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Sorties > Ecrins > Le dialogue des fossiles – Serre-Eyraud, mai, terminal de l’Anthropocène

Le dialogue des fossiles – Serre-Eyraud, mai, terminal de l’Anthropocène ⭐⭐⭐

Massif : Ecrins
Départ : Serre-Eyrauds (1440 m)

Topo associé : La Recula, versant Nord

Sommet associé : La Recula (2548 m)

Orientation : N

Dénivelé : 900 m.
Ski : 3.2

Faune : Afficher les zones sensibles

Sortie du vendredi 2 mai 2025

randoski69

Conditions nivologiques, accès & météo

Météo/températures : beau température sans excés
Conditions d'accès/altitude du parking : route du louret 1660
Altitude de chaussage/déchaussage : 1800
Conditions pour le ski : un  petit portage de 140m à la montée qui va s'allonger  s'allonger...A la descente dure décaillée sous le sommet (petit final à pied), puis moquette, puis molle profonde, puis névé sous la croix 

Conditions nivo et activité avalancheuse :  beaucoup de neige au dessus de 2000, RàS sur l'itinéraire

Skiabilité : 🙂 Bonne

Compte rendu

Itinéraire suivi : la piste jusqu'à la croix puis l'arête puis  les pentes à gauche en montant.

Horaires : 6h30 11h30 (temps géologique de notre ère)

Où se soigner, dans le hameau, quand on a une maladie de peau (les skis qui démangent), l’âge du carbone dans les rotules, et une envie tenace de neiges d’altitude sans se rompre les lombaires au portage?
On part. Un presque septuagénaire, un presque octogénaire : deux fossiles quaternaires de l’Anthropocène, encore mobiles, mais plus vraiment articulés. On cherche une course qui parte de bas et monte assez haut, respectant le dosage ski/portage prescrit en gériatrie. Ce sera l’arête nord de la Recula, depuis la route du Louret.

La piste de ski, charitable, nous tend assez vite la langue : blanche, assez longue, Chausser sans trop porter, miracle printanier. On remonte entre les mélèzes, sans bruit — sauf celui de nos souvenirs qui grincent. La forêt murmure. Les roches nous laissent passer, indifférentes, sans se moquer : elles ont vu pire, depuis le Crétacé.

Au sommet, sur un caillou que le vent a sculpté à l’économie, on tombe nez à nez avec un ancien. Un vrai. Un tatoué! Fossile d’helminthoïde, dormant là depuis la grande époque. Le Paléogène, rien que ça.

— « Tiens, un camarade de strate », dit le presque octogénaire en s’essuyant le front.

Le caillou, étonnamment loquace, nous répond d’un ton "rauque". On s’approche, intrigués. Il nous parle — ou alors c’est le manque d’oxygène.

— « Moi, j’ai vu passer les dinosaures. Et puis la grande extinction. Boum. Rideau. »
— « Nous, on assiste à la dernière. On a vu disparaître les hivers et les glaciers. Pas de météorite, juste nous. »
— « Chapeau. Vous avez réussi à faire ça sans astéroïde ni volcan. »
— « Oui, avec un peu de gaz, c'est la modernité. Mais désolé l'ancien, on ne va pas s’éterniser. Au fait, vous descendiez comment, à votre époque ? »
— « On ne descendait pas. On s’érodait, on s’enfouissait. Et vous, les jeunes, vous faites comment ? »
— « On glisse depuis l’invention de la gravité. »

Le vent se lève, le caillou est à nouveau muet.
Il est temps de chausser, en laissant nos empreintes au sommet.


Commentaires

T
taramont, le 04.05.25 16:49

Excellent : l’autodérision de la nuit des temps !
Encore qq ères messieurs et vous aurez aussi votre compte de gracieuses ridules 😊
Amitiés printanières 

B
berny, le 04.05.25 17:01

Excellenti-cime !

S
SebL, le 04.05.25 21:04

Sympa ce CR décalé.
Ce que tu montres en photo #4, (si mes souvenirs sont bons) ce sont des traces de bioturbations (fossilisées) d'helminthoïdes (avec un "h" au début de ce mot barbare !) que l'on rencontre dans pas mal de flyschs des Alpes du sud et notamment dans ceux de l'Embrunais.

R
randoski69, le 04.05.25 21:20

 SebL  Merci, tu as raison correction faite. A cette époque là l'orthographe n'était pas encore stabilisée et aujourd'hui elle est déstabilisée.  Il s'agit bien de flyschs très présents dans le secteur (par exemple tout au long de l'arête des  Autanes  ou vers le Piolit)

A
agipi, le 04.05.25 23:29

Sympa votre histoire les papis.
Votre échantillon de flysch à helminthoïdes confirme la tradition : les pistes  du "pseudo-ver" ne se recoupent jamais et vous respectez le mystère de son origine, bien poétique.

Bourlingant depuis 40 bonnes années d'Annot à Chaillol, je ne me suis aperçu que très tard que les dépôts géologiques de la région étaient  très très souvent des flyschs donc une sédimentation silico argileuse, voire de purs grès, alors que le grimpeur canyoneur n'avait d'yeux que pour les affleurements calcaires...
Un papi géologue

J
jpc, le 05.05.25 22:33

👍

R
Rémo Barbaruli, le 06.05.25 07:34

Très sympa ce récit, merci !

B
Boris Pivaudran, le 06.05.25 09:13

Excellent récit bien ciselé !

A
agipi, le 06.05.25 09:23

@Remo B
Quand les Génie civilistes se mettent  eux aussi à apprécier la Geol, la poésie l'a effectivement emporté.
Bonjour à AGG

H
herve13, le 06.05.25 18:13

Merci mille fois pour ce petit cours de géologie, je sais enfin à quoi correspondent ces curieux cailloux ramassés vers la Tête de l'Hivernet au dessus d'Embrun 🙂

C
chaix.claude, le 08.05.25 17:50

Très courtois, cet indigène : il aurait pu vous dire :" flysh-moi la paix! ".

C
chris84, le 09.05.25 18:06

EXCELLENT ! J'adore 👍

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