Les dents de la Meije

Massif : Ecrins
Départ : La Grave (1450 m)

Sommet associé : Col des Ruillans (3211 m)

Orientation : NE

Dénivelé : 1850 m.
Ski : 2.2

Itinéraire suivi :

 Vallon Chancel à la montée et Vallon de la Meije à la descente en repassant par P1. Ca touche de partout à part peut être dans les arcosses du bas des vallons de la Meije.

Récit, dans le style du Petit Nicolas de Goscinny :

Ce matin, je me suis levé super tôt avec une grosse patate, comme dit Papa quand il est content. La météo avait dit qu’il avait neigé plein plein plein, et je savais que ça allait être une journée incroyable. Parce que moi, la poudre toute blanche ca me rend tout content et je rigole tout le temps. C'est comme le nouveau surveillant à l'école qui s'appelle Emmanuel mais nous on l'appelle Manu quand il nous entend pas, sauf que les grands disent que c'est pas la même poudre. À 8 heures, on était au parking de la Grave, et y’avait personne. Je me suis dit qu’on allait avoir tout l’endroit rien que pour nous, mais aussi qu’il allait falloir tout tracer. Tracer, ça veut dire qu’il faut marcher le premier dans la neige toute fraîche, et c’est super fatiguant. Mais bon, c’est aussi bien, parce qu’après, à la descente c'est complètement fou!.

La neige commençait bas, à 1300 mètres, en versant nord. Le BERA (ça veut dire un truc important pour la montagne, mais je sais plus quoi) disait que c’était bon. Alors j’ai dit : "Youpi !", et on est partis. La poudreuse était tellement douce et légère qu’on aurait dit marcher dans du coton, mais ça fatiguait quand même drôlement. Sylvain, mon copain, il avait skié les deux jours d’avant, alors j’ai fait la trace pour qu’il se repose. Enfin, au début, parce qu’après, j’étais crevé moi aussi, et j’ai accepté qu’il prenne le relais. Faut savoir partager avec les copains!

En montant, on a vu que ça touchait de partout. Sylvain, il appelle ça des "requins" quand il y a des cailloux cachés sous la neige. Moi, je trouve ça rigolo comme nom, mais quand on tape dedans, ça l’est beaucoup moins. Le but, c’était d’arriver à la gare du téléphérique à 3200 mètres pour décider de quel côté on allait descendre. Quand on est arrivés, il faisait un froid de canard, alors on a mangé un bout super vite, et on a rencontré deux types qui venaient des Deux Alpes. Ils avaient fait des jolies traces sur le glacier, et ils avaient l’air moins fatigués que nous, c'est bien aussi les téléphériques qui fonctionnent!

La descente, c’était quelque chose. Dans les premières pentes, j’ai pris un caillou en plein ski, et j’ai fait un beau soleil, vous savez, quand on vole la tête la première. Ça m’a calmé tout de suite, et après, je suis descendu en faisant très attention. On avait les jambes toutes fatiguées, et dans la moraine, ce n’était plus possible de skier. Alors on a dû enlever les skis et descendre à pieds dans la neige profonde. C’était vraiment bizarre, parce qu’on faisait la trace en descente, skis sur le dos. C’était une vraie galère, mais on rigolait bien quand même. À un moment, Sylvain, il a dit un truc que les grands disent : "Les cons, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît." Moi, je ne sais pas trop ce que ça veut dire, mais il avait l’air content de le dire.

Après, j’ai voulu remettre les skis pour descendre dans les arcosses, parce que c'est vrai quoi à la fin, les skis c'est pas fait pour être sur le dos en descente! C’était tout plein de petits arbres qui piquent, mais s’il y a un arbuste, c’est qu’il n’y a pas de cailloux!  C’était malin comme tout, et on a fait les sangliers dans la neige. Moi, je me suis pris deux branches dans le visage, mais je n’ai rien dit parce que c’était rigolo de sauter partout comme des fous.

Pour finir, on a dû descendre à pieds jusqu’à P1 (c’est comme ça que les grands appellent un endroit où il n’y a pas grand chose). On a remis les skis juste pour dire qu’on skiait encore, mais c’était pas joli-joli. À la fin, la nuit tombait et les lumières de La Grave brillaient. Elles étaient toutes décorées pour Noël, et c’était super beau : ca valait presque le coup d’arriver aussi tard! Moi, finalement, j’ai trouvé ça drôlement chouette, parce que ça ressemblait drôlement à une histoire qui finit bien, avec plein de neige, des copains, et un chocolat chaud qui nous attendait sûrement quelque part.