Départ : Le Grand Thiervoz (le Merdaret) (1040 m)
Topo associé : Col de la Porte d'Eglise, Versant Ouest
Sommet associé : Col de la Porte d'Eglise (2526 m)
Orientation : W
Dénivelé : 1450 m.
Ski : 3.1
Sortie du vendredi 5 avril 2024
Conditions nivologiques, accès & météo
Météo/températures : beau temps, voiles nuageux à l'W , qq nuages moutonnants , température douce augmentant rapidement dans l'après midi - qq rafales de vent au débouché sur la crête
Conditions nivo et activité avalancheuse : coulées de surface modérées en bordures de combes ; en avons déclenché une petite sans conséquence juste au-dessus de la Fouetterie
Skiabilité : 😐 Correcte
Compte rendu
Nuit sans lune éclairée par les halos de deux frontales en excellent état
Ce qui n'empêche pas de louper le départ du sentier encombré de branchages et troncs divers
Qu'à cela ne tienne, poursuivons sur cette piste qui se dirige vers le S puis on prendra ce chemin noir qui rejoint le sentier
Le chemin noir a dû être une piste forestière en des temps immémoriaux ; à présent c'est un taillis inextricable ; bien du temps s'écoule, la sueur coule, déjà l'aube dessine les contours de la chaîne du Grd Rocher
On rampe, on s'arrache, on ahane, on grogne ; un doute s'immisce : serait-il possible que nous ayons été des laies dans notre précédente vie ?
Au 1er chalet de la Petite Valloire, il fait jour mais on se perd de vue. Au 2e chalet, il fait toujours jour et on se retrouve. L'heure a tragiquement avancé mais pas pour tout le monde ; trois occupants nocturnes du 2e chalet en sont encore au ptit déj. Le nôtre est à présent bien loin, on a déjà fait 680m de D+ mais on ne nous propose même pas une tasse de café. Nuls, ils sont nuls.
C'est là qu'on se chausse comme des skieuses mais on marche encore un peu. On n'est plus à 50m près ! Sur l'autre versant, Belle Etoile et Cabottes s'illuminent. La neige est là, belle, lisse comme un drap de soie blanche. La nuit a été claire, une mince croûte de regel rend la montée aisée. De mamelons en mamelons , on avance vers le fond de la combe, laissant à notre G la dépression du Lac des Naves. La température est douce sans excès . Le soleil n'a atteint que les extrémités des Pointes de la Porte d'Eglise. Quand la pente terminale du col se dresse devant nous, on comprend qu'il s'agit de s'employer un minimum . Les skis grimpent sur nos sacs, et les crampons rampent sous nos pieds. Reste à escalader cette échelle de Jacob tracée de nos propres pieds (mais surtout ceux d'Anne, je dois l'avouer), et ainsi relier comme il se doit la terre au ciel.
Des rafales de vent à périodicité tout à fait fantaisiste abrègent notre contemplation béate. Que ce soit le Vallon de la Petite Valloire que nous venons de gravir ou le vallon de l'Oule sur l'autre versant, tout n'est que neiges intactes, beauté et solitude. Nous ne savons alors pas encore que pendant ce temps un éminent contributeur fait une orgie de couloirs et de sommets dans le secteur.
La descente de l'échelle se révèle plus rapide que la montée ! Pourtant, on ne peut à vrai dire pas «lâcher les chevaux », mieux vaut tenir fermement les rênes pour chevaucher toutes les boulettes encombrant la partie centrale de la pente. Et plus bas, les moments de grâce alternent avec des moments plus techniques où il s'agit de dompter une neige changeante à tendance cassante. Jusqu'à ce qu'on arrive à la profonde molle pourtant assez facile à skier même à travers une coulée de surface qui s'est abousée indolemment sous nos pieds juste au-dessus de la Fouetterie.
Nous aussi sommes un peu amollies. La faute au réveil très matinal, à la pause prolongée au soleil ardent face au cirque du Pra, à la température en hausse rapide.
Mais qu'importe : cette journée fut si belle, parfois un peu physique mais un enchantement pour les yeux et l'âme.
Laissons le dernier mot à Anne : « Tout seul on va plus vite mais ensemble on va plus loin »....