Mais oui, c'est (le col) Claire!, le 04.04.25 par N∇BL∇

Massif : Ecrins
Départ : Villar d'Arêne (Pont d'Arsine) (1667 m)

Topo associé : Col Claire, versant Nord

Sommet associé : Col Claire (3408 m)

Orientation : N

Dénivelé : 1740 m.
Ski : 5.2

Sortie du vendredi 4 avril 2025

N∇BL∇

Conditions nivologiques, accès & météo

Météo/températures : chaud! iso0° 3000m
Conditions d'accès/altitude du parking : Le vallon du pont d'Arsine etait presque praticable en ski mais la neige commence à manquer
Altitude de chaussage/déchaussage : quasiment après le passage de la romanche
Conditions pour le ski : vieille poudre sur fond dur en haut, changeant sous les séracs, puis bonne grosse soupe

Conditions nivo et activité avalancheuse : Pas mal de chutes de pierres et quelques coulées humides observées en versant sud et vers le glacier de l'homme à partir de 10h du matin

Activité avalancheuse signalée dans la zone ce jour, voir la carte.

Skiabilité : 🙂 Bonne

Compte rendu

Itinéraire suivi : Montée conforme au topo skitour. A noter que l'engagement de la descente est certain à cause des séracs principalement, mais celui de la montée, certes moindre, n'est pas à négliger notamment dans les dernières pentes suspendues pour arriver au col...
Horaires : 7h-16h30

Ce qu'en pense le Petit Nicolas, feat Eddy Malou : c'est la skitourisation des lois du marché, mais oui, c'est clair!

Ce matin je me suis réveillé bien trop tôt encore une fois, avec une idée persistante en tête : je me mets décidément à apprécier de plus en plus la montée dans le ski de rando, bientôt j'en viendrai à critiquer les stations et à devenir aussi sauvage qu'un chamois à la vue des touristes. Mais le dieu du ski de piste ( je me le représente comme un ESF en combi rouge, lunettes de vitesse visées sur les yeux, batons leki incurvés et skis de géant) et ben il a du m'entendre penser tout haut et il m'a réservé une petite surprise aujourd'hui pour m'apprendre la dure vie de randonneur à skis. Nous verrons cela en temps voulu...

Aujourd'hui donc, l'objectif c'est clair, c'est Claire, enfin plutôt son col, enfin le col Claire , quoi!

Le nom est très rassurant, c'est une bonne destination pour ceux qui ont des mamans un peu stressées par les petites balades qu'ils vont faire.

"Ou est ce que tu vas?"

"Oh, ne t'inquiètes pas, je vais au col Claire, ca va être tranquille!"

Et hop le tour est joué, la voila rassurée et nous on peut aller faire les marioles tranquilles!

Déjà ca commence à peine qu'il faut porter les skis sur une route, traverser une rivière et grimper dans un pierrier recouvert de neige, juste assez pour s'enfoncer soudainement jusqu'à la hanche parce que, tiens c'est marrant, il y a un trou! Nan mais je vous jure, ca commence bien je vous dit! Ensuite une fois les skis chaussés, je me suis rendu compte que je trouvais plus comment enlever le frein à main, rien à faire, j'avançais pas! J'ai mis ca sur le compte de la tartiflette d'hier , mais j'y crois moyen à mon histoire de tartiflette, je crois que le problème vient plutôt de ce qui se trouve entre les skis et l'estomac...

La pente se raidit, bon sortons les couteaux, elle se raidit encore, bon j'ai compris, déchaussons, ah oui, et enlevons les couteaux du coup pour porter les skis, etc... Et pendant ce temps, je le voyais bien mon ESF goguenard :

"Alors, comme ca tu te mets à aimer la montée, c'est bien ca?"

L'arrivée à la grotte de glace a marqué une accalmie de courte durée, en offrant une structure majestueuse qui semble sortie de terre comme par enchantement. Reprise ensuite de la montée juste après avec un grand sourire. Ca a pas plu à mon ESF qui s'est fâché tout rouge et il s'est attaqué au copain Sylvain en lui cassant un bout de sa fix Plum. Plum, c'est une marque française (cocorico) de fixation aussi légère qu'une plume justement mais apparemment aussi fragile... Le pauvre collègue ca lui a foutu un coup au moral car il enchaine les soucis sur le matos en ce moment. Sur le moment c'était vraiment pas drôle mais au final ça va :c'est un bout d'alu qui sert à tenir les couteaux et le constructeur sait que ca casse souvent car il en vend des pièces détachées : c'est pratique! Ce système est vraiment bien rodé, on voit que c'est fait par des professionnels, qualité française, Môssieur!

Force au copain qui ne s'est pas laissé abattre par le destin et nous voila repartis sous les séracs du glacier du Lautaret avant de bifurquer à gauche pour monter dans la partie finale. Et là ça commence à botter, enfin à saucissonner carrément : pas moyen de tenir un angle propre malgré les couteaux. Le tout sous les séracs : bon on va pas trainer là quand même, et ben si justement, on va trainer un peu. Petit cafouillage pas vraiment marqué dans les manuels d'alpinisme et on rejoint l'ombre de la face nord des quelques 500m de dénivelé qu'il reste à gravir les skis sur le dos. Là, j'aurais eu un cutter, j'aurais découpé les peaux en fines lamelles pour les disperser aux quatre vents sur un télésiège quelconque, bien assis sur mon siège chauffant, à l'abri derrière ma petite bulle au cas ou le vent viendrait m'importuner. Mais non, pas de cutter, donc je les ai juste rangées bien sagement dans le sac.

Les 500m furent longs et j'ai pas mal de photos de la montée, parce que ca fait toujours un alibi pour justifier un arrêt :

"Attends, il faut absolument que je prenne une photo, c'est tellement beau ici!"

Par contre, là ou mon ESF, je ne l'ai plus vu ni entendu, c'est au sommet : quelle vue! On a bien donné pour cette ambiance et ca nous a sacrément remonté le moral! Et puis est venu le temps, non pas des cerises, mais de la récompense!

La descente commence par 100m bien larges qui sont particulièrement bons à skier. Sous les séracs l'ambiance est grandiose, on se sent tout petit, et puis la pente se radoucit, la vieille poudre disparait au profit d'une couche dure mais accrocheuse quoique changeante par moments. Petit passage obligé dans la grotte de glace et puis:

" Tiens, il est 15h, t'aurais pas un petit creux?"

Petit sandwich au soleil encore remplis d'une descente aussi majestueuse que la montée fut pénible.

Je mets à jour donc ma doctrine en espérant m'éviter les foudres divines la prochaine fois : "La montée c'est chiant mais pour descendre faut bien monter!"