Ouverture à la Stracciatella (Cerces)

Massif : Cerces - Thabor - Mont Cenis
Départ : Valfréjus (1600 m)

Sommet associé : Mont Thabor (3178 m)

Orientation : T

Dénivelé : 4000 m.
Ski : 3.1

La team se complète au gré des arrêts en gare de Montmélian, Chamousset. Pour certains, la nuit se termine derrière un buff en remontant la Maurienne, pour d'autres, on repasse en revue les douze mille détails qu'il ne fallait pas oublier, tout en les faisant entrer dans un sac de 10 kilos max. Modane sonne le départ de la première difficulté de la journée, un kilomètre et demi sur trottoir gelé pour rallier la navette de Valfréjus. Vive le multimodal !

Pour l'heure, les Cerces se cachent derrière un épais brouillard, sas providentiel pour quitter l'agitation d'en bas, se préparer à entrer dans le monde d'en haut, seulement régi par la beauté et le calme. Enfin, pour le moment.

Courte halte au refuge du Thabor pour s'alléger, et les choses sérieuses commencent. L'objectif est un sommet sans nom via une ligne aussi pure qu'évidente, orientée sud, avec de prometteuses contrepentes nord-est, de loin les plus convoitées par les Naturistes après la longue période anticyclonique ventée qui a ruiné la skiabilité de pas mal d'orientations.

Quelques circonvolutions plus tard, épousant le relief pour limiter les conversions, un cri de joie collectif résonne et emplit tout le massif. "Stracciatellllla !". L'origine de ce nom de baptême étant trop longue à résumer, et risquant de dévoiler des informations confidentielles, on se contentera de penser que la proximité de l'Italie a influencé le nouveau toponyme. Bref, le sommet sans nom en possède un désormais, la promesse des contrepentes se confirme, la poudre parle, la ligne est brillamment ouverte sous les derniers rayons qui enflamment le Grand Argentier. Le voyage ne pouvait mieux commencer.

Quelques reblochons farcis aux champignons et une nuit plus tard, c'est reparti vers un itinéraire ambitieux au vu des conditions du moment. Si quelques regards mal réveillés attestent de libations appuyées pour célébrer l'ouverture en face sud de la Stracciatella, c'est surtout le brouillard, le froid vif et venté qui annoncent une progression engagée.

Heureusement, le groupe s'est choisi deux leaders charismatiques de grande classe pour l'étape du jour, et les difficultés sont traversées avec brio pour atterrir au sommet du Thabor, les Écrins et la Vanoise plein les mirettes. La journée se conclut par un tricotage à travers les nombreux passages alentours, la bière de rigueur et même une douche aux Drayères. Les"naturistes" auraient-ils perdu leur âme ?

Le troisième jour démontrera que non. Les sacs censément allégés de quelques casse-croûtes, pèsent au contraire de plus en plus, les dénivelés accumulés les deux premiers jours se font sentir. Le groupe se resserre, l'entraide prend le relais sur la fatigue, quelques blagues à deux balles réussissent même à arracher des sourires. Après une ultime pente remontée en crampons, le sommet est atteint, la couche nuageuse disparaît subitement sous l'effet du foehn, le soleil radieux inonde la descente en ouest surprennement bien meilleure qu'imaginée. 

Retour à la grouillante civilisation en goguette sur les pistes de Valloire, bière de rigueur pour atterrir et debriefer, avant une nouvelle immersion dans l'univers de l'intermodal, ses horaires minutés, ses ports de masques. Bienvenue dans le monde d'en bas.

Les Naturistes ont une nouvelle fois mis à l'épreuve leurs qualités de partage et de solidarité, emmagasiné une bonne dose d'expérience qui sera bien utile pour la suite de la saison, tout en faisant des grosses provisions de pur plaisir.

Seule ombre au tableau peut-être, le niveau des blagues de certains.

Horaires : 3 jours