Départ : Villar d'Arêne (Pont d'Arsine) (1667 m)
Topo associé : Grand Pic de la Meije, tour de la Meije par la Casse Déserte
Sommet associé : Grand Pic de la Meije (3983 m)
Orientation : T
Dénivelé : 2200 m.
Ski : 3.3
Sortie du dimanche 20 avril 2014
Conditions nivologiques, accès & météo
Couvert et neige fine samedi. Plutôt beau puis couvert dimanche.
-7°c le matin dimanche, peu de vent.Etat de la route :
Altitude du parking :
Qualité du ski plutôt bonne, neige froide sous la brèche puis neige transfo sur le glacier de l'homme.
Mais parcours peu enneigé et glaciers pas forcément super bien bouché à priori.
Altitude de chaussage (montée) :
Altitude de déchaussage (descente) :
Activité avalancheuse observée :
Skiabilité : 😐 Correcte
Compte rendu (par rob)
Avec Papa B
Berarde/Carrelet/Berarde/Promontoire (J1); Promontoire/Breche de la meije/Aigle/Glacier de l'homme/Villard d'arêne.
Grosse frayeur aujourd'hui, on a été témoin de la chute de deux personnes dans une crevasse, heureusement le dénouement est plutôt heureux (voir plus bas)....
Départ de la bérarde Samedi, sous un ciel couvert mais encore pas trop menaçant. Pendant que la famille monte au promontoire, je fais l'aller retour au Carrelet pour récupérer le rappel oublié dimanche dernier!!
Grosse bavante sur les 500 derniers mètres du Promontoire, après beaucoup (trop) de plat et avec 5cm de botte sous les skis suite à une petite chute de neige...
Le refuge est au top, les gardiens sont à la hauteur de leur réputation, super ambiance :) On a bien mangé, Marc nous a joué de la guitare, puis au lit...
Réveil 5h30, départ 6h30 pour la brèche à pieds, le temps est beau et pas trop froid. Montée sans encombres, descente un peu sèche mais pas trop difficile. C'est très beau! Je reviendrai faire la NE du râteau...
La descente sous la brèche est sans encombre, un mini saut qui passe bien (sauf pour papa B qui fait un saut de l'ange :p ).
On s'arrête pour chausser, un groupe de 3 est déjà présent, un peu plus éloigné de la meije que la trace usuelle.
Puis un bruit sourd, je me retourne, il y a un trou béant et il manque deux personnes du groupe de 3.
Pas de temps à perdre, je commence un corps mort au piolet, Anne-ce me passe sa pelle et un ski, de quoi poser un point solide. Pendant que Marc en pose un second à relier sur le second ski (corps mort aussi), j'installe un rappel.
On a pas de visuel ni auditif des deux personnes, il faut faire vite (état inconscient, situation précaire, ...). Le troisième du groupe est isolé de l'autre coté du trou, il alerte les secours via le 112.
Je pars en rappel jusqu'à la lèvre de la crevasse, je vois les deux personnes dégagées et conscientes, 20m plus bas: un miracle!!
Je lance la corde sur laquelle ils s'assurent, puis le rythme se ralentit. Pas d'urgence, je ne descendrai pas. Je leur envoie quand même une couverture de survie. Ma plus grosse peur, c'était qu'avec la quantité de neige écroulée, ils soient enterrés...
On laisse les points et la corde pour sécuriser l'arrivée du PGHM, on a des consignes claires: tout le monde doit partir de la zone (il y a environ 18 personnes), je dois me poser au "relais" et faire le signe "Yes" pour qu'ils repèrent la zone. Puis je m'éloigne, l'hélico pose deux secouristes qui renforcent la "ligne de vie" avec des pieux à neige.
Le groupe est séparé, Yann et moi sur la zone, Anne-ce et les deux papas B. commencent la suite de la montée. Les skis d'Anne-ce sont en corps mort, et elle monte ceux de Yann.
Par la suite, les secouristes (6 au total) gèrent l'évacuation des deux victimes (une à pieds par le fond de crevasse et l'autre en civière). J'aide comme je peux (assurage des secouristes sur leur demande, manutention avec Yann), il s'écoulera environ 2h30 entre l'alerte et l'évacuation des deux victimes.
Il restait un point merdique: le groupe séparé en deux et Anne-ce sans skis... Et le mauvais qui s'installait doucement comme prévu. Heureusement les secours ont eu la prévenance de nous déposer en hélico à l'aigle, où on a pu rejoindre le groupe et descendre à une heure correcte le glacier de l'Homme. Merci à eux!!
J'avoue que je n'ai pas totalement apprécié le baptême d'hélico, surtout la partie où le pilote vient poser le patin à <1m de nous sur une pente à 30°!! Des sacrés gars, avec un niveau et un mental hallucinant :)
Au final tout se termine bien, après un petit pique-nique tous ensemble à l'aigle tout le monde a retrouvé le moral :)
La descente qui suit est très classe, bonne neige, mais un cheminement pas évident avec de beaux trous (on est un peu échaudés.....) et des séracs fracturés (c'est plus radical mais du coup pas mieux!!).
On en profites, le temps se gate mais est encore correcte! On déchausse au torrent.
Et puis au final on signe le but... Le secours nous a fait perdre du temps, surement aussi de l'envie, et la météo s'annonce trop exécrable pour rentrer à la bérarde le lendemain :p Au lieu de monter à l'alpe de villard d'arêne, on rejoint le parking, où on trouve un stop. Yann et Anne-ce vont récupérer les voitures (croisement 2 alpes/bérarde et Berarde), nous on se régal de bière et de bouffe au gite :)
Ca aura été une très belle course malgré tout!!
Au final quelques enseignements à chaud (on va essayer de ne pas les utiliser...):
-> J'aurais du utiliser mes skis pour poser les corps morts, ça aurait enlevé une partie du soucis. Mais sur le moment on pense seulement à gagner du temps!!
-> L'organisation a bien marché: pas deux personnes sur la même tache, tout le monde a bossé en //, et on a pu sécuriser rapidement les personnes avec un bon relais (environ 5-10mn max d'après les photos). On a pris peu de risque de sur-accident.
-> L'appel 112 a bien fonctionné, pas de cafouillage d'après ce que j'ai entendu.
-> Vu la situation (météo OK pour hélico, pas de blessé grave, pas d'inconscient, pas de personne ensevelie), c'était le meilleur choix de ne pas pousser plus loin que la sécurisation des personnes (en cas de rupture du pont au fond). Si besoin je serais descendu auprès d'eux, mais faire un mouflage aurait été contre-productif (confirmé par discussion avec sauveteurs). Le PGHM avec bipode et treuil est tellement plus efficace que l'auto-secours ne sert pas dans cette situation.
-> La scission du groupe aurait pu générer une situation délicate... L'idéal aurait été de rester seul avec le PGHM et mes skis en corps mort. Mais les skis d'Anne-Ce étaient utilisés, et les deux cordes aussi, donc pas de bonne solution ce jour....
-> Et surtout, soyez toujours attentifs :)
Bon rétablissement à Fabien et Thomas, ainsi qu'a leur compagnon dont j'ai oublié le nom avec le stress. Ils peuvent me joindre à partir du site (mail, téléphone) sans soucis, je serais ravis d'avoir de leurs nouvelles.
Merci aux secouristes, sans eux on serait encore là-haut à gérer (ou pas...) la situation :)
Edit 22/04/2014:
@Fitzroy: Malheureusement, l'entrainement ne fait pas tout sur ces situations :lost: J'ai bien appris les manips techniques (protection par corps morts ou broches, triangulation, auto-assurage, mouflage etc), ça a été utile et c'est la base "non négociable". Grâce à la maitrise du groupe on a pas perdu une seule minute sur la sécurisation des victimes :)
Par contre tout l'à coté n'est pas abordé en formations (car trop complexe, il y a tant de situations...) et ne peut que s'apprendre "en réel", ce qui est difficilement souhaitable :ill: Et pourtant c'est au moins aussi important voir plus 8O D'où l’intérêt du retour d'expérience à chaque accident
Pour moi les grosses leçons après beaucoup de réflexions (déjà abordé dans le CR parfois):
- La personne qui prend en main le secours doit autant que possible utiliser son propre matos (par exemple skis pour corps mort...), car le groupe peut être amené à se séparer de lui pour continuer (et rapatriement par le PGHM de la personne si ils l'ont "accaparé")
- Dès que la situation se stabilise, il faut essayer de "rationaliser" le secours. Notamment utiliser un minimum de matos de sécurité de son groupe, comme les cordes. On aurait pu ne sécuriser les victimes que sur un brin de corde sans perte de sécu. Ça aurait permis d'aller chercher à deux la troisième personne isolée et la mettre en sécurité, puis pour que la scission du groupe se fasse avec une corde pour les "partants"....
- Si le groupe est amené à se séparer pour ne pas encombrer la zone, il faut absolument avoir un leader sur la zone de secours et un leader sur le groupe qui repart, pour qu'ils évoluent indépendamment. Sinon le regroupement peut être impossible et la situation catastrophique. Si il y a un leader unique, le groupe ne doit pas se séparer! Et chaque groupe doit posséder le matos de sécurité nécessaire...
- Rester en contact audio et visuel des victimes en permanence, se tenir prêt à les rejoindre en quelques instants si signe alarmant! Mais ne pas descendre dans la crevasse si on peut s'en passer, pour ne pas compliquer la situation...
- Ne pas faire d'auto secours si le PGHM/CRS est alerté et en mouvement, c'est contre productif vu la différence de moyens. Notamment on a rarement un médecin et une civière, il peut être dramatique de déplacer une personne blessée, et les signes peuvent ne pas être perçus! C'était le cas à priori avec vertèbres tassées qui n'étaient pas soupçonnées...
Bien sur en cas de difficulté d'intervention des secours il faut alors organiser au mieux le secours... :ill:
- La personne qui organise le secours doit prévoir dès que possible les dangers éventuels (pont de neige caché, sur-accident possible etc), les solutions "cachées" (sortie à pieds non visible d'en haut par ex.) et ne pas hésiter à en parler avec les secours pour gagner du temps et éviter un soucis.
Dimanche les secouristes étaient à l'écoute des infos, même provenant d'un "amateur". Il ne faut pas être timide
- Essayer de gérer les groupes dans la zone. Idéalement il faudrait savoir au plus vite si une aide est nécessaire ou non, pour garder ou éloigner les personnes. En cas d'intervention des secours, éloigner au plus vite les gens. En cas d'auto secours "faire le tri" entre les groupes expérimentés et ceux qui ajouteront à la confusion :lost:





































