Départ : Les Pars (foyer ski de fond) (1410 m)
Topo associé : Le Grand Châtelet (épaule sud), SW depuis les pars
Sommet associé : Le Grand Châtelet (épaule sud) (2461 m)
Orientation : SW
Dénivelé : 1315 m.
Ski : 1.3
Sortie du samedi 16 janvier 2021
taramont, 100T, Marc Papet, Cath38
Conditions nivologiques, accès & météo
Brumeux le matin, ciel se dégageant petit à petit pour parvenir à grand beau, température basse sans vent sauf une petite bise mordante sur la crête
Etat de la route : enneigée direction les Pars
Altitude du parking : 1410m
Altitude de chaussage (montée) : 1410m
Altitude de déchaussage (descente) : idem
Activité avalancheuse observée : des coulées pas très importantes des deux côtés du vallon de l'Ormente. Sinon RAS
Neige froide exceptionnelle. 5* luxe sans discussion, tant en E qu'en W
Neige fraîche de l'ordre de 50 à 80 cm. Plus rien à toucher. On ne touche même plus terre.
Quelques rares cailloux sur la crête, visibles et évitables.
Plutôt que de descendre par cette crête, nous avons préféré descendre en E puis remonter vers le replat en NW du Dôme de Vaugelaz.
Activité avalancheuse signalée dans la zone ce jour, voir la carte.
Skiabilité : 😄 Excellente
Compte rendu (par taramont)
Avec Caroline,
topo + une descente en E depuis le sommet jusqu'à 2100, remontée sur la crête entre Vaugelas et Châtelet + une descente W jusqu'à 2000 et une courte remontée pour trouver une bonne descente dans le vallon de l'Ormente
Avertissement : que ceux qui n'aiment ni l'Histoire ni les histoires, cliquent rapidement ailleurs s'ils ne veulent pas d'aigreurs d'estomac.
Audez bonnes gens, l'empereur a dit : c'est la guerre, cet ennemi sournois doit être trucidé sur le champ, faites diligence, vous n'avez que jusqu'à 18h, ensuite tous couchés dans vos châteaux en ruines ou vos chaumières pourries de manants ! Et si vous n'avez pas de résultat, je vous bloque à nouveau tous vos ponts-levis et c'en est fini de votre vie de loisirs si peu virils de randonnée à skis dont même des femmes sont capables !
Au fond de son fief de l'avant-pays savoyard, le seigneur Papet compris qu'il s'agissait de la guerre des flocons, vous savez, ceux que les savoyards essaient de confisquer aux chartrousins. Aussi, en ce jour de grâce (mais pas de grasse mat) leva-t-il aussitôt une armée qui ne brillait certes pas par son nombre mais par sa fidélité et surtout par sa vaillance. Ne s'agissait-il pas de passer au fil des carres les plus affûtées ces infidèles flocons passés à l'ennemi ?
Le seigneur Papet s'était entouré de Dame Catherine laquelle s'était dit autant guerroyer que poiroter à attendre le retour de mon adoré. Et puis il y avait l'intrépide seigneur Jacquot, venue des faubourgs de Lugdunum, toujours prêt à en découdre et dont la devise brodée sur un bonnet péruvien, témoin de plus d'une guerre, dit en substance : « Il n'est pas encore levé le vent qui pourrait me chauffer les oreilles ». La 4e larronne était Dame Caroline, toujours prête, elle, à laisser mari et enfants en pays du Grésivaudan pour prêter main-forte. Enfin, il y avait sa suivante, votre servante, qui essayait de suivre pour documenter fidèlement ces hauts faits.
Aux Pars, ils parvinrent sur une espèce de champ de foire où malgré l'heure matinale s'agitaient déjà de multiples troupes. Tels des damoiseaux ailés avec leurs poulaines en carbone, leurs hauts de chausse moulant des fessiers laissant rêveurs ou perplexes, leurs pourpoints éclatants et leurs heaumes plastifiés, ils avaient l'air de s'élancer vers quelque forteresse inaccessible où les attendrait, sans grande patience, la gente dame de leurs rêves. Rêves qu'ils pourraient ensuite chanter en vers, en prose ou en galimatias (c'est selon) dans les cours virtuelles où le public les ovationnerait ou les commenterait sévèrement (là encore c'est selon).
Bien que ce Châtelet constituât un objectif modeste, la troupe du seigneur Papet aurait bien voulu l'atteindre toute seule. Quoique très déçus, ils renoncèrent à renoncer. Bientôt cependant, ils virent qu'à part trois avatars de Jeanne la Pucelle, tout sourire et tous pépiements dehors, presque la totalité des belligérants partaient pour d'autres batailles. Soulagement
Soulagement et extase car toute bataille mérite cadre grandiose pour magnifier les actes héroïques rapportés. Et que dire de ce paysage-là quand on vient de l'austérité faite montagne ? Simplement ceci et vous aurez tout compris : on croyait entrer dans une image de Veloski.
Dire que le sommet fut conquis puis dévalé en bataille rangée serait un peu abusif. Seuls étaient rangés, ou artistiquement entrelacés, les serpentins coulant sur une neige à nulle autre pareille.
Ce Châtelet sera à coup sûr chanté par les hérauts des seigneuries présentes et plus d'une dame absente n'aura plus que son fin mouchoir de lin pour pleurer. Savoir si la relation de ces hauts faits suffira à laisser les ponts-levis de France et de Navarre ouverts est une autre question .
NB : Cette journée ayant été une journée de ski exceptionnelle, ma galerie de photos se limitera, contrairement à mon habitude, à des photos de ski, à part quelques détails qui ont attiré mon attention. De toute façon, cette région est si régulièrement et si magnifiquement illustrée que j'allais me couvrir de ridicule avec des images de second rang. Mes acolytes en ajouteront d'autres.