plusieurs, se disent "ouais çà va passer" mais le jour où "çà passe pas" y'a pas forcément de 2° chance.

Mais bon le moindre petit pépin quand on est seul...
du moment qu'on sait ce qu'on fait, allez y

fr. Timothée Lagabrielle op
[210 posts] - Le 14/04/2006 10:23

En attendant le dessin de PierrotLeClown (qui va sans doute adorer ce sujet classique 😉 ), j'y vais aussi de mon commentaire/avis perso.
Selon moi, "sortir seul" regroupe trop de cas différents pour être traité en bloc. Ca n'a rien à voir de partir seul faire un Chamechaude ou un Grand Van un dimanche matin que d'aller seul faire un couloir en 5.12 dans les Andes !
Cela dit, quand on va en montagne seul on sait (enfin, en tout cas c'est mon cas) qu'on s'expose à un risque supplémentaire en cas de soucis (quelque soit le soucis : pas seulement l'avalanche, mais le moindre bobo) qui vient du plus grand temps de réaction pour être secourru. Du coup, un truc vraiment bête peut prendre de l'ampleur parce qu'on doit s'en sortir seul.
On voit ça au moins deux fois dans les romans de Frison Roche sur la montagne où des gars partent seuls en course et se retrouvent bêtement bloqués à attendre un hypothétique secours... et combien de fois dans la réalité ?!?

Cela dit, loin de moi l'idée de vouloir limiter cela, par contre il faut être conscient de ce qu'on fait. Si je pars seul en montagne, pour une balladounette je vais dire en gros où je vais et pour un truc un peu plus sérieux je vais donner un itinéraire plus précis...
En tout cas, je suis content pour Max qu'il soit là pour nous dire ce qu'il a eu...

D
davidg
[1240 posts] - Le 14/04/2006 10:24

Bonjour Max et Jeroen

J’ai fait le calcul suivant pour un article publie dans The Avalanche Review, l’équivalent de Neiges et Avalanches aux Etats-Unis.

"Dans la base de données de SkiRando.ch (2003-2004 alpes du Nord) 14% de randonnées sont faites par de skieurs seuls pendant les week-ends, atteignant 33% les jours de la semaine. C'est probablement parce que peu de co-équipiers sont disponibles en semaine. Le chiffre global est 25%; mais seulement 17% des morts d'avalanche ont impliqué un skieur de randonnee seul. Il semblerait que les skieurs seuls prennent moins de risques que les groupes ou prennent des itinéraires populaires tels que Chamchaude qui seront plus stabilisés par le passage des skieurs."

naturellement si quelque chose arrive vous risquez de passer un bon moment sous (ou sur) la neige 😮

M
Man
[159 posts] - Le 14/04/2006 13:11

Salut à tous. C'est à moi qu'il est arrivé cette histoire.

Hello Max,

Nous nous sommes rencontrés cet hiver sur le parking de la Martinette le jour ou tu es allé faire SEUL le couloir sud-est du rocher d'arguille (nous étions en face en train de mouchillonner).

Content aussi que tu aies pu t'en sortir sain & sauf !

En ce qui me concerne, il y a quelques années, je sortais souvent tout seul en ski de rando et en vtt même pour des trucs durs.

Je me suis calmé (même si cela m'arrive encore quelque fois) suite à une chute à vtt dans un sentier un peu loin de tout ou j'ai été bien content de ne pas être tout seul pour pouvoir rejoindre un bout de route et une maison pour attendre la les pompiers (je m'étais fendu le bassin).

Je pense qu'il est toujours bon d'analyser à tête reposée les conditions de sa pratique suite à une mésaventure si on a eu la chance de s'en sortir et d'en tirer les conclusions.

Voila pour mon témoignage,

Man,

B
Borsd
[29 posts] - Le 14/04/2006 15:21

Salut Max,

Content que ton "alerte" se soit bien terminée...

Pour avoir connu un peu la même chose (boulimie de pente (seul ou pas) remise en question par un gros débaroulage dans un couloir à 45/50 du à une plaque (à la montée également)) il semble qu'il y ait tout de même quelque chose de quasi inéluctable dans le processus...
Comment ne pas avoir envie de pousser la pratique un peu plus loin alors que jusque là tout parait finalement si facile et jouissif. "Le ski extrême, C'est facile juqu'au jour où on tombe" disait je ne sais plus quel précurseur inspiré (ca doit pas être Vallençant).
Il ya un article interressant de l'anena sur le caractère heuristique de la prise de risque vis à vis des avalanches (plus ca passe, plus on risque (même si "raisonnablement" ca poque), et si ca casse on revient à la case départ et on jure ses grands dieux qu'on ne l'y reprendra plus (si on en a encore le loisir))

Ce qui est marrant (ou pas), c'est qu'il est toujours plus facile de déceler un "engagement excessif" chez l'autre que chez soi (Combien de fois on (BLMS) s'était dit que Fab, il engageait quand même rudement... alors que des plus sages (des "deja alertés") devaient penser la même chose de notre pratique)

Un autre truc sur les 'alertes' (théorie confiée par Jean Bouchet, le maitre es-torchage, à l'enterrement de Fab), c'est qu'il ne suffit pas d'en avoir une petite pour remettre en question sa pratique: sous un certain seuil (si on s'en sort "trop" bien), ca ne fait que confirmer le sentiment d'invulnérabilité (Avant l'accident à la roche d'Alvau, je m'étais pris une plaque en remontant le glacier long à l'automne (j'étais seul), 50m au dessus de moi à la base d'un ressaut en glace toute la largeur du couloir s'est détachée sur 20/30cm. J'ai gainé sur mon piolet et ne me suis pas fait enporter (sérac en dessous...)) Ca ne m'avait pas plus ébranlé que ça à l'époque.

Après faut il pour autant faire une croix sur la pente raide quand on est seul, c'est un choix personnel, mais il semble quand même que sortir en neige transfo permet de bien belles choses sans avoir à gérer la boule dans le bide quand on traverse la moindre accumulation de neige froide.

jipé
- Le 14/04/2006 16:23

skirando.camptocamp.com/guide.html?reason=sdetail&ids=26053

R
Rififi
[85 posts] - Le 14/04/2006 19:44

Bonjour,

Heureux que Max ait pu témoigner.
Pour moi, en montagne (comme en mer) il n'est pas concevable de faire une course seul ; c'est une approche perso en relation avec l'idée que je me fais de la rando à ski : plaisir et partage.
Bien entendu j'entends par seul une sortie ou l'on ne croise personne.
Hors du contexte hivernal des situations peuvent se produire qui augmentent ou créent le risque : entorse, fracture, autres bobos, mais aussi brouillard, etc...
Dans le contexte hivernal le froid et les risques d'avalanches viennent s'y ajouter.
Depuis environ 3 mois que je me suis inscrit à skitour, je suis pas mal surpris qu'autant de sorties se fassent seul(e).
C'est aussi la vocation du site, il me semble, que de donner la possibilité à des "solitaires" de trouver des compagnons de route.
Je précise que je respecte ceux et celles qui sortent seul(es) dans la mesure où ils s'éclatent et sont conscient des risques qu'ils encourent.

Salut,

Philippe.

Hervé.C
- Le 14/04/2006 22:13

Salut à tous,
il y a maintenant 20 ans (et oui, ça passe) j'ai passé 8 heures avec une jambe cassée tout seul en attendant les secours.
Heureusement ce jour là, je n'ai pas changé l'itinéraire que j'avais donné à ma famille, comme j'en ai eu l'intention au départ.
Je m'étais dit que je ne repartirai plus tout seul, mais habitant près du Dévoluy, lieu très fréquenté, je me suis laissé tenté à repartir seul depuis 2 ans, me disant que je serai toujours à vue de quelqu'un.
Aujourd'hui j'étais à la tête de Lapras et descente par Pivallon, je n'ai vu personne, l'expérience d'il y a 20 ans trés présente en moi m'a surement aidé à assurer tous mes virages.
La course n'en fut que plus belle surement exalté par ce sentiment de solitude.
Donc pour moi skier seul c'est oui, par bonnes conditions nivologiques, par grand beau temps, et surtout sans changer l'itinéraire que l'on à pris soin de donner à ses proches.
Hervé

titeuf
- Le 15/04/2006 11:17

salut
d'abord très heureux que tu ai pu t'en tirer sans blessure si ce n'est psychologique;
je me suis dit plusieurs fois en voyant tes sorties que tu engageais gros en terme nivologique et j'ai aussi pensé qu'à ce rythme il allait t'arriver des bricoles;
Cela étant j'étais heureux que tu sois passé dans la nord du colon la veille de mon passage avec une grosse poudre, ce qui n'assure en aucun cas mais bon ...
Grace à internet beaucoup s'engagent dans des trucs raides ouvert la veille pas d'autres(seul ou pas) : cf l'enchainement de la semaine dernière: 3 évéchés et argentiere , ou il n'y avait pas moins de 10 traces le lendemain vu depuis le refuge des aiguilles d'arves alors que les "ouvreurs " étaient 2;
Cet effet cumulatif dont parle matthieu est édifiant à maints égards lorsque 'on cherche à éléver son niveau de pratique; le sentiment d'invulnérabilité virtuelle entretenue par maintes sorties excellentes, en conditions nivos à risques ou pas, nous amène à oublier certaines précautions élémentaires que chacun connait, et à sortir coute que coute ou presque dès qu'un créneau météo colle avec l'agenda de disponibilité;je me rapelle la phrase de Nat qui disait très justement qu'il ne sortirait plus coute que coute dès que le soleil et l'agenda seraient cncordant;
Sortir à plusieurs c'est augmenter les chances que plusieurs partent avec l'avalanche, c'est favoriser la discussion sur la faisabiité du dit couloir, c'est augmenter les chances d'être récuperer par ses amis non enfouis, c'est risquer l'effet de groupe sauf à exercer un libre arbitre intraitable;
Bref on trouve des arguments dans un sens et dans l'autre;
Pratiquer seul, je crois, c'est possible mais en engageant moins , en indiquant un itinéraire comme le dit très justement Hervé( rien n'est une bouse comme on le lit souvent: on voit des avalanches sur la plus fameuse d'entre elles: Chamechaude; même là il vaut mieux laisser l'itinéraire à un ami ou sa famille), avec des conditions nivos corrects;
Appliquons la bonne maxime du vol libre: il n'y a pas de bons skieurs, il n'y a qu de vieux skieurs;
bon ski à tous; 😉

php
- Le 15/04/2006 12:24

Beaucoup a été dit et bien dit sur les probabilités d'accident.
Perso, étant intraitable sur les horaires (de lever surtout), je ne trouve pas grand monde pour partir avec moi.

Néanmoins, même seul (ou supposé l'être), j'ai toujours avec moi le kit pelle-Arva-Sonde, car je m'en voudrais toute ma vie de ne pas pouvoir secourir une personne ensevelie (seule ou non) par manque de matos.

Je croise pas mal de solistes avec un mini-sac à dos sans visiblement de pelle, voire de sonde. Qu'on ait la caisse (c'est mon cas) ou non, on peut bien s'alourdir de 500g pour ne pas être confronter à un cas de conscience.
Ca peut arriver par risque 2 ou 1, conditions printanières favorables (cf Grand Pinier ou Râteau il y a quelques années, 4 morts dans chaque).

Je ne dis pas toujours bonjour sur les autoroutes, mais je reste attentif à mes congénères.

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