Départ : Serre-Eyrauds (1440 m)
Topo associé : La Recula, versant Nord
Sommet associé : La Recula (2548 m)
Orientation : N
Dénivelé : 900 m.
Ski : 3.2
Sortie du vendredi 2 mai 2025
Conditions nivologiques, accès & météo
Météo/températures : beau température sans excés
Conditions d'accès/altitude du parking : route du louret 1660
Altitude de chaussage/déchaussage : 1800
Conditions pour le ski : un petit portage de 140m à la montée qui va s'allonger s'allonger...A la descente dure décaillée sous le sommet (petit final à pied), puis moquette, puis molle profonde, puis névé sous la croix
Conditions nivo et activité avalancheuse : beaucoup de neige au dessus de 2000, RàS sur l'itinéraire
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu
Itinéraire suivi : la piste jusqu'à la croix puis l'arête puis les pentes à gauche en montant.
On part. Un presque septuagénaire, un presque octogénaire : deux fossiles quaternaires de l’Anthropocène, encore mobiles, mais plus vraiment articulés. On cherche une course qui parte de bas et monte assez haut, respectant le dosage ski/portage prescrit en gériatrie. Ce sera l’arête nord de la Recula, depuis la route du Louret.
La piste de ski, charitable, nous tend assez vite la langue : blanche, assez longue, Chausser sans trop porter, miracle printanier. On remonte entre les mélèzes, sans bruit — sauf celui de nos souvenirs qui grincent. La forêt murmure. Les roches nous laissent passer, indifférentes, sans se moquer : elles ont vu pire, depuis le Crétacé.
Au sommet, sur un caillou que le vent a sculpté à l’économie, on tombe nez à nez avec un ancien. Un vrai. Un tatoué! Fossile d’helminthoïde, dormant là depuis la grande époque. Le Paléogène, rien que ça.
— « Tiens, un camarade de strate », dit le presque octogénaire en s’essuyant le front.
Le caillou, étonnamment loquace, nous répond d’un ton "rauque". On s’approche, intrigués. Il nous parle — ou alors c’est le manque d’oxygène.
— « Moi, j’ai vu passer les dinosaures. Et puis la grande extinction. Boum. Rideau. »
— « Nous, on assiste à la dernière. On a vu disparaître les hivers et les glaciers. Pas de météorite, juste nous. »
— « Chapeau. Vous avez réussi à faire ça sans astéroïde ni volcan. »
— « Oui, avec un peu de gaz, c'est la modernité. Mais désolé l'ancien, on ne va pas s’éterniser. Au fait, vous descendiez comment, à votre époque ? »
— « On ne descendait pas. On s’érodait, on s’enfouissait. Et vous, les jeunes, vous faites comment ? »
— « On glisse depuis l’invention de la gravité. »
Le vent se lève, le caillou est à nouveau muet.
Il est temps de chausser, en laissant nos empreintes au sommet.







