Départ : Fielbmá (76 m)
Topo associé : Andersdaltinden
Sommet associé : Anderdalstinden (1220 m)
Orientation : N
Dénivelé : 1050 m.
Ski : 3.1
Sortie du samedi 5 juillet 2025
Conditions nivologiques, accès & météo
Météo/températures : "chaud" pour les standards tromsois (15 °C)
Conditions d'accès/altitude du parking :
Altitude de chaussage/déchaussage : montée tout à pied, descente ininterrompue de 1100 à 450 m, fin du saute-névés vers 300 m
Conditions pour le ski : faut avoir envie, mais c'est pas plus con que certains locaux qui ont sorti les skis-roues... L'été est court et a commencé tard
Conditions nivo et activité avalancheuse : plus de bulletins depuis un moment. RAS sur Andersdaltinden, mais des coulées dans les couloirs derrière
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu
Procès-verbal du 05/07/2025, PV n° 238A/03
Objet des poursuites : Ski en-dehors des périodes autorisées par la loi, Conduite en état d'ivresse des cimes, Provocation à la jalousie étrangère, Fun & Recel de fun, Outrage à la pudeur, Licence poétique non-conforme, Outrage à agent (multiple)
Nous, les soussignés maréchal-des-logis-chef Bjørn Lars GUNNARSSON, assisté des brigadiers Gunnar Bjørn LARSSON et Lars Gunnar BJØRNSSON, et sis au commissariat de Tromsø, avons appréhendé ce jour samedi 5 juillet 2025 un sujet étranger (trente, selon les syndicats), le dénommé BRANITE, dans les circonstances énoncées ci-après :
Ce samedi 5 juillet, procédant à notre patrouille régulière sur le tronçon de la route E8 reliant Nordkjosbotn à Tromsø, avons constaté les faits suivants :
1) à la hauteur d'Andersdaleidet, des traces de ski étaient clairement visibles sous l'Andersdaltind, et ce alors même que la saison de ski est forclose depuis le samedi 31 mai.
2) des cris se faisaient entendre à l'aplomb des traces, exprimant un sentiment de joie intense, tels que « Wouhouu ! », « Ya-haa ! », ou encore « Youpi (sic) »
Ces derniers faits caractérisant automatiquement le délit de fun, nous conduisant à enquêter sur les faits susdits ci-avant comme mentionné dans le paragraphe précédent.
Nous nous sommes donc transportés incessamment sur les lieux afin de procéder à l'interpellation dudit suspect hic et nunc via manu militari in vivo et delenda Carthago est, tu quoque mi fili. À l'issue d'une investigation préliminaire, nous avons pu déterminer que l'individu était véhiculé. En effet, la présence de deux automobiles sur le bas-côté de la route nous a tout d'abord conduit à suspecter la circonstance aggravante de ski en réunion, avant que le brigadier Larsson ne fasse très justement remarquer que l'une des deux voitures était du même modèle que celui utilisé par la force publique, comportait un gyrophare bleu et des marquages « POLITI ». Nous en faisâmes fisûmes faisirent avons fait la déduction que ce véhicule était celui dont nous étions issus. Nous reportons notre attention sur la deuxième automobile, dont les autocollants « Parc National des Écrins » et « J'❤️ la Tome des Bauges » suggère l'origine allochtone d'un étranger de nationalité différente.
Ayant malencontreusement pris soin au préalable d'éteindre nos caméras-piéton par inadvertance préméditée, la suite du présent procès-verbal repose sur la parole de notre bonne foi assermentée. L'intervention s'étant déroulée sans incident et dans le respect de toutes les procédures y compris les règles d'engagement et d'usage de la force létale, nous avons pu confronter l'interpellé et le soumettre à la question [ajout hâtif dans la marge]suivante :
« — Déclinez votre identité.
« — Branita, Branita, Branitam, Branitæ, Branitæ, Branitā.
« — Votre profession ?
« — Je suis scientifique à l'université.
« — Où ça ?
« — Eh bien... À Tromsø !
« — ... Mais, comment vous appelez ce truc où vous allez ?
« — L'univ- oh ! ... J'ai eu mon brevet, mais je continue mes études.
« — Après le collège ? Curieux. »
Nous continuons l'interrogatoire en consignant la version des faits énoncée par le principal individu :
« — La semaine dernière, en allant faire des relevés de terrain dans l'intérieur des terres avec mes collègues, j'ai remarqué en passant que les faces Nord des sommets de Lavangsdalen étaient encore bien chargés en neige. Pourtant, cela faisait bien deux bonnes semaines que c'est l'été : il a même fait +18 °C l'autre jour ! Au retour, j'ai pris le temps de constater que quelques longs névés dans les combes à neige permettaient de jonctionner avec le vallon suspendu. Ainsi, je pus concevoir un itinéraire qui minimiserait la marche : une approche réduite à 200 m tout au plus, et une courte section à porter pour contourner les gendarmes sur la crête. »
Nous interrompons encore l'interrogatoire pour effectuer un dépistage cannabis et drogues dures, qui s'avère étonnamment négatif.
« — Voyant ensuite qu'il ne reste que quelques lambeaux de neige au pied de l'arête, je choisis de continuer à pied aussi loin que possible, plutôt que de m'engager à ski dans les pentes qui se raidissent en approchant du sommet. Pourtant, derrière, les couloirs dans l'ombre du Sultind et du Snømann sont pleins, mais n'inspirent pas confiance car ils sont maculés de pierres. L'escarpement dont je parlais précédemment se contourne par la gauche, dans des rochers parfois malcommodes, puis l'arête rejoint la pyramide sommitale. Je fais l'impasse sur celle-ci, car j'ai déjà atteint ce sommet durant la saison précédente, et je m'engage aussitôt sur la neige après 2 h de randonnée pour 1000 m de montée.
La neige est agréable à skier, bien qu'elle ait un aspect de glace pilée dans la première section. Quel plaisir d'en profiter avec du soleil ! D'ailleurs je n'ai même pas eu à me changer, j'ai pu faire la descente en short et T-shirt. En passant de névé en névé, j'ai ainsi pu descendre jusque vers 300 m avant de devoir déchausser pour de bon. Par contre, la température a réveillé les insectes, et il m'a fallu courir pour éviter d'être dévoré par les moustiques et les taons. Enfin, ce fut une belle course pour la saison. »
Nous signifions au gardé à vue (300 000 dont 120 000 à Paris, toujours selon les syndicats) qu'il a commis plusieurs infractions et délits comme énoncé ci-haut précédemment ; à savoir le braconnage de neige fraîche hors de la période d'ouverture, puisque celle-ci se termine au dernier Bulletin d'Estimation du Risque d'Avalanche émis par Varsom, ou prolongée exceptionnellement par arrêté préfectoral ; que la joie qu'il éprouve à l'issue de la commission de son forfait accompli est une menace pour la stabilité de la société norvégienne, ainsi qu'une provocation internationale envers les braves citoyens qui liront son compte-rendu sur Skitour alors que l'Europe continentale subit la canicule ; ce à quoi l'intéressé nous a répondu : « J'ignorais tout cela, M. l'Agent, je vous assure que je suis observant de la loi. Nique la police, ACAB, mort aux vaches, à bas ceux d'la Sûreté (en français dans le texte) ».
Sur foi de sa bonne volonté, nous en déduisons qu'il s'agit d'un pré-récidiviste (précédemment « primo-délinquant »). Sur notification de son statut de migrant, le susnommé nous oppose sa qualité d'expatrié, ce qui nous oblige bien sûr à reconsidérer notre attitude envers lui : il provient certes d'un pays à la démocratie faillie, mais il a des papiers, lesquels sont par nous-mêmes dûment tamponnés comme justement se doit de fait et pour cause comme susvisé en conséquence. L'individu accepte la prise d'empreintes digitales, mais le gel ayant affecté ses mains il n'a pu nous montrer que son majeur.
Les charges de Transport de marchandise non-autorisée, Transport de produit dangereux et Trafic de bonne bouffe contre le sujet ont été abandonnées faute de preuves, malgré le comportement du chien de détection qui a marqué des traces de fromage alpin non-identifié. Le suspect nous a expliqué que contrairement aux produits de notre belle nation, les fromages français ont du « goût (sic) », une caractéristique qui leur confère un fort pouvoir de contamination atmosphérique.
À l'issue de l'interrogatoire, le suspect a effectué la relecture de son témoignage et a déclaré verbatim « Mouais, ça pique les yeux, c'est pas comme ça que je cause mais vous avez capté un minimum ». L'individu a été relâché en l'espèce, et a solennellement promis sur la tête du Ministre de l'Intérieur français et sur l'honneur de tout le gouvernement que jamais il ne recommencerait, qu'en aucun cas il ne chercherait à franchir la frontière finlandaise, et certainement pas pour aller se ravitailler en vins & spiritueux. Pleinement rassurés de sa confiance en l'institution policière, nous avons procédé à sa libération sans délai.
Fait en le parking de Smalak, kommune de Balsfjord, le 05/07/2025 à 17h45
Pour faire valoir à que ce qui revient de touts droits utiles comme de bon entendeur,
B.L. Gunnarsson
G.B. Larsson
L.G. Bjørnsson
[Tampon de la police du comté de Troms]
[NdT : Le texte a été fortement édité pour en rectifier l'orthographe, mais la syntaxe est d'origine]









