Départ : Sous le col d'En-haut (1767 m)
Sommets associés : Cime du Sambuis (2734 m) Col de la Croix (2529 m)
Orientation : SE
Dénivelé : 1070 m.
Ski : 2.3
Sortie du mercredi 30 avril 2025
Conditions nivologiques, accès & météo
Météo/températures : Températures douces - un peu de vent frais aux sommets - cumulus dans les horizons lointains en fin de matinée
Conditions nivo et activité avalancheuse : RAS au moment de la course - pas de grosses avalanches le long de l'itinéraire
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu
Car, je progresse en un autre domaine : celui de la serrurerie. Oui, oui, rien que ça. En moins d'une semaine, j'ai réussi à forcer deux verrous. Ok, c'étaient des verrous dans le genre « La serrurerie pour les nuls ». Quoique. Celui de la semaine dernière, je n'ai vu personne le franchir donc je ne sais pas si je m'y suis pris comme tout le monde l'aurait fait. Mais aujourd'hui, si mon amie Laurence m'en a mis plein la vue en le franchissant skis aux pieds, le seul randonneur suivant l'a monté à pied, comme moi. Il y a donc encore en moi un résidu de normalité (dans le domaine de la randonnée, entendons-nous bien, car pour le reste.....).
Mais commençons par le bon bout : le début. Vu l'état actuel de la chaufferie de notre planète, il convenait de démarrer tôt, très tôt. Vous m'objecterez qu'ayant dit « tôt » on n'a encore rien dit. Très juste ! Donc, disons pour être plus précis, juste au moment où Gustave Doré prend son crayon le plus noir pour dessiner sur la ligne d'horizon mauve la chaîne de montagne située au levant.
La soirée avait été exquise. Premier campement sur l'alpe de la saison. Pas un souffle de vent, dîner en pique nique sans l'esquisse d'un frisson. Ciel clair. Nuit bercée par les jacasseries du torrent : seule musique tonitruante acceptable en cet univers ; parler serait faire chuinter de la bave sur des rocs polis par l'éternité révolue. Au matin, Laurence,insensible au bonheur des nuits de plein air, m'a rejointe.
La lumière du jour nouveau nous a cueillies au début du Plan des Trois Eaux. L'or et le cuivre ont coulé des Têtes des Cos, l'argent de la petite cascade. Et la neige était là. Encore immaculée, quasi intouchée, si ce n'est par quelques marques de sabots d'ongulés, de griffes de marmottes et quelques vestiges de traces de skieurs. On devinait les bouquetins sur les pelouses de la rive G.
Devant le verrou, comme dit, chacune s'y prend comme elle le sent et le gentil obstacle est vite franchi. De là, le col de la Croix est quasiment atteint. Il ne ferait pas bon descendre le versant W à cette heure (9h15 env), c'est encore bétonné. Restons donc sur cet aimable versant E. Le lac est encore gelé, aucune amorce de débâcle. Le site est charmant cependant. On hésite entre Sambuis et crête S du Bec d'Arguille. Cette dernière, que Laurence ne connaît pas, l'emporte. Il faut dire qu'aujourd'hui, nous avons davantage envie de musarder que d'outrepasser l'humain. La journée s'y prête bien. Plus on monte, plus le paysage s'ouvre et quand nous arrivons à l'éminence que nous avions en ligne de mire pour aller admirer le Bec d'Arguille, le spectacle danse une ronde majestueuse autour de nous. Laissons parler les images.
Mais il n'y eut pas que les paysages, il y eut des sensations de plénitude quand sous nos skis, le velours se déroula en qualité supérieure quasiment sans défaut jusqu'au déchaussage au milieu des fleurs qui ne demandaient qu'une chose : « ne marchez pas sur moi ! » . A part, 2 ou 3 sérials skiers qui faisaient solitairement leurs gammes, tous ces vastes espaces étaient pour nous seules.
Comme une vie sans histoire, une journée contemplative, avec une amie fidèle dans un tel décor et avec de telles sensations, existe en nous sans avoir à la raconter plus longuement.




























