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un-jour-un-miracle-je-sonde-la-neige-et-l-avalanche-se-declenche - Neige et avalanches


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Proposé par fredo73 le 27.12.23 à 12:35 :: www.lemonde.fr :: 3643 vus :: 6 commentaires :: Neige et avalanches

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Commentaires

Jeroen, le 27.12.23 16:18

Témoignage intéressant... mais réservé aux abonnés !😉

cm38660, le 27.12.23 22:45

Dommage....

T
thib05, le 30.12.23 09:01





« Nous sommes en mars 1998. Je viens de passer une semaine en séminaire d’entreprise, une semaine compliquée, fatigante et stressante. Cela fait trois mois seulement que j’ai rejoint cette nouvelle société, je ne m’y sens pas encore bien ancré sur mes deux pieds. Ce séminaire de direction a pour objectif de crever des abcès, parce qu’il y a des conflits au sein de la boîte. C’est douloureux, éprouvant. Au cours de la semaine, mon partenaire de ski de randonnée m’appelle pour me proposer une sortie le samedi, parce que les conditions sont fabuleuses : il est tombé de la neige poudreuse en quantité, il fait beau… Je n’ai pas le temps d’y réfléchir, et je lui propose de choisir le parcours. C’est sa première saison. Il est en bonne condition physique mais connaît mal le terrain, tandis que je suis dit “expérimenté”, avec quinze ans de ski de rando derrière moi. Il aurait fallu que je sois vigilant, mais je suis fatigué. Ce samedi 15 mars, nous nous retrouvons donc, le matin, pour cette sortie. Il me dit qu’il a choisi le mont Charvet, dans les Aravis. Immédiatement, je pense “aïe” : ce n’est pas idéal, compte tenu des conditions. Mais je lui ai proposé de choisir l’itinéraire. Il est débutant et heureux de l’avoir fait, et je ne veux pas lui gâcher ce plaisir, ni nous mettre tous deux dans une position désagréable en le désavouant. Je me contente de lui dire qu’on n’ira peut-être pas en haut. Nous partons. C’est moi qui fais la trace, je monte en premier avec les peaux de phoque. Il fait grand beau, plutôt froid, c’est magnifique. Au début, la neige est extrêmement saine, c’est une belle poudre, avec une bonne cohésion. Nous faisons ainsi environ 1 000 mètres de dénivelé, pendant lesquels je reste prudent sur l’itinéraire. J’ai dix minutes d’avance sur mon partenaire, par mesure de sécurité. Je change d’orientation, et là, la neige change immédiatement de qualité. Je perçois le risque d’une plaque à vent – un amas de neige qui peut déclencher des avalanches. Il faut s’arrêter là. J’enlève mes peaux de phoque et attends mon coéquipier. A son arrivée, je lui explique que nous ne pouvons pas poursuivre. “On ne verra pas le sommet, mais on va faire une belle descente”, lui dis-je. Il ne comprend pas. “Non, on peut continuer un peu”, me répond-il. Alors je commets une erreur : au lieu de lui opposer des faits tangibles, une analyse factuelle, je me contente de lui dire : “Je ne le sens pas trop.” Fichue fatigue due au séminaire ! Bien sûr, pour lui, c’est incompréhensible, pas argumenté. Il insiste, et je me laisse convaincre. « Il faut se tirer d’ici ! » On mange le casse-croûte, puis je remets les peaux. Je sonde la neige cinq fois sur 150 mètres, parce que je suis inquiet. La cinquième fois, je sens la plaque à vent. J’enfonce le bâton, et d’un seul coup il n’y a plus de résistance, ce qui signifie qu’il y a une couche d’air. Je me dis : “Il faut se tirer d’ici !” Mon partenaire est 50 mètres derrière moi. Je fais une conversion, c’est-à-dire un demi-tour, pour rebrousser chemin. Et, là, je perds l’équilibre et je tombe en arrière, sur le dos. La plaque vient de se déclencher. Toute la neige est en train de partir. Je tombe, je glisse par le bas, et en même temps la neige me recouvre. Je compte quatre secondes avant d’être enseveli. Je donne un grand coup de reins pour être sur le ventre et tenter un vague crawl. Je glisse. La chute dure probablement une minute. J’ai l’impression d’être dans une machine à laver, je suis secoué dans tous les sens, en apnée ; de temps à autre, ma tête sort de la neige et je peux reprendre ma respiration. Le bruit est assourdissant, un grondement sourd, un roulement, on dirait une bibliothèque qui s’effondre en continu. Je me bats à chaque instant. Je n’ai pas peur du tout, parce que je n’en ai pas le temps. Je sens que tout s’accélère. Je sais que le glissement est en train de m’emmener vers une falaise. Soudain, je sens que je suis dans le vide, au milieu de la neige. Dans ma tête, je compte : “Un, deux, trois.” Je me dis : “Ça fait trois secondes. Tu vas t’écraser.” Je heurte une première fois la falaise, puis je pars en toupie. Je n’éprouve aucune douleur, rien. Je continue de tomber. Et je perds connaissance. Je me réveille, enfermé dans un cocon gris sombre. Je reprends conscience, je me souviens de l’avalanche, puis de la chute. Je ne peux pas bouger. Je sais que je suis sous l’avalanche, et conscient. Immédiatement, je pense : “Tu vas mourir.” Je sais que le temps de survie moyen est de quinze minutes. Je ressens un désespoir total pendant quelques secondes, mais, dans ces situations-là, on n’abandonne pas. En tout cas, je n’abandonne pas. Je sens que je suis sur le ventre, et globalement à plat. On dit qu’il faut essayer, dans ce cas, de faire de l’espace autour de soi pour créer une bulle d’oxygène. Je fais tout pour bouger un peu, de quelques millimètres. Miracle, je parviens à sortir le bas d’une jambe, le pied et le tibia. Je comprends que je suis sous très peu de neige, entre 20 et 40 centimètres seulement. Mais je n’arrive à rien faire de plus. Je me dis : “Génial ! Tu vas faire signe avec le pied qui bouge, et les secours vont venir te chercher.” Mais mon coéquipier a-t-il été enseveli lui aussi ? Personne ne va venir. “Tu vas crever la gueule dans la neige et le pied dehors…” Je passe constamment de l’espoir au désespoir. Me ressaisissant, je me dis : “Tu ne vas pas en rester là.” Je décide de manger la neige. Je sais que je suis à l’horizontale : si je mange la neige, cela finira par créer de l’espace pour que la neige qui est au-dessus s’écoule et glisse en dessous, comme un sablier. Au bout d’un moment, j’aperçois un trou bleu au-dessus de ma tête. Soulagement. “L’air circule, donc tu peux attendre.” L’instant d’après, je pense : “OK, tu respires, mais tu vas mourir de froid.” Je réessaie de bouger, je parviens à me dégager complètement la jambe, que j’utilise pour pelleter la neige au-dessus de mon autre jambe. Enfin, la deuxième jambe sort et, d’un coup de reins, je suis dehors. Je suis tout seul. Je vois la falaise au-dessus de moi. Frigorifié, je ne suis pas en état de porter secours à mon compagnon. Mon sac à dos est resté en place. Je l’ouvre pour enfiler une veste que j’avais à l’intérieur. Mais j’ai une fracture ouverte du coude et, à chaque fois que j’essaie de mettre la veste, mon bras part dans le mauvais sens. Je ne ressens rien, aucune douleur. Je suis traversé par une double émotion. D’abord : “Tu vas t’en sortir.” Et, juste après : “Tu as le devoir de porter secours.” Je me mets en mouvement, fais trois pas, et là je m’effondre. Des douleurs immenses se réveillent dans mes deux jambes. J’apprendrai plus tard que j’ai une entorse à chaque genou et à chaque cheville. Plus humble, plus vigilant Je ne bouge plus. Moins de dix minutes plus tard, les secours arrivent. Des skieurs qui avaient vu l’avalanche les avaient alertés. L’hélicoptère se pose, je leur explique que je ne sais pas où se trouve mon coéquipier. Ils repartent. En fait, il n’avait pas été emporté, il était en bord d’avalanche et me cherchait. L’hélico revient, civière, hôpital. Fin de l’histoire. Il a fallu deux mois pour réparer les “dégâts”. Un an pour retrouver ma condition physique, et reprendre le ski de rando. Sur le plan émotionnel, c’est autre chose. J’ai fait une dépression post-traumatique. Les médecins m’ont dit qu’il y avait deux types de réaction : ceux qui sont fous de joie de s’en sortir, et ceux qui culpabilisent. C’était mon cas. On n’est plus jamais comme avant. Avant, j’étais extrêmement sûr de moi, j’avais l’impression de tout savoir tout le temps, je ne doutais jamais. Je sais que cela peut être une qualité : cela donne à certains l’énergie de déplacer des montagnes. Mais cet événement m’a rendu plus humble, plus vigilant. Aujourd’hui, je sais abandonner. J’ai progressé dans la gestion du risque, ce qui était important dans ma vie professionnelle. J’ai appris aussi à discerner le sentiment et l’analyse factuelle, et à me fier davantage aux faits. Ce miracle a été immensément utile dans ma vie. Je m’y suis aussi forgé une conviction : ce n’est pas parce qu’on se bat que l’on s’en sort. Mais il faut se battre quand même. »

Titifb05, le 02.01.24 20:29

👍

I
Invité, le 10.01.24 08:31

Bravo, belle esprit combatif et leçon à retenir,  il faut tjs rester humble face à la montagne 

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