Départ : Ailefroide (1522 m)
Topo associé : Dôme des Ecrins, Traversée Ailefroide-Villard d'Arène
Sommet associé : Dôme des Ecrins (4015 m)
Orientation : T
Dénivelé : 6600 m.
Ski : 4.3
Sortie du dimanche 8 mai 2016
Conditions nivologiques, accès & météo
Jeudi et Vendredi : Beau et doux
Samedi : Nuageux sur le Pré, beau sur la Bérarde
Dimanche : Beau sur les Etançon, nuageux sur Villar d'ArèneEtat de la route : ok
Altitude du parking : 1718
Altitude de chaussage (montée) : J1 : 2100m; J2 : 3170m; J3 : 1874m; J4 : 2200m
Altitude de déchaussage (descente) : J1 et J2 : Au refuge; J3 : 2080m dans le vallon du Vénéon, J4 : 2000m peu après Valfourche
Activité avalancheuse observée : RAS, tout était stable, un peu de neige lourde sous 2500m
Lieu | Alt. | Ori. | Heure | Qté. | Type | Com. |
---|---|---|---|---|---|---|
Couloir Pic de Neige Cordier | 3614 - 3483 | W | 12h | 0/ ??? | Dure | Neige dure dans le couloir peu agréable 2* |
Col Emile Pic | 3483 - 3170 | S | 14h | 20 / ??? | Transfo lourde | Neige déjà trop transformée à 14h mais ca skie 3* |
Dôme des Ecrins | 4015 - 3200 | NE | 8h30 | 0 à 10 /??? | Poudre tassée | Neige superbe 4* |
Col de la Grande Sagne | 3400 - 1874 | S | 11h30 | 10 puis 20/?? | Moquette | Bonne neige au début, un peu lourde à la fin 4* |
Col de Coste Rouge | 3192 - 2083 | W | 12h | 0 puis 10/ ??? | Moquette | Neige dure au départ puis moquette 4* |
Couloir col de casse déserte | 3483 - 3300 | E | 12h | 0/??? | Dure | Mauvaise neige 1* |
Bas de la descente | 3300 - 2000 | E | 13h | 10/ ?? | Moquette | Bonne neige 3* |
Skiabilité : 😐 Correcte
Compte rendu
Avec Noémie, Vinchy, Glad
Villar d'arène - Pic de Neige Cordier - Col Emile Pic - Refuge des Ecrins - Dôme des Ecrins - Col de la Grande Sagne - Pré de Madame Carle - Glacier Noir - Col de Coste Rouge - La Bérarde - Châtelleret - Col de la casse Déserte - Source de la Romanche - Villar d'Arène
Les musulmans ont la Mecque, les catholiques, Saint-Jacques de Compostelle, nous skieurs du Dauphiné, nous avons les Ecrins ! En ce beau week-end de l'ascension, tout le gratin Dauphinois s'était donné rendez-vous dans les Ecrins. Nous suivrons tout naturellement le mouvement.
Nous avons aussi rencontré de bonnes conditions, résumé dans l'en-tête de la sortie pour ceux qui ne veulent pas lire mon charabia !
Tout comme Bart-S, j'ai lu avec admiration les récits de la team Maud, JB, Louis et Manu que je n'ai malheureusement pas la chance de connaitre. Tout comme Bart-S vous m'avez fait rêver avec vos récits de pentes raides et d'ouverture de voies, Il en reste encore plein, revenez !
Malheureusement je n'ai pas la prétention du niveau de mes aînés et je me contenterai d'une modeste contribution en réalisant, je pense, un tour original reliant différentes classiques du coin pour un point de départ et d'arrivée identique :Villar d'Arène !
En revanche et à la différence de Bart-S, j'ai une copine qui est prête à me suivre et qui a vécu son 1er 4000, son 1er raid à ski et son 1er 4.3. Le tout dans un même week-end ! Elle qui en début de saison n'avait fait que des sorties d'initiation au ski de randonnée avec son club de l'ASVEL à Lyon, se retrouve dans un raid technique et long ! Je tiens vraiment à dire que je suis fier d'elle et que j'ai rarement vu quelqu'un progresser aussi rapidement (Personnellement, il m'a fallu plusieurs années avant d'aller traîner mes spatules dans le 4). Elle me suit partout, avec le sourire et sa joie de vivre et ça c'est le plus beau cadeau qu'elle puisse me faire !! (promis, la séquence émotion est finie !)
Pour ce tour, nous serons accompagnés de la bonne humeur de Vinchy et Noémie ! Merci à eux qui ont grandement contribué à la réussite de ce tour.
Mercredi 4 Mai 2016 : Montée au Refuge de L'alpe (D+400m).
Nous avons rendez vous à Vizille à 18h avec Vinchy et Noémie. Vous connaissez le Quart d'Heure Grenoblois ? Ce fameux Quart d'heure qui permet de justifier son retard grâce aux bouchons de l'agglomération ! bref, il a bon dos le trafic. Nous partirons donc de Vizille à... 18h45. Arrivée à 20h à Villar d'Arène, nous nous mettons rapidement en branle-bas de combat avec des sacs bien trop lourd ! Nous montons sous les dernières lueurs du soleil, qui permettent d'avoir de belles photos. Mis à part une rivière récalcitrante, nous ne rencontrerons aucune difficulté. Au refuge, nous avons le droit à un chaleureux accueil du gardien et de son chat.
Jeudi 5 mai 2016 : Pic de Neige Cordier par la Brêche des Agneaux - Traversée vers le refuge des Ecrins par le col Emile Pic : (D+ 1600m / D- 500m).
Lever à 4h du matin, 1er petit-déjeuner en refuge, tout le monde est en forme, on ne tarde pas à partir. Montée efficace sur une neige regelée à souhait. Les paysages sont grandioses avec ce ciel sans nuages. Nous avons le droit à un super lever de soleil peu au dessus du col d'Arsine (vers 2600m). Nous rejoignons la cordée de tête sous le couloir dont nous aurons la gentillesse de laisser galérer à la trace (pardon de les laisser tracer), merci à eux ! Nous sommes une bonne dizaine pour le pic de Neige Cordier. Sur la crête, le temps est toujours parfait, sans vent et un soleil qui règne en maître ! Les manips ski / cramponnage / ski / cramponnage nous font retardent beaucoup et c'est seulement vers 11h30 que nous atteignons le sommet avec le gros des troupes. Gladys est déjà bien entamée mais heureuse de son premier sommet à plus de 3600m du périple ! Etant avec des amis, il a fallu que je fasse le malin à chausser au sommet pour redescendre le petit couloir sous ce dernier. Après une arête un peu aérienne (c'est peu de le dire...), je m'engage dans le couloir qui est tout sauf en condition, sur une neige archi dure et traffolée par les passages et le vent, j'arriverai tout de même à faire trois virages avant de rejoindre le col Emile Pic. Je serais le seul ce jour à skier le sommet, les autres redescendrons en crampons. Au col, c'est l'heure de pointe aux rappels, nous devrons patienter quelques minutes avant de pouvoir poser le notre... Nous finissons par redescendre au refuge des Ecrins à 14h, bien trop tard pour cette face sud qui a déjà bien pris le soleil. Fin de la première étape et déjà quelques signes de fatigue mais tout le monde est heureux et arrivé à bon port!
Vendredi 6 mai 2016 : L'apothéose au dôme des Ecrins et descente au pré de Madame Carle par le col de la Grande Sagne (D+ 1150m (950 + 200) / D- 2400m).
Au refuge des Ecrins, c'est l'effervescence. Il est complet et international. On ne s'entend plus parler, bref, on se croirait aux galeries Lafayette de Grenoble un samedi de soldes. Il y a même deux services le soir. Nous mangeons avec un couple de l'Argentière et deux Hauts-Savoyards atypiques et mal engagés pour leur traversée de la barre des Ecrins (le premier venait de se prendre un radiateur dans la tête, le second, était malade). Heureusement l'accueil est très chaleureux. Réveil à 4h (en fait, 3h45), il faut faire la queue pour aller au toilettes ! Après avoir avalé un copieux petit déjeuner, nous entamons la descente vers le glacier blanc. Sur neige dure et traffolée, c'est déjà une première épreuve pour le groupe. Il est 5h20 et nous commençons la montée vers le dôme. Le premier groupe a déjà près d'1h d'avance sur nous ! La bise glaciaire nous refroidi bien, il fait -6°C. La montée se passe sans encombre. Comme la veille, le ciel bleu règne en maître et nous bénéficions d'un magique lever de soleil. Nous montons sur un petit rythme de sénateur, vers 3800m, Glad commence à souffrir de l'altitude et nous ralentissons quelque peu le rythme. Finalement, nous atteignons le sommet peu avant 8h30, au moment où la première cordée (deux jeunes de l'Argentière rencontrés la veille au refuge que je les salue au passage) entament leur descente. Après la séance photo sur un sommet incroyablement déventé, nous nous engageons sur une descente très agréable du dôme sur une poudre tassée (une des meilleures descente du séjour). Sur le glacier blanc, nous repeautons en direction du col de la Grande Sagne accompagné par deux autres Grenoblois. Au col, nous réalisons une petite sieste en attendant que le couloir soit en condition. Vers 11h30, on s'engage dedans. Nous posons une main courante pour permettre aux filles de descendre la partie raide. Merci à nos deux compagnons du jour de nous avoir aidé dans les manips, ça a bien accéléré les choses !! La neige dans le couloir est revenue à point et limite un peu chaude sur le bas. Un poil technique pour Glad qui fera une majorité du couloir en dérapage ! Mais elle a passé son premier 4.3 et son premier 4000 !! La descente face au Pelvoux, pic sans nom et Ailefroide est juste magique. Arrivée à 14h au refuge du Pré de Madame Carle où nous partagerons des Tourmentes pour fêter cela !
Samedi 7 mai 2016 : Le jour où les nuages sont arrivés Traversée vers la Bérarde par le col de Coste Rouge - Vallon du Vénéon - Plat des Etançon - Refuge du Châtelleret (D+ 2000m (1500 + 500) / D- 1500m)
Au passage, superbe accueil au refuge du Pré de Mme Carle, que ça fait du bien d'être au calme. Le refuge nous offre même un petit kir en demi-pension. Nous rencontrons également une équipe de Suisse qui viennent "seulement" de réaliser la barre en A/R depuis le pré, chapeau les gars.
Nous y sommes, la journée la plus longue du périple : 2000m de D+ et surtout 25km en distance, dont une bonne partie à pied du côté de la Bérarde ! Lever, comme d'habitude, à 4h du matin, nous partons à 4h45. Le ciel est complètement bâché. Nous chaussons dès le pré à 1874m. La remontée du glacier noir se passe bien. Nous croiserons un bivouac à 2800m et pas mal de monde pour un endroit assez peu fréquenté habituellement. L'objectif initial était le col de la Temple. Mais à 3000m, nous entrons dans le brouillard et nous décidons d'aller au plus évident : le col de Coste Rouge. Après un joli fourvoyage sous les dents de Coste Rouge et un rajout de 100m sur le D+ (pas toujours au goût des filles), nous arrivons à remonter le couloir. Le début est gouloté et barré par un gros cailloux. Après ce passage pimenté et assez stressant, la montée déroule. Descente de l'autre côté dans une neige dure et sous le ciel bleu ! Le col fait barrage aux nuages. La descente du glacier de Coste Rouge est superbe, les Séracs sont atypiques et les faces rocheuses imposantes. Une vieille coulée nous permettra de rejoindre le fond du vallon et de déchausser à 2080m. J'ai aussi pu observer le glacier long d'Ailefroide, un futur objectif !. La fatigue est là, les pauses s'allongent, il reste encore toute la partie à pied à réaliser. A 12h45, nous nous mettons en route pour près de 4h de portage. Sur le chemin, nous croisons quelques touristes médusés par notre attirail. Pause salvatrice à la Bérarde vers 14h avant de remonter au refuge du Châtelleret. Nous y serons accueillis à bras ouvert par la Gardienne. Cette dernière nous aura préparé une tartiflette salvatrice ! Nous sommes que 6 au refuge pour cette dernière nuit d'ouverture (et de périple pour nous). Ca fait du bien, c'est reposant !
Dimanche 8 mai 2016 : Au bord de l'épuisement au col de la Casse Déserte mais heureux ! (D+ 1500m / D- 1750m).
Lever de nouveau à 4h pour un départ à 5h. Le projet initial devait nous faire passer par le col du Pavé. Devant les conseils de la gardienne et la fatigue grandissante du groupe, nous choisissons la sécurité et optons pour un col moins exposé : Le col de la Casse Déserte. Le début de la montée est partiellement déneigée et il faut louvoyer dans les langues de neiges très dures. Je remonte à ski mais les autres prennent les crampons. Il y a un mois et demi, Glad avait fait une mauvaise chute dans les Séracs... C'est donc avec beaucoup de crainte qu'elle aborde cette partie. Il faut rassurer et démystifier le bousin. Heureusement, celui-ci est bien mieux en condition, le passage dans les Séracs est en neige. Ma moitié a accumulé beaucoup de fatigue durant le séjour et c'est à coup d'encouragements que nous parvenons au col de la Casse Déserte. Il est un peu moins de 12h. Malheureusement, nous sommes cueillis par les nuages et le couloir Est restera en neige très dur. Noémie, Vinchy et moi-même le redescendons en dérapage. Glad choisira les crampons et le piolet. La descente se fera dans un premier temps sur une neige dure mais agréable à skier puis dans de la transfo de plus en plus lourde ! Nous rejoignons finalement le glacier de la Plate des Agneaux et les sources de la Romanche. Il nous reste plus que 100 000km de plat !!! Que c'est long, que c'est beau, mais que c'est long ! Après les jambes, c'est les bras qui finissent par lâcher à force de pousser sur les bâtons. Nous finissons sous une petite pluie, seuls au monde dans cette immensité. Dans le vallons, chamois, marmottes et campagnols s'en donnent à coeur joie.
Le tour est bouclé, un superbe voyage entre Isère et Hautes-alpes vient d'être réalisé. Félicitation à toute la troupe, fier de ma petite Glad qui a accompli son premier raid à ski avec brio et qui était très fatiguée à la fin! Il va falloir réfléchir au prochain raid ^^.
Le tour en chiffre :
- 5 jours en haute montagne
- 6600m de dénivellation positive
- 75km parcouru
- Cotation ski : 4.3 / E2
- Pentes jusqu'à 45°
- 4 nuits en refuges : Refuge de l'Alpe à 2077m, Refuge des Ecrins à 3170m, Refuge du pré de Madame Carle à 1874m, Refuge du Châtelleret 2232m.
- 4 réveils à 4h du matin (ça pique)
- 8 glaciers parcourus dont le plus grand des Ecrins (Glacier Blanc, Glacier Noir, Glacier de Coste Rouge, Glacier d'Arsine, Glacier des Agneaux, Glacier de la Gde Ruine, Glacier de la Casse Déserte, Glacier de la Plate des Agneaux).
- 4 cols à plus de 3000m franchis : Col Emile Pic 3483m, Col de la Grande Sagne 3402m, Col de Coste Rouge à 3192m et le col de la Casse Déserte à 3483m
- 2 sommets à plus de 3500m : Pic de Neige Cordier 3614m et Dôme des Ecrins à 4015m
- 2 rappels posés : Col Emile Pic et Col de la Grande Sagne
- Plus de 40h en montagne cumulés.
- Des kilomètres de plat et de portage de skis
Merci pour la gentillesse et l'aide de tout ceux que nous avons croisé sur ce tour (gardiens de refuges notamment et les autres skieurs).
A titre personnel, ce tour me permet d'atteindre les 100 000 mètres de dénivelé pour cette année, pour certain c'est beaucoup, pour d'autre peu. Pour moi, c'est énorme et c'est un énorme challenge de les atteindre. C'est seulement la deuxième fois en huit ans que j'atteins ce dénivelé. Ma meilleure saison !
Photo ce soir, Vinchy si tu peux mettre quelques photos de ton reflex ?