Le Rocher d'Arguille, oui, mais tout droit!, le 07.03.25 par N∇BL∇

Massif : Belledonne
Départ : La Martinette (1050 m)

Topo associé : Rocher d'Arguille, Couloir SW

Sommet associé : Rocher d'Arguille (2885 m)

Orientation : SW

Dénivelé : 1800 m.
Ski : 5.2

Faune : Afficher les zones sensibles

Sortie du vendredi 7 mars 2025 (Il y a 2 jours)

N∇BL∇

Conditions nivologiques, accès & météo

Météo/températures : iso 0° à 2500m
Conditions d'accès/altitude du parking : parking à 1000m, entièrement déneigé évidemment
Altitude de chaussage/déchaussage : 1500m, vers le refuge de la Combe Madame
Conditions pour le ski : Ski de printemps, bon regel avec ciel dégagé, moquette impeccable pour la descente. A noter que le haut du couloir laissait paraitre par endroit de la glace tandis que dans le bas de la gorge la neige commençait à laisser place au ruisseau .

Conditions nivo et activité avalancheuse : Pas d'activité visible

Skiabilité : 🙂 Bonne

Compte rendu

Itinéraire suivi : Combe Madame, puis itinéraire 1b du topo. Descente du couloir SW suivi de la gorge de l'itinéraire 1.
Horaires : 8h-14h -17h45

Le récit du Petit Nicolas (qui a perdu son innocence enfantine pour cette fois)

Je me suis réveillé ce matin et j'ai eu un coup de déprime en relisant le BERA et sa section "qualité de la neige". Ca m'a rendu tout morose.

C'est vrai quoi, plus la saison avance, plus le BERA ressemble à l’état des finances du pays : déficitaire par-ci, largement déficitaire par-là. Moi je dis qu'il ne faut pas se laisser abattre, faut continuer à aller faire les guignols, faut juste être un peu malin. C'est justement là où réside le problème, parce qu'avec le copain Sylvain, on avait un plan pour contrer la morosité de ce vendredi, mais dont la stratégie se résumait à "T'inquiètes, la limite skiable, c'est dans la tête". On a donc commencé la ballade au véritable Fond de (la) France, à 1000 mètres d’altitude. Le plan était simple : on est en hiver et la vallée est encaissée, bien sûr qu'il resterait de la neige dans la combe.

Je sais, ça semble improbable. Mais nous sommes Français, que diable ! Où est l’audace ? L’exception française ?

Je ne dirais pas que ce fut un échec. Je dirais simplement que ça n’a pas marché.

Autant vous dire qu'en arrivant au parking, il était clair qu'on ne verrait pas la neige de sitôt. Mais on est des grands garçons, on assume nos responsabilités (qu’ils viennent nous chercher !), et on s’est donc mis En Marche : petites chaussures aux pieds, sacs de galériens sur le dos et en avant !

Sylvain, lui, a sorti sa botte secrète : des Vans avec semelles Michelin de qualif’, en gros des pneus "slick". Il est parti en trombe sur la route, façon départ de Grand Prix. Moi, je suis resté, sans audace, sur une valeur sûre : le Vibram sera mon compagnon de route ! Rira bien qui rira le dernier...

Nous voilà donc partis sur le chemin, prêts à rencontrer cette fameuse Madame dont tout le monde parle. Sauf que… on n’a pas pu la voir, vu qu’on a bifurqué sur les pentes à gauche avant d’atteindre sa maison.

À un moment, on s’arrête net.

— Oh non, on est trop cons.

Ok, jusqu’ici, rien de neuf.

— On va pas descendre par là vu qu'on fait une boucle, faut qu’on laisse les baskets ici, on devra remonter les chercher.

Oups.

On a donc planqué les baskets derrière un caillou, histoire de les récupérer au retour. Ca fera un détour de 300 mètres au final, franchement, ca aurait pu être pire ! Enfin, on chausse les skis et on attaque la montée en mettant les couteaux. Pour ceux qui ne connaissent pas, les couteaux, ce sont de fidèles compagnons qui servent à accrocher avec les skis sur la neige dure. Sauf que ceux de Sylvain, qui faisaient visiblement partie du mouvement de la Coutellerie Libre ont décidé de se casser, au sens propre comme au figuré.

Résultat ? Ben il a continué en crampons et la légende raconte qu'il allait encore plus vite! Sur 1900 mètres de dénivelé, il a dû en faire 500 mètres les skis aux pieds. Je ne sais pas pourquoi il s'embête avec des peaux à ce stade.

Bref, je ne vais vous faire un dessin, la montée, c’est long et chiant : un couloir exposé Sud Ouest, ça prend le soleil et ça brasse, et une pente à 50° à l'ombre entre des rochers, ça fait de la glace. Rien de nouveau sous le soleil.

Arrivés en haut, on s’est gelés en attendant que la pente dégèle. Tout un concept, enfin, moi, ce que j'en dis... Petit pique-nique avec vue imprenable, ça pour le coup, c'était drôlement chouette!

Puis est venue la descente. Un piolet à la main pour la première pente – pour moi quand tu prends le piolet en ski, c’est un peu comme le moment où tu galères en escalade et où tu te dis "oh et puis merde, je vais mettre une sangle sur le point". Le haut du couloir est donc passé en A0 en quelque sorte.

Dans le couloir, j’ai pensé à la dame qui me demande parfois si je suis stressé par l’école.

— Non, Madame, je crois que l’école, ça va. Par contre, là, je prendrais bien une camomille sans caféine pour me calmer un peu...

La suite du couloir est moins raide et se skie bien, très bien même.

— Tu penses que c’est quelle pente, là ?

— 35°.

— Moi je dirais 40°.

Résultat, 38° : la foule a toujours raison sur des questions non biaisées, c'est bien connu. Même une foule de 2 on dirait!

Ensuite, on traverse une gorge avec une ambiance phénoménale. Le ruisseau qui est dessous commence à se voir mais ça passait encore très bien! Et au bout de la gorge, on retrouve la combe Madame après avoir remonté un coup pour récupérer les baskets…

Il est temps à présent de revenir à Sylvain et sa "Vans Life".

Les pneus Michelin de qualif', normalement, ils ont une couverture chauffante pour maintenir le grip. Moi je pense que c'est la que fut son erreur : le sac Carrefour dans lequel on a laissé les chaussures, avait les propriétés thermiques d'un appart en catégorie G et les chaussures étaient évidemment gelées.

Vous me voyez venir ?

Quelques pas en descente plus tard, le voilà parti en mode "Vans Off The Wall", redéfinissant ainsi de la plus belle des manières son contact avec la nature.

Comme il n’avait rien de cassé, je me suis permis de bien rigoler. Mais pas trop, au cas où le karma me rattrape juste après. Cependant rien ne m’est arrivé, du coup je le dis et je le répète :

Le Vibram vaincra!

Commentaires

GMG, le 08.03.25 20:34

Trooop bon !