Départ : l'Echalp (1701 m)
Sommets associés : La Gardiole de l'Alp (2786 m) Pic de Château Renard (2989 m) Pointe des Sagnes Longues (3032 m) Pic de Foréant (3081 m) Pic Cascavelier (2576 m) Col du Queyron (2799 m) Col de Valpréveyre (2737 m) Col de Nalbert (Villona) (2576 m)
Orientation : T
Dénivelé : 6300 m.
Ski : 2.3
Sortie du lundi 20 mars 2023
Conditions nivologiques, accès & météo
Séjour du 15 au 20/3Altitude de chaussage/déchaussage : aucun portage (mes coéquipiers étaient farouchement contre) - qq déchaussages minimes dans les bas adrets
Conditions pour le ski : très bonnes, neiges variées mais toujours plaisantes
Activité avalancheuse : rien sur les itinéraires empruntés ; par contre, avalanche au Rocher Blanc alors que nous étions au Pic Cascavelier voisin cf http://www.data-avalanche.org/avalanche/1679072908821
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu (par taramont)
Le thème du Printemps des Poètes 2023 est «Frontières». Le moment était donc bien trouvé pour aller baguenauder dans ces fières montagnes frontalières du Queyras. La neige avait dû avoir vent de l'événement, elle l'avait traversée, la frontière. En coups de vent et en parfaite dentellière, elle avait ourlé les corniches de la soyeuse matière et de la plus belle manière.
Il s'écrira des pages entières sur la question des Frontières. Il est de bon ton de réclamer qu'on les abolisse, ces œillères. Et le ton sera si tranchant qu'il en naîtra une nouvelle, de frontière : entre les 100 % «pour» et les 100 % «contre». Car il est plus facile d'avaler le prêt à penser que de digérer la complexité. Et que celui qui a son idée pleine et entière me jette la première bière.
Et pourtant, qui peut dire de quel côté de la frontière les montagnes sont les plus altières ? Qui peut dire où est la frontière entre la pénombre de la nuit finissante et la première lumière du jour naissant ? Entre la pluie gelée et la neige mouillée ? Entre la fin du désir et le début du plaisir? De même, entre un 2.2 et un 2.3 ? Entre une skiabilité bonne et une excellente ? On peut calculer certes ce genre de choses, mais calculer est-ce penser ?
Quoiqu'il en soit nous revenons d'un pays unique. Passerelles, ponts de pierres ou de neige enjambent la frontière entre les deux rives du Guil, de l'Aigue Agnelle, de l'Aigue Blanche, des Torrents du Bouchet, du Curlet, du Clausis, du Devez, du Nalbert et d'autres encore que nous n'avons pas explorés. Ils permettent de rendre visite au voisin de derrière et de vider les vieilles querelles autour d'une cafetière et d'une tomme fermière.
Et s'il se trouve là-haut une borne qui, après tout, n'est qu'une pierre, je m'y poserai et, en bonne sorcière, jetterai un sort à toutes les velléités meurtrières menaçant les frontières. Puis, au cœur de la montagne, envahie par un sentiment océanique (si, si), je resterai à jamais méditante devant les merveilles glacées surgissant des deux côtés de la frontière et ces couloirs ahurissants où certains dépassent les bornes qu'ils n'ont jamais eu la mauvaise idée de placer dans leur esprit.
Mais revenons plus précisément aux pentes et neiges plus modestes du Queyras. Elles ont été chantées ici récemment à tue-tête, à tire-larigot, sans retenue ni décence aucune par tous les amateurs de poudre. Pour notre part, nous avons sauté à skis joints dans la version printanière. Après un dernier coup de colère à la Gardiole et une matinée de regrets à Nalbert, l'hiver avait visiblement choisi de se retirer sur la pointe de ses pieds glacés et, de jour en jour, nous constations que la frontière avec la saison des gazouillis avait été franchie. Nos signatures par de parfaits lemniscates en ont été la preuve tangible. L'infini, le non borné, à notre portée.
La neige restait généreuse, sauf dans les adrets où elle cédait la place aux crocus élégamment assortis à mes skis Barbie. La blanche était de texture variée mais toujours de qualité. On trouva de la moelleuse, de l'onctueuse et même de la poudreuse en fine pellicule ou plus conséquente dans les creux, de la croustillante, de la tressautante, de la scintillante, de la dense, dans le bas parfois un peu attachante. Et puis, un peu de zippante aussi comme dans le vallon de Clausis où mon ski à l'aval crissait contre la pente tandis que l'autre, amont, chantait (mal) l'aurore - qui d'ailleurs était déjà loin ; le comte avait beau m'occuper l'esprit avec ses poèmes cruels, il n'empêchait que je devais cruellement m'employer et mes deux comparses encore plus cruellement patienter.
Mais en général les champs élyséens locaux sont si vastes qu'il est toujours possible de choisir. Et si, par atavisme, on choisit les bois, il suffit d'un entraînement dans les hêtraies chartrousines pour s'adapter aux mélézins queyrassins.
Choix des courses guidé par nos envies, nos capacités et quelques conseils judicieux glanés auprès d'anciennes connaissances croisées et de nouvelles connaissances attablées. Qu'ils en soient tous chaleureusement remerciés.
Il y eut au menu :
En entrée, et dès l'arrivée, la Gardiole de l'Alp avec ses vastes pâturages panoramiques cinglés par un vent méchant.
En plats de résistance,
Le longuet mais charmant Col de Valpreveyre sous le regard sévère du Bric Bouchet,
Le Pic de Cascavelier, sa jolie arête NW menant sous les Marcelettes et offrant une superbe descente N le long du Torrent du Curlet,
La somptueuse Pointe de Sagnes Longues avec un petit bonus au collet de Cornivier,
Une incursion dans le sauvage vallon de Nalbert avec une épique séquence forestière où les conversions forcées furent plus nombreuses que dans les missions les plus efficaces, incursion hélas stoppée par l'arrivée d'une perturbation pluvio-venteuse
Puis, comme lot de consolation, une courte promenade vespérale sous un ciel à nouveau dégagé vers le Pic de Château Renard.
En dessert, le Pic de Foréant, illustre voisin du Grand Queyras, offrant tout comme les Sagnes Longues, mais en plus proche encore, une vue saisissante sur le Monviso en plus d'une descente de grande griserie.
Et tant que nous sommes dans le thème « gastronomie et accueil », nous ne pouvons que conseiller TRES vivement le gîte des Arolles à la Rua (Molines) lesarolles-queyras.fr">lesarolles-queyras.fr/, tenu depuis 1 an par Maïck et Fabrice, sans conteste le meilleur hébergement de cette catégorie que nous connaissons.
Participants : Marie (J1 à J6) et Patrick (J2 à J6)
Itinéraires
J1 – 15/3 : Gardiole de l'Alp (2786m) - 2.1
Départ Gaudissart (1808m) 11h20 – D+ 980m – 9,8km
J2 – 16/3 : Col de Valpreveyre (2737m) 2.1
Départ Le Roux d'Abriès (Chapelle St Rémy 1680m) 9h – Montée en rive D du Torrent du Bouchet, descente en rive G - D+ 1080m – 17,6km
J3 – 17/3 : Pic de Cascavelier par Pont du Moulin, Crête de Curlet puis arête de l'Automnière (2750m) et descente N sur les cabanes de Lamaron -2.3
Départ La Chalp (le Raux 1910m) 8h45 - D+ 950m – 10,9km
J4 – 18/3 : Pte des Sagnes Longues (3032m) par le Vallon de Clausis et Collet du Cornivier (2799m) entre le Pic de Cornivier et le Queyron – 2.3
Départ Fontgillarde (Pont de Lariane 2020m) 8h30 – D+ 1160m – 16,8km
J5 – 19/3 :
matin : Départ l'Echalp (1700m) 8h50 – Montée dans le bois en rive G du Torrent de Nalbert - vallon jusqu'à 2250m env puis stop
ap.midi : Départ St Véran (pkg 1960m) 15h30 – Montée direction Pic de Château-Renard jusqu'à 2450m au-dessus de la Souchière
D+1080m – 15,2km - 2.2 et 1.3
J6 – 20/3 : Pic de Foréant (3081m) 2.2
Départ Fontgillarde (Pont de Lariane 2020m) 8h30
Montée le long du Torrent du Devez – Col 3028m – Final à pied
D+ 1050m – 15,5km