Sortie du dimanche 14 décembre 2025 (Il y a 2 jours)
N∇BL∇
Conditions nivologiques, accès & météo
Météo/températures : iso 0° à 3000m
Conditions d'accès/altitude du parking : parking de la station
Altitude de chaussage/déchaussage : remontées mécaniques de la station
Conditions pour le ski : Neige ventée et changeante en versants ombragés et quasi ski de printemps au soleil? Présence d'une couche bien pourrie sous la couche dure dans les versants ombragés , mais plutôt de manière inhomogène.
Conditions nivo et activité avalancheuse :
BERA du jour: Risque 2 au dessus de 2400m, présence de couches fragiles qui deviennent difficilement sollicitables dans un large secteur Nord.
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu
Itinéraire suivi : depart en haut de la station d'Aussois, breche de la Loza puis sommet de la dent Parrachée.
Horaires : 9h- 15h30
Le récit du Petit Nicolas:
Un personnage s'avance sur la scène d'une démarche rigide et saccadée à cause de ses chaussures de ski, il se plante devant le micro et lance d'une voie fausse et niaise au public :
"Vous m'avez manqué!"
Rassurez vous, je ne compte pas me présenter à une élection pour la présidence de la république skitourienne, j'exprime seulement la joie simple d'ouvrir mon compteur de sorties de la saison.
Comment, si tard? me direz vous (et vous auriez entièrement raison de le faire).
Et oui, mais les pistes étaient tellement plus appétissantes en ce début de saison que la mer de requins alentours... C'est ainsi que les gros virages carvés m'ont quelque peu endormi l'esprit et que je me réveille mi décembre, paniqué :
Oh Sylvain, on s'endort, il faut faire quelque chose!
C'est ainsi que nous sommes partis en quête d'une belle sortie pour se faire pardonner. Entre les options possibles, le CR de l'équipe de Météo France à la dent Parrachée il y a quelques jours (
skitour.fr/sorties/181687), nous attire le regard. Ca semble être la destination parfaite, orientée sud, petit couloir et un beau sommet à 3700m. Sauf que nous on y va le jour de l'ouverture de la station, ce qui transforme un 2100m de dénivelé un peu secos d'entrée de jeu, en un petit 1100m largement plus débonnaire.
Bref, nous voilà peu avant 9h, forfaits en poche pour profiter des remontées mécaniques d'Aussois, qui ouvrent donc le jour même en grande pompe. Il y a un ruban d'inauguration, une machine à bulles de savon, la bouteille de jus de pomme est sortie, wow, ça sait faire la fête ici^^
Dès le début de la ballade, on se fait largement mettre à l'amende par un type du coin qui n'avait pas que ça à faire de la journée apparemment. On s'enfonce dans le vallon de la Fournache qui se remonte bien mais la neige est de qualité changeante, on sent l'influence du vent. Voilà qui remet direct dans l'ambiance.
Pour cette sortie, un mystérieux agent m'ayant convaincu de tester les gels de décath, j'ai un protocole d'étude SCIENTIFIQUE à mener sur le sujet.
Si je trace Sylvain à la montée, c'est que cette daube marche, et si je suis à la traine c'est que ça n'a pas d'impact.
Pour que la validité de mon étude soit aussi béton que la neige des pistes d'Aussois, il faut la réaliser en double aveugle, c'est comme ça, c'est le jeu ma pauvre Lucette. Je profite donc d'un moment ou Sylvain ne regarde pas (voila le premier aveugle) pour prendre une lampée de potion magique, en fermant les yeux pour m'assurer d'être également aveugle. Puis, avant la montée en crampons à la brèche de la Loza, je reprends une barre, histoire de bétonner le tout et, oh miracle, j'ai comme l'impression que le copain se traine un peu en haut du couloir. Ma foi, c'est bon signe!
Après un passage un peu expo plein sud est, on repart direction le sommet et là, le Sylvos, il plante le frein à main dans la neige, il n'avance plus, puis se décide enfin à manger un bout. Il était temps!
Arrivé au sommet, la vue est incroyable, ça fait plaisir d'être de retour dans ces paradis blancs! En face, c'est la grande "piste noire" de la Grande Casse qui nous domine tandis que la vue sur les Ecrins se dévoile au Sud. Sylvain me rejoint bientôt sur le sommet peu large et on profite de la belle aventure du jour. Les sommets connus sont énumérés comme on récite un chapelet, et vient le tour du Mont Blanc.
Le Mont Blanc, on voit le Mont Blanc?Ben oui, c'est évident, non?
J'ai beau me tourner à 360° , je ne vois pas une montagne digne du géant. A moins que, ce petit monticule à coté de la grande casse, cela se pourrait-il?
Bien vu l'aveugle, la topographie des lieux n'est toujours pas connue on dirait!
Apres étalage de ma compétence de cartographe, on laisse la place au sommet à un guide et ses deux clients pour rejoindre les skis laissés plus bas.
Il est temps de chausser tout ca et d'envoyer les premiers virages! Le verrouillage des chaussures dans la position "ski" me laisse grognon, tout encore imprégné de la sensation des chaussures de piste.
Y a aucun monde dans lequel c'est un flex 110 ce truc...
J'ai l'impression que l'indice de flex des marques de chaussures de ski c'est comme les promesses de campagne, cela n'engage que ceux qui y croient.
Bref, les premiers virages en neige bien revenue sont satisfaisants, voilà une bonne descente! Un peu d'attention avant la brèche et puis c'est parti dans le couloir!
Dans le vallon, on déroule tranquillement mais les requins ne sont vraiment pas loin. A plusieurs reprises j'ai bien failli me la mettre à cause de ces petits farceurs. Vu la vitesse du bolideur, on aurait alors retrouvé qu'une dent "parrachée" dans le bitume! (j'avoue, il faut l'avoir cette réf, sinon ça ne veut pas dire grand chose)
Et mon étude nutritive dans tout ça? Ben elle est tombée à l'eau.
Le problème des cobayes aveugles, c'est qu'on ne maitrise pas tous les paramètres, et il s'avère que le gugusse n'avait pas mangé depuis la veille au soir lorsqu'à midi on franchissait (péniblement?) la brèche. Le résultat du match entre un viking affamé en cure de bien être et un John Cena sous stéroîdes est donc à prendre avec des pincettes.
Chou blanc, donc! conclurait, le regard perdu dans le vide, un certain Bonisseur de la Bath...