Sortie du vendredi 29 avril 2022
gstephan, drassak, Leo73
Conditions nivologiques, accès & météo
Météo/températures : Grand beau mercredi et jeudi, sans vent. Légèrement voilé vendredi mais températures douces et peu de vent (un peu sur le Piton des Italiens).
Conditions d'accès/altitude du parking : RAS
Altitude de chaussage/déchaussage : Chaussage un peu sous Tré la tête. Arrêt au plan de l'Aiguille.
Conditions pour le ski :
- Mercredi : bien croutasse vu l'horaire pour descendre du sommet E des dômes aux Conscrits mais ça avait l'air bien bon plus tôt dans la journée.
- Jeudi : Pas de ski !! ;-)
- Vendredi :
Du sommet du Mont Blanc à l'entrée de la FN : neige dure. la glace n'est vraiment pas loin en dessous
Face N : bonne poudreuse traffolée, froide, un à deux ressauts raides en neige dure
Jusqu'à la jonction : poudreuse +/- humidifiée selon les orientations, avec du passage.
Après la jonction : soupasse pour rentrer jusqu'à la benne
Activité avalancheuse : Des purges au soleil même dans les orientations "froides" raides, sinon quelques plaques spontanées parties dans les versants S mercredi au soleil.
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu (par gstephan)
Itinéraire suivi :
- Mercredi : Montée au dôme E de Miage et descente sur les Conscrits.
- Jeudi : REmontée au dôme E de Miage et descente sur Durier cette fois.
- Vendredi : Arête jusqu'à l'épaule 3810 de Bionnassay, descente sur le glacier de Bionnassay puis remontée au col éponyme, Piton des Italiens, Dôme du Gouter et Arête des Bosses. Descente Petits mulets puis face nord, plateaux, jonction, et retour plan de l'aiguille.
Horaires :
- Mercredi : 7h30-18h
- Jeudi : 7h-13h30
- Vendredi : 4h-16h30
Après quelques jours pour digérer, retour sur ce magnifique voyage au Mont Blanc la semaine passée.
J1 : Excès de gourmandise à Miage.
Les Contamines, 7h. On pose la voiture en sachant que l'on part pour un long voyage... D'ailleurs, ça se ressent au poids des sacs. Bon, à la base on avait prévu de faire le trajet en vélo histoire de rajouter encore un peu de difficulté au programme mais finalement ce sera pas mal la voiture. La bonne excuse le compromis de vente de la veille Paulo merci ! ;-) On file bon train sur les sentiers de bon matin, et 2h plus tard, on est à Tré la Tête. Le mauvais pas est rapidement négocié, ça passe mieux qu'en été, et on se délecte des paysages qui s'ouvrent à mesure qu'on s'avance vers le glacier de Tré la Tête... Il fait bon, on est dans le timing, on se sent bien. Notre plan est de filer jusqu'à Durier en passant par le sommet E des Dômes. C'est long mais on est confiant... Jusque là !
C'est sans compter sur un enchainement de facteurs, qui se déclenche à partir de 11h :
1. Je laisse échapper un couteau en arrivant sur le glacier. 50m de plus en dénivelé c'est pas grand chose (surtout vu ce qu'on avait prévu de se mettre dans le gosier ce jour) mais ça m'arrive jamais d'habitude. Bon on laisse filer.
2. 15 min plus tard, c'est bottamor qui lui ne nous laisse plus filer... Zut bon on voyait le coup venir donc un peu de fart et c'est réglé !
3. A 12h pétantes, on rentre dans le four. Fin du petit vent, réverbération maximale, on se fait littéralement rôtir sur le glacier ! Et là autant tout à l'heure on avait le fart, autant on a pas pris de ventilos ni de climatiseur... C'est le gros coup de chaud, et le début de la douche froide !
A la pause dej, on s'abat sur la neige, coulant à grosses gouttes, léchant l'eau de fonte sur les moraines. On fait vite mais on sent qu'on est vraiment en train de se faire mal... " Faut s'économiser les gars !" nous dit Paulo mais on sait plus très bien comment faire. Et cette trace pénible dans la poudre humide simplifie pas vraiment la chose.
L'après-midi, c'est la traversée du désert... heu du glacier de Tré la Tête. On n'avance PLUS, ça n'en finit PLUS, on n'en peut PLUS... Il y a plus que la tête qui fait avancer les jambes, si bien qu'on finit quand même par arriver au col des Dômes. Il est 16h30 !!! Dans un baroud d'honneur, je lance mes dernières forces et brasse jusqu'au cuisses sur l'arête qui mène au sommet E, remet les peaux sur la fin et on s'affale tous les trois au sommet. Il est 17h, l'heure à laquelle on devait atteindre Durier ! Et à regarder la tronche de l'arête, on se rend bien à l'évidence : C'est le BUT MONUMENTAL ! Pas de bascule sur Durier, pas de Bionnassay le lendemain, pas de Mont Blanc vendredi. Petit selfie de consolation, on retire les peaux et on file au Conscrits dans la croûte la queue entre les jambes. Gros coup dur !
20h aux Conscrits, on est calé en terrasse, regardant le coucher du soleil en terrasse avec une bonne chouffe. Ca va mieux on a bu 8L d'eau chacun déjà et on recharge les batteries. Arrive deux connaissances de Chambé, qui sont montés dans l'aprem avec le même programme que nous. On leur raconte notre mésaventure, ils sont si motivés que ça nous pousse à rebattre les cartes. On peut toujours y retourner demain, et tenter le Mont Blanc en shuntant Bionnassay le surlendemain. Ca peut marcher, mais on a vraiment envie de se refaire tout ça ?! Ca cogite, mais pas longtemps finalement. L'attraction de cet itinéraire est trop fort, on doit tenter notre chance, alors on signe avec Sandro et Thomas pour Durier le lendemain !
J2 : Retour à Durier, ou comment conjurer un but... le lendemain du but !
A l'aube, toute la bande est remise des émotions de la veille. Merci aux conscrits de nous avoir accueillis pour se refaire la cerise. Les 2650m de D+ n'ont pas trop laissés de séquelles et c'est plein d'un nouvel entrain qu'on se remet en marche avec le train de 7h en direction des dômes. Il fait bon, frais mais pas trop, on est tellement heureux de cette approche dans l'ombre en comparaison du coup de chaud de la veille... On en a discuté et c'était pour nous 3 réellement notre pire journée en montagne. On était allés au bout, littéralement. En se mettant dans la roue d'un autre trio, on remonte bon train le glacier et à 9h30 on est de nouveau sur l'arête du col des Dômes... Comme une impression de déjà vu ! ;-) 10h, petite pause au sommet et on attaque le gros morceau de la journée, la désescalade vers Durier. L'arête est belle, longue, esthétique, avec quelques pas grimpants sur le fil du plus bel effet pour rejoindre le sommet 3672. De là, c'est une descente plutôt neigeuse, entrecoupée de ressauts de rocher faciles jusqu'au rappel. Ca brasse quand même bien avec les chutes du week-end passé et on rattrape logiquement le duo chambérien parti à 5h, qu'on relaie sur la trace pour la fin jusqu'à Durier. Bonne entente dans l'équipe ça fait plaisir !
Arrivée à Durier pile pour le repas, après 3h30 de désescalade tout de même... C'était clairement un morceau à ne pas sous-estimer, ce que nous avions fait la veille. En tous cas, le faire dans ces conditions, après une bonne nuit de repos a été salvateur et nous a vraiment permis de profiter dans son ensemble de la grimpe et des panoramas exceptionnels sur les sommets du massif !! Au loin, on aperçoit le programme du lendemain, qui parait encore tellement haut depuis notre terrasse à 3350m, mais on le sens bien ce coup-ci. :-)
Durier c'est vraiment un refuge mythique. Un vrai bijoux niché au coeur du massif sur son col immense ! Rien que pour lui la course vaut le détour... Il est tout confort, avec son fondoir à neige sur le toit, son agencement tout en bois. Et dire qu'il est gardé l'été... Allez y faire un tour vous ne saurez pas décus ! Et puis le coucher de soleil... Il se passe de commentaires !! :-)
J3 : Journée de rêve au Mont Blanc !
4h, on est dehors. Après une bonne nuit de repos, la fine équipe par à l'assaut du grand blanc. Après un petit ressaut dès le départ, ça monte à skis grâce à une trace laissée par ceux de la veille, qui ont fait l'aller retour à Bionnassay. Un grand merci à eux car c'était ça de moins à faire de nuit à la frontale ! ;-) On rejoint ensuite une première partie d'escalade facile sur le fil, super belle dans de grandes écailles de granit et on s'en met plein les mirettes. A 6h, nous atteignons comme prévu la selle neigeuse au pied du bastion rocheux, et assistons à un lever de soleil complètement hallucinant, entre les cirrus rougeoyants et les sommets qui s'embrasent tout autour de nous un à un... C'est vraiment pour ce genre de moments que je vais en montagne je crois !
Après avoir laissé la cordée Franco-Italienne se farcir Bionnassay, on est vite rappelé à l'ordre dans la descente sur le glacier côté Italien... De la croutasse à 40° à 6h du mat, ça réveille et à cette altitude ça use ! Dérapage de rigueur on a vraiment pas envie de se la coller maintenant ! Passé ce petit intermède de laminage de cuissots, on repaute en direction du col de Bionnassay, dont la sortie au dessus de la rimaye sera très pénible avec un brassage d'enfer pour rejoindre le fil de l'arête. On se relaie ensuite à la trace jusqu'au Piton des Italiens, pour une pause au soleil bien méritée. Enfin !!
La suite est évidente, sur la carte IGN du moins... Suivre le fil jusqu'au dôme du gouter s'avère assez technique sur cette section. Il ne reste que très peu de place entre la glace côté nord et la poudre accumulée côté sud, si bien que pour ne pas trop enfoncer ou dévisser, il faut bien regarder où l'on met ses pieds. L'option un pied sur la glace, l'autre dans la poudre sera la bonne et on fait notre petit chemin jusqu'à l'immense Dôme du Gouter. Courte redescente en peaux et on rejoint la trace qui monte jusqu'au pied de Vallot.
11h, allez, il ne reste "plus" que l'arête des bosses maintenant. Au moins la trace est déjà faite ici ! :-) Une micro bande de neige nous permet d'éviter la glace de Vallot, puis on s'engage sur l'arête à proprement parler qui est en neige bien dure. Après les bosses, on tombe sur la crevasse dont on parle tant cette saison. Gauche ou droite pour la franchir ? On choisit d'aller côté face N, avec un passage pour le moins "intéressant" sur le sérac qui se fait la malle dans la face, puis une descente dans une rimaye bien bouchée, pour ensuite remonter un court ressaut à 60/70° en neige dure et se rétablir sur l'arête via une petite longueur en glace/neige béton. Il y a possibilité pour éviter ce bazar de remettre les peaux et de tracer directement dans la face N mais on voulait rester sur le fil et s'économiser des manips. L'altitude pèse maintenant. 4650, c'est pas tous les jours... Allez, encore 150m et on est là haut. On se fait doubler par un paralpiniste en solo et en petites foulées qui file déployer sa voile au sommet du Mont Blanc... Il y en a qui sont sur une autre planète ! Nous, on prend notre temps (pas bien le choix de toutes façons).
13h30, c'est la délivrance ! Ca y est, on ne peut pas monter plus haut ! Gros sentiment de soulagement, mêlé de joie et aussi de fatigue. Ca va quand même bien mieux qu'il y a 2 jours ! Au sommet, un duo de collant pipette annéciens venus à la journée nous accueille. On vide la fiole de génépi, 2/3 photos et on enquille la descente... C'est qu'il reste encore du chemin à parcourir !
La première partie sur l'épaule finale est en neige dure avec un bon grip, même si la glace n'est pas très loin par endroit. On entre dans la rampe de la face N vers 4500 et retrouvons de la bonne poudreuse traffolée dans cette partie. Il y a 2 crevasses à négocier et un dérapage en neige dure mais rien de bien complexe, surtout pour Léo qui, on ne sait comment, à su en garder sous la pédale pour la descente !!! :-) Super section de poudre sur les grands plateaux, puis on ne traine pas à passer les barrières de séracs des petits plateaux qui ont bien dégueulées... Sur ce coup là ça fait plaisir d'y être uniquement en descente !
15h, Jonction. Peaux sur les skis et cordes au baudard, on attaque le passage qui démarre par quelques pirouettes artistiques au dessus de belles crevasses. Bon c'est sur les 30 premiers mètres, ensuite ça se calme bien et les ponts de neige deviennent larges (je m'attendais à pire). Merci aux traceurs pour avoir trouvé le passage dans ce dédale ! L'affaire n'est pas encore terminée les gars, vous qui pensiez rentrer en godilles transfo jusqu'à Cham tranquillou, en fait il faut traverser dans la soupe sous l'aiguille du Midi jusqu'à l'intermédiaire pour rentrer au plancher des vaches... C'est la dernière épreuve, celle qui teste si tu as encore une once de ressources en toi pour te sortir de l'histoire. De toutes façons là tu peux plus faire marche arrière, alors dans la trace et avances aussi vite que tu le peux encore !
16h30, déchaussage au plan de l'Aguille. Fin d'une journée de presque 13h non stop. Avec un sourire d'enfant au coin de nos lèvres gercées, brulées par le soleil, on se congratule en pensant à la bière qui va nous désaltérer en bas (nota : il en faudra bien plus qu'une !)... Un sacré voyage pour notre 1er Mont Blanc à tous les trois ! A coup sûr, on s'en souviendra longtemps ! :-D Merci à Paulo d'avoir cru à mon projet fou, à Léo et ses 3 poumons d'avoir tracé comme jamais et à la montagne de nous offrir de si beaux moments tout là haut.
J1 : On chausse 100m sous Tré la Tête.
© Skitour/gstephan27.04.22 09:23156 vuJ1 : Léo arrive au Mauvais Pas
© Skitour/gstephan27.04.22 10:00176 vuJ1 : Belle arche juste après le Mauvais Pas
© Skitour/gstephan27.04.22 11:00177 vu1 J1 : 13h : C'est là que le four fait le plus mal !!
© Skitour/gstephan27.04.22 12:50194 vuJ1 : Paulo En cuisson avec le Mont Tondu
© Skitour/gstephan27.04.22 14:07195 vuJ1 : On en termine avec le sommet E de Miage
© Skitour/gstephan27.04.22 16:54196 vuJ1 : Ce qu'il reste à faire...
© Skitour/gstephan27.04.22 17:13211 vuJ1 : Redescente sur les Conscrits, ski croute grand large ! :-)
© Skitour/gstephan27.04.22 17:46205 vuJ1 : Arrivée au Conscrits pile à l'heure de l'apéro !
© Skitour/gstephan27.04.22 18:01200 vuJ1 : Coucher de Soleil sur Tré la Tête
© Skitour/gstephan27.04.22 20:19197 vu1 J2 : Cordée au petit matin
© Skitour/gstephan28.04.22 07:24194 vuJ2 : Montée à la fraiche, ça fait du bien !
© Skitour/gstephan28.04.22 07:52195 vuJ2 : Sommet E, on remet ça !
© Skitour/gstephan28.04.22 09:48209 vuJ2 : Sandro et Thomas sur l'arête
© Skitour/gstephan28.04.22 10:13220 vuJ2 : Les cordées à l'assaut des dômes de Miage
© Skitour/gstephan28.04.22 10:18234 vu1 J2 : Au départ de la traversée.
© Skitour/gstephan28.04.22 10:26256 vuJ2 : Quelques passages grimpants.
© Skitour/gstephan28.04.22 10:50253 vuJ2 : Dans la descente sur Durier... On en prend plein les mirettes !
© Skitour/gstephan28.04.22 11:14217 vuJ2 : Rappel plein gaz en face N !
© Skitour/gstephan28.04.22 12:21241 vuJ2 : Thomas avec la Face N des Miages
© Skitour/gstephan28.04.22 13:19249 vuJ2 : Arrivée au refuge après 3h30 d'arête.
© Skitour/gstephan28.04.22 13:52238 vuJ2 : A Durier, il fait meilleurs dehors que dedans...
© Skitour/gstephan28.04.22 17:35240 vuJ2 : Dernier rayons depuis Durier
© Skitour/gstephan28.04.22 20:25237 vuJ3 : A petit matin sur l'arête de Bionnassay
© Skitour/gstephan29.04.22 05:54244 vuJ3 : Magnifique lever de soleil !!! :-D
© Skitour/gstephan29.04.22 06:16244 vu1 J3 : 1ers rayons sur Tré la Tête. Splendide !!
© Skitour/gstephan29.04.22 06:29237 vu2 J3 : Embrasement des Ecrins !
© Skitour/gstephan29.04.22 06:29242 vuJ3 : Le glacier de Bionnassay après la descente en croûte infâme... :-/
© Skitour/gstephan29.04.22 07:03239 vuJ3 : Du glacier vers le col de Bionnassay
© Skitour/gstephan29.04.22 07:03226 vuJ3 : Sur l'arête du Piton des Italiens, ambiance !
© Skitour/gstephan29.04.22 08:45256 vuJ3 : Paulo et la mythique arête de Bionnassay en arrière plan.
© Skitour/gstephan29.04.22 09:24251 vu1 J3 : 10h30 au Col du Dôme, il reste "plus" que les Bosses !
© Skitour/gstephan29.04.22 10:28263 vuJ3 : alt 4750, On y est presque !
© Skitour/gstephan29.04.22 13:15274 vuJ3 : 13h30, c'est fait !
© Skitour/gstephan29.04.22 13:30286 vu1 J3 : Bordel que c'est haut !!
© Skitour/gstephan29.04.22 13:30248 vuJ3 : Dans la face N
© Skitour/gstephan29.04.22 13:59258 vuJ3 : Séracs de la face N, on se sent tout petit...
© Skitour/gstephan29.04.22 14:05259 vu1 J3 : La face nord ce jour.
© Skitour/gstephan29.04.22 14:12248 vuJ3 : Vue depuis le petit plateau.
© Skitour/gstephan29.04.22 14:29240 vuJ3 : L'Aiguille du Midi
© Skitour/gstephan29.04.22 14:29241 vuJ3 : Arrivée à la jonction.
© Skitour/gstephan29.04.22 14:47234 vuJ3 : Dans la Jonction... Ca passe plutôt bien sauf au en arrivant des Grands Mulets
© Skitour/gstephan29.04.22 15:24221 vu