Départ : le Casset (1520 m)
Topo associé : Col du Glacier Blanc, Couloir Nord
Sommet associé : Col du Glacier Blanc (3275 m)
Orientation : N
Dénivelé : 1800 m.
Ski : 5.3
Sortie du samedi 10 mai 2014
Conditions nivologiques, accès & météo
Chaud, beau, puis voilé en début d'après-midiEtat de la route : Ok jusque dans le petit tabuc
Altitude du parking :
Altitude de chaussage (montée) : Vers la cabane de berger
Altitude de déchaussage (descente) : au lac de la douche
Activité avalancheuse observée : RAS
Lieu | Alt. | Ori. | Heure | Qté. | Type | Com. |
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Face nord-est | 3100 | NE | Transfo lourde | Limite du but, plus on monte plus çà va... | ||
Couloir nord | 3300 | N | Moquette | Le haut est orienté est | ||
Couloir nord | 3100 | N | Poudre | Dans les contrepentes on arrive toujours à trouver de la neige froide |
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu
L’inattendu me surpris lorsque j’eus terminé cette ligne.
Ce matin le regel n’est pas excellent, ce n’est qu’à partir du plat au-dessus du lac de la douche que la neige est dure. Le doute s’installe. Le doute s’installe encore lorsque le ciel voilé est actif côté Queyras, alors que le soleil règne de par chez nous. Les quelques chamois rencontrés, galopant comme des enfants sur les raides pentes qui bordent le chemin, ne suffisent à adoucir l’atmosphère. Aujourd’hui je ne suis pas vraiment seul, Anne me suivra à la jumelle après être allée au Col des Agneaux.
En remontant le plateau, encore des chamois. Plus on s’approche, plus on sait que c’est maintenant, c’est ici qu’il faut aller, c’est parti. La veille, callé dans son lit douillé, on évite de penser à ce moment, maintenant. Et oui, il faut bien passer les crevasses et la rimaye avant de souffler un peu. C’est pour moi le moment le plus tendu. Après, ce n’est que de la débrouillardise… ! Que nenni ! S’il aurait fallu descendre aujourd’hui la face nord-est du Col du Glacier Blanc, çà aurait été un but, le pouvoir du soleil est bienfaisant comme il peut être destructeur de rêves. A quelques temps près je ne me serais pas engagé dans la face, la neige étant trop revenue…
Les chamois sont fous, encore un qui débaroule le long de l’arête, me faisant rire face à son aisance déprimante dans ce terrain. J’arrive enfin au sommet, où quelques cordées me surprennent de leur présence, la dernière fois ce fut le grand silence. J’observe la pente d’accès au couloir nord. C’est raide. Je m’empresse d’y aller, d’y jeter un œil de plus prés. C’est raide, et c’est corniché.
Je pose un corps mort afin de casser un peu la corniche. Chose faite, j’avais ensuite prévu de descendre à ski aidé d’un rappel, une sorte de main courante. Plus je scrute ce passage, plus il me semble réalisable sans cet artifice. Je vérifie que tout en bas, le long de la moraine, Anne m’observe. C’est bon, c’est parti, c’est maintenant. Beaucoup d’hésitations avant qu’enfin mes carres se lancent dans la pente. On peut dire que le plus dur est désormais derrière moi !
La suite est une succession de très beaux passages avec une ambiance face nord vraiment prenante, et une pente qui progressivement s’atténue pour finir sur l’immense plateau d’Arsine.
L’émotion est grande lorsque tout se passe bien, que l’on maîtrise l’itinéraire et que l’itinéraire est plus qu’à la hauteur de nos espérances. Je ne pensais pas trouver si bonnes conditions de neige, je ne pensais pas non plus pouvoir skier intégralement le tracé, le haut me paraissant bien trop soutenu. Et bien c’est en essayant que l’on réussit, en réussissant que l’on essaye. Le tour opéré avec Anne avant-hier (Neige cordier-glacier des Agneaux) m’a amené à croire en cette ligne si imprévisible.
Le « à vue » est au skieur de pente raide ce qu’un jouet de noël peut être à un enfant. On découvre son cadeau en le déballant, délicatement, sans froissé la matière souvent fragile du papier cadeau, pour, petit à petit, finir par la chose dont on rêvait depuis longtemps.
Pour faire plus bref, il vaut mieux être équipé de skis pas trop longs (170) pour franchir en tout 3 étroitures. La neige reste froide dans ce couloir caché le long de l’éperon du Col du Glacier Blanc. J’ai laissé le corps mort pour ceux qui veulent, même s’il faudra le vérifier !
J’ai préféré choisir l’option du « à-vue », car tout seul (et même à deux), la sortie cornichée aurait été bien trop dure et exposée. De cette façon j’ai pu casser la corniche et m’engager plus sereinement dans le couloir. Et puis ça m’a fait bien plaisir de repasser par cette face nord-est qui possède un cachet tout particulier. J’ai pu voir aussi que quelques autres chamois grimpaient vers le pic du Glacier Blanc. J’ai aussi pu discuter avec un Guide bien sympas.
On peut donc conclure en disant que cette journée fut plutôt belle, sinon plutôt pas mal du tout.