Tour de la Meije à la journée par le traquenard des Chamois,

Massif : Ecrins
Départ : Villar d'Arêne (Pont d'Arsine) (1667 m)

Topo associé : Grand Pic de la Meije, tour de la Meije par le Pavé

Sommet associé : Grand Pic de la Meije (3983 m)

Orientation : T

Dénivelé : 3000 m.
Ski : 5.1

Horaires : 5h45-19h45

Participants : Léo, Jean et Baptiste

après une sortie pleines de surprises, nous tenons à faire ce retour pour compléter le topo Skitour du tour de la Meije par le Pavé.

Départ 5h45 du pont d'Arsine, les pistes de ski de fond étant encore enneigées, nous avalons, encore à moitié endormis, le plat jusqu'au plan de Valfourche. Tout le bas du vallon du Clôt des Cavales est tracé. Alors que nous le remontons en suivant cette trace confortable, je me rappelle avoir pensé qu'il était dommage d'avoir fait autant de route pour suivre des traces. On aurait tout aussi bien pu aller aux Vans.  Heureusement, lorsque la pente commence à se redresser, nous quittons les traces, pour nous diriger vers le col des chamois. La neige marquant bien, nous l'atteignons à ski 4h après le départ. 

Après une rapide concertation sur l'état des troupes et la présence de vent et de nuages plus marquée que sur les prévisions, nous nous engageons dans ce couloir qui, selon le topo Skitour, est une alternative plus raide mais moins expo au col du Pavé, juste quelques centaines de mètres à 45°. Nous descendons avec hésitation car la neige est croûtée et nous n’arrivons pas à voir si le couloir débouche. Après une centaine de mètres à skis, nous décidons de déchausser et de descendre en crampons afin de nous approcher plus en sécurité des rochers qui semblent barrer la fin du couloir. Nous trouvons un premier relais qui nous permet de faire un rappel d'une vingtaine de mètres pour atteindre un relais sur 2 pitons avec maillon, juste au dessus des ressauts rocheux qui finissent le couloir. Nous installons le deuxième rappel avec notre corde de 50m, et Léo descend en premier. Malheureusement, arrivé en bout de la corde, il n'est pas tiré d'affaire. Je décide donc de le mouliner afin qu'il puisse désescalader les derniers ressauts et qu'il nous dise si cela passerait pour nous sans la corde. Il rejoint ainsi la terre ferme mais nous crie que c'est de la neige sans consistance posée sur des dalles et qu'il n'aimerait pas être à la place de celui qui descendra sans être assuré. Je décide alors de mouliner Jean jusqu'en bas et que j'arriverais à me débrouiller pour descendre. Une fois seul au relais, je me mouline jusqu'au bout de la corde, qui se trouve malheureusement juste au dessus d'une dalle bien lisse. Cette désescalade douteuse ne m'inspirant guère, je décide de remonter jusqu'à un vieux piton quelques mètres au-dessus. Avant d'installer mon rappel, je décide de le tester et celui-ci a la bonne idée de sauter de sa fissure au deuxième coup. Je le remets en place avec mon piolet et je trouve un béquet qui me semble solide en grattant un peu dans la neige. Je les triangule avec un bout de cordelette que j'avais eu la bonne idée de mettre dans mon sac la veille. Je peux enfin rejoindre mes deux amis moyennant un troisième rappel de 25m et une petite désescalade de 5m. Nous skions ensuite une neige croûtée jusque sous le refuge du Promontoire. Cette descente qui sur le topo semblait si simple nous aura pris 3h. 

Sans perdre plus de temps, nous attaquons la remontée en direction de la Brèche de la Meije. Cela fait maintenant 8h que nous sommes partis lorsque nous l'atteignons. Et là, une fois de plus, nous sommes surpris par la raideur de la pente. La présence de cette neige poudreuse sur les rochers ne nous incite pas à tenter la désescalade qui semblait pourtant assez facile sur le topo et dans les souvenirs d'été de Léo. Voyant un beau relais au centre de la Brèche, nous décidons de descendre en rappel, quitte à désescalader la fin si la corde est trop courte. Rebelote, la corde est trop courte de 5m pour atteindre le relais suivant et désescalader les 20m qui me séparent du glacier me semble vraiment une mauvaise idée dans ces conditions de neige. Je cherche donc de quoi fait un relais intermédiaire. Je trouve un gros bloc qui a l'air de ne pas bouger, même quand je me pends dessus, et je l'entoure d'une sangle. Vite rejoins par mes compagnons d'aventure, je leur fais par de mes doutes concernant le relais : nous ne savons pas si le bloc tient parce qu'il est pris dans la masse ou s'il tient juste dans la neige et la glace. Nous nous rabattons donc sur un petit béquet qui semble plus solidaire de la montagne, que nous renforçons avec un friend DMM violet. Encore une fois, je me suis remercié de l'avoir mis dans le sac au cas où la veille. Après une heure de bricolage nous atteignons enfin le glacier de la Meije. (Si quelqu'un.e était amené.e à le retrouver et me le rendre, je lui ferai le gâteau de son choix en remerciement). (Nous  n'avons appris que le lendemain qu'il existait un rappel de 15m, en traversant la brèche une trentaine de mètre sur la droite).

Nous rechaussons les skis et entamons la descente, surtout méfiant des crevasses. Nous nous faisons alors surprendre à 3250m d'altitude, au niveau de la rupture de pente par une plaque déclenchée par Léo qui ouvre la descente. Heureusement, habile comme un suricate, il réussit, d'un petit bond, à ne pas se faire prendre les skis dans la plaque. Le ressaut étant purgé sur une trentaine de mètre de large, nous continuons la descente dans la trace de l'avalanche qui aura au moins eu le bon goût de nous casser la croûte. Nous remettons les peaux pour nous diriger vers le Serret du Savon. Je trace avec cette fois les radars allumés en mode ALERTE AVALANCHE ET CREVASSE. En remontant les zones d'érosion, nous atteignons un replat sous les séracs de la face Nord de la Meije. Sans plus traîner, nous descendons jusqu'à la base du Serret du Savon. Il est 17h et Léo attaque en tête la longueur de 15m, en bonne glace, équipée de dégaines à demeure. La suite du couloir est en neige assez profonde mais Léo nous offre une trace royale jusqu'au refuge de l'Aigle. 

Afin de sortir du glacier avant la tombée de la nuit, nous ne perdons pas de temps et à 18h20 nous attaquons la descente du glacier de L'Homme. Deux traces nous guident dans la neige croûtée qui sollicitent les dernières onces d'énergie de nos cuisses. Une petite erreur d'itinéraire oblige Léo et Jean à remettre les peaux pour remonter et traverser en rive droite. Depuis ma position, j'arrive à traverser pour rejoindre la descente classique. Je leur crie donc que cela passe sans problème. Ne me voyant plus et m'entendant crier, mes deux amis échangent le même regard : si je crie c'est que je suis tombé dans une crevasse. Ni une ni deux, le PG est prévenu par Jean, pendant que Léo remonte à toute vitesse vers ma position. Fausse alerte, Léo constate que je vais bien et que je les attends juste pour terminer la descente avant la nuit. Jean rappelle les secours pour les rassurer. Nous continuons cette descente au milieu des magnifiques séracs, mais rendue inskiable par la neige croûtée. Nous allumons les frontales pour la deuxième fois de la journée. Vers 2500m d'altitude, la montagne nous offre quelques virages de poudre que nous accueillons, à la lueur des frontales, comme un des meilleurs moment de la journée, la tension retombant enfin. Après quelques pas de patineurs que nous savourons, nous atteignons la voiture 14h après l'avoir quittée. La boucle est bouclée et j'ai largement eu la dose d'aventure que j'étais venu chercher.