Départ : Cormet de Roselend (1967 m)
Topo associé : Col du Grand Fond, normale
Orientation : NE
Dénivelé : 900 m.
Ski : 2.1
Sortie du lundi 31 mai 2021
Conditions nivologiques, accès & météo
Météo/températures : Petite fraîcheur avant l'arrivée du soleil, puis vite chaud - pas de vent
Conditions d'accès/altitude du parking : RAS - 1967m
Altitude de chaussage/déchaussage : 1967m - 2 mini traversées de gazon skis aux pieds
Conditions pour le ski : traversée Cormet/Combe de la Neuva pénible : mince croûte de regel sur fond pourri, ensuite nickel, bon regel nocturne ; faut être matinal en ce moment car la chaleur arrive très vite.
Activité avalancheuse : coulées en place de tous côtés, empêchant parfois d'emprunter la trajectoire optimale, rien pendant la course (j'étais en bas au niveau des Chapieux Derrière à 10h)
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu
Les voyages en avion sont éthiquement problématiques. Il n'y a donc plus qu'à faire l'avion soi-même. Facile à dire. Du kérosène je n'en ai pas, on va donc se contenter du bon vieux diesel des tracteurs – euh, des traceurs ! Celui qui ne pollue pas, qui nécessite juste une goutte de patience, une larme de persévérance et un sanglot de ténacité. Les jours ont bien rallongés, ça devrait le faire.
Car tout le monde s'accorde à dire que la combe de la Neuva est « longue »*. Ce qui ne veut strictement rien dire. Un pantalon peut être long pour un tel et s'arrêter aux genoux pour un autre, non ? Tout dépend de ce que vous attendez du voyage, et surtout si vous voulez un voyage ou un saut vite fait.
La veille, à mon campement sur l'alpe, j'observais un petit troupeau de nuages gris et un autre de boursouflures blanches comme neige se disputant la place dans un azur qui n'en demandait pas tant. Je n'ai pas suivi longtemps le conflit, ils ont dû se neutraliser les uns les autres : à minuit le ciel était ce qu'on attend de lui c.à.d. clair et à l'aube ne restaient que quelques cadavres en voie de liquéfaction. J'ai contemplé longuement ce ciel étoilé à la Van Gogh où chaque astre scintille à sa façon, l'un timide comme s'il venait de naître ou s'apprêtait à mourir, l'autre fanfaron comme s'il avait toute la vie devant lui, d'autres encore sereins comme ceux qui savent que leur destin est scellé. Infime poussière déposée sur l'alpe de printemps, je goûtais ces moments d'éternité.
Marcel a dit : « Une heure n'est pas une heure, c'est un vase rempli de parfums, de projets et de climats ». Et moi, glissant comme en rêve dans le vallon désert sous une moitié de lune dont je me contente facilement, je me demande : qu'y a-t-il dans cette heure-ci ? Ni parfum suave, ni son céleste, ni projet faramineux, même pas un honnête climat. Juste rien. Mais un rien que je n'échangerais contre aucun tout.
Marcher à la rencontre de la lumière comme la renarde qui musarde nez au vent, grignoter comme la marmotte qui mâchonne des crocus sous son auvent, glisser comme les nuages indolents sur les crêtes, dévaler tel le torrent qui jamais ne s'arrête, serait-ce cela vivre vraiment ? Je le pense.
*
depuis les Chapieux Derrière jusqu'au col il y a 7km (une paille !)
PS : s'il y a une erreur sur les légendes des photos, merci de me le signaler (ne suis pas une spécialiste du Beaufortain)