Départ : Les Hières (1780 m)
Topo associé : Aiguille Occidentale de la Saussaz, Traversée E - W
Sommet associé : Aiguille Occidentale de la Saussaz (3340 m)
Orientation : T
Dénivelé : 1800 m.
Ski : 4.2
Sortie du samedi 15 janvier 2011
Conditions nivologiques, accès & météo
Beau temps. Doux au soleil. Froid sous le vent en altitude. Etat de la route : sèche
Altitude du parking : 1750
Altitude de chaussage (montée) : 1750
Altitude de déchaussage (descente) : 1750
Activité avalancheuse observée : Neige travaillée par le vent. Rien vu, mais un wouuuf sur une pente débonnaire au dessus du refuge. Accumulations fourbes versant N du Goléon.
Lieu | Alt. | Ori. | Heure | Qté. | Type | Com. |
---|---|---|---|---|---|---|
Sommet-refuge | 3300-2400 | NE | 14 | Irrégulière | ||
refuge-Valfroide | 2400-1700 | SW | 16 | Transfo lourde | agréable à skier |
Skiabilité : 😐 Correcte
Compte rendu (par sancy)
Avec Céline, Joël
Aller / retour par le glacier Lombard depuis Valfroide
Peut-être avons nous croisé ce samedi le président Ben Ali, trahi par un des nombreux chemtrails présents dans le ciel haut-alpin, parti pour on-ne-sait-où et avec le support d'on-ne-sait-qui. Nous attendions impatiemment la repentance ce lundi de notre ministre de l'intérieur, plaidant avoir "sous-estimé jusque là l'exaspération du peuple tunisien". Ouf, les masses sont désormais rassurées de savoir nos gouvernants mus par le seul épanouissement humain.
A défaut d'avoir été survolés par le démocrate en fuite, nous l'avons certainement été par un des derniers joujou de la firme Lockeed Martin, convertissant pour des centaines d'années nos rires sommitaux, dorénavant archives numériques à disposition de la NSA, preuves à charge potentielles d'un possible futur "délit de loisir", subversion ultime que nos gouvernants s'empresseront un jour de reconnaître comme forfait majeur.
Fuyant tant d'horreurs en gestation, nous voilà partis par un beau matin pour quelques heures de quiétude, en direction du bassin Lombard, loge relictuelle de ce qui fut jadis un glacier étincelant, vêlant depuis l'emplacement de l'actuel refuge d'ancestraux séracs, chancelant soudainement dans l'abîme du Greppon.
Joël nous conte son récent périple reliant les itinéraires secrets des Calanques aux steppes lointaines de Mongolie, nous prodiguant ainsi de multiples conseils utiles à la vie de tous les jours : comment ferrer un cheval, mieux maîtriser l'argus du chameau, éloigner un molosse ou comment apprendre le persan en accéléré - après avoir précédemment assimilé l'espagnol, le suédois, l'anglais, le russe, le guatémaltèque, wolof ou je ne sais quelle autre fantaisie idiomatique -. Jb nous avait prévenu : Joël est exceptionnel.
Céline et Justin franchissent d'un pas léger les Rubans, entonnant LA REINE D'ANGLETERRE, dernier opus de Philippe Katerine - "Bonjour je suis la reine d'Angleteeerre et je vous ch.. à la raiiie" - allégorie vocalistique, quoique satirique mais pour autant parfaitement juste, de la considération planétaire que portent les jouisseurs oisifs aux vils roturiers besogneux. Hérodote ne désignait-il pas d'ailleurs, en son temps, "le mépris du travail comme une vertu des Grecs classiques à leur apogée culturelle" (Bob Black - 2010) ?
A quelques encablures de Joël, reposant sa cheville endolorie adossé au refuge Carraud, notre petit groupe poursuit sa route sous un franc soleil. Arnaud, fortement inspiré par la Pointe Salvador - vers laquelle se dirige un petit groupe -, s'essaie à de multiples calembours relatifs à la toponymie des lieux, tandis que Jb tisse plus avant notre fil conducteur, plongé dans une profonde introspection sans doute aucun relative à la pensée de Jacques Généreux - une des lectures du moment - : "des liens plutôt que des biens".
Saine lecture à recommander à tous les malades compulsifs amassés et bataillant à cette heure dans les multiples temples de la consommation, remettant au Dieu Soldes leur épargne et temps libre, et poussant à grande peine le lourd appareil électroménager, Veau d'Or high tech à l'obsolescence programmée, vendu sous les coups de boutoir de jingles psycho-scientifiquement élaborés.
Les Aiguilles de la Saussaz se révèlent chacune à leur tour, l'Occidentale cédant au regard la dernière, réfugiée tout au fond de ce superbe cirque de solitude. Les dernières conversions sont grandioses, réunissant en un point parfait les lignes issues des Arves, Goléon et de la Martignare, récompensant notre labeur de ce jour dont nous laisserons le poète Friedrich Schiller en définir la nature véritable :
"l'animal travaille lorsque la privation est le ressort principal de son activité et il joue quand c'est la profusion de ses forces qui est ce ressort, quand la vie, par sa surabondance, stimule elle-même l'activité."