Dans l'ombre du Charmant Som sans soleil.

Massif : Chartreuse
Départ : Chartreuse de Curière (853 m)

Topo associé : Charmant Som, au départ de Curière

Sommets associés : Charmant Som (1867 m) Col de la Charmette (1261 m)

Orientation : N

Dénivelé : 900 m.
Ski : 2.1

Météo/températures :Couvert, bruine au départ, puis plus rien, timides averses de neige à partir de la Charmette, à l'abri du vent en forêt mais qq rafales dès que l'on en sort, température plutôt douce à l'abri du vent

Qui eut dit que cette terre de bouseux disputerait un jour la célébrité aux propriétés privées flamboyantes du Grésivaudan ? Décidément, on est dans le monde d'après ! Mais, en fait, on ne dispute rien du tout. Si on le voulait vraiment : un réflex high tech et un lightroom plus tard et ce serait plié. Mais la vertu de charité nous guide pour magnifier leurs splendeurs par nos ombres.

Longtemps Soeur T. n'a pas compris ce qui se passait. D'habitude, là où elle ne pouvait croiser qu'un écureuil agile ou un chat forestier farouche, petit à petit, elle rencontrait de plus en plus de monde. Du tout venant mais aussi des « lokal matador » et même quelques-uns qu'on ne voit d'habitude qu'à Prabert. C'est ta faute, Soeur T., lui a écrit sa cousine. Depuis le jour où, vaniteuse pipelette, tu as dévoilé le couloir du Four (ce qui d'ailleurs t'a été amèrement reproché, on ne dévoile pas un secret de tous connu !), et que de grosses pointures ont assailli la Charmille par tous les côtés pieusement imaginables, ça n'arrête plus et on voit plus de monde au petit Four qu'aux Grands Moulins. Soeur T., modeste moniale devenue dévoileuse voilée et influenceuse, spécialité parkings ! Elle était atterrée. Mais l'heure n'était pas au découragement. Après tout, se dit-elle si certains ne savent que singer en hiver, je ne vais pas battre ma coulpe pour si peu. Comment dit-on déjà ? Ah oui : responsable mais pas coupable.

Le test fut concluant au-delà de toute espérance : après le coup du Four, sa coéquipière et elle eurent presque tout le pkg de Prabert à elles seules le lundi 22/3/21. On n'oublie pas une stratégie qui marche, il y en a tellement qui ne marchent pas....C'est pourquoi, pas plus tard que le 27/1/22, sa voiture occupa, seule toute une longue journée, le pkg des Grands Taillis situé quelque part au bout de Belledonne, au bout du monde. C'est alors que ce qui devait arriver arriva : le 30/1/22, le pkg des Grands Taillis était saturé.

Comment je le sais ? Ma coéquipière du 22/3/21, alléchée par toutes les merveilles, magnificences et autres beautés décrites (sans aucune exagération, entendons-nous bien), eut la fameuse idée de s'y rendre hier. Arrivée devant le pkg plein, elle s'en étonna devant un quidam. Et ainsi, on me rapporta un dialogue aussi bref que surréaliste.

Ma coéquipière (immatriculée 38) : il y a bien beaucoup de monde ici !

Le quidam (du tac au tac) : à qui la faute ?

Ma coéquipière (traitreusement) : Taramont ?

Le quidam (mi-figue mi-raisin) : bien sûr !!

Morale de l'histoire : ne dites jamais du mal d'une inconnue devant une autre inconnue. Car le monde est petit.

N'empêche, ce lundi 31/1, ma voiture a été seule à Curière et ma promenade d'une tranquillité hivernale exquise. Et je souhaite sincèrement qu'il en soit de même du côté des Grands Taillis.

Pendant que se déroulait ce sketch, j'étais chez moi, et le soir venu j'ai été éblouie par toutes ces sorties les plus flamboyantes les unes que les autres (enfin presque toutes...) . Le soleil inondait les plus obscurs vallons. On parlait même de transpiration! Beurk ! Mes yeux avaient donc besoin de se reposer de tout ce clinquant. J'ai été servie. Le ciel était aussi bas que possible car ici pas de hauts sommets qui s'élancent vers le ciel, c'est le ciel qui descend sur nos sommets bas – mais néanmoins altiers -. Les nuages n'ont alors plus le courage de remonter et se trouvent percés comme des outres trop pleines. Et tout est pour nous. En neige ou en pluie, c'est selon. Selon que nous ayons fait nos prières ou que nous nous soyons fait prier.

Sereinement, j'ai passé sous les dalles depuis longtemps délestées de leur parfois menaçante charge, j'ai franchi les 3 tunnels sans trébucher sur un glaçon, j'ai suivi les méandres de la Tenaison, j'ai laissé le Four pour un autre jour, un jour où il sera à nouveau plein de meringue et de chantilly, j'ai laissé les sentiers de la Petite et de la Grande Vache, j'ai fait mes dévotions à la Charmette, j'ai monté le Grand Taillis (oui, on en a aussi un, nous, et sillonner entre ses hêtres clairsemés est un délice). Suis parvenue au Clos Colomb alors qu'un skieur (seul être vu ce jour) en descendait. Ai dépeauté à l'abri du vent au point 1703 au N de Canaple et suis rentrée par le même chemin. Pas du grand ski mais un nouveau jour d'un bonheur qui n'est qu'à saisir quand il se présente....ou à chercher.

Au pkg de Curière, ma voiture était toujours encore seule....

Itinéraire suivi :Curière/Col de la Charmette/Clos Colomb/Pt 1703 au N de Canaple et retour - 19,4 km