De la chance et du pardon...

Depuis quelques jours, j'ai la nette sensation d'avoir lu beaucoup de comptes-rendus de sorties où il était souvent question de plaques friables, coulées de surfaces, cassures du manteau neigeux, le tout sur des épaisseurs de 20 à 40 centimètres sur des largeurs dépassant allègrement le décamètre si ce n'est beaucoup plus.
Certes, la neige tombant au mois d'avril ne possède pas les mêmes caractéristiques que celle des mois de janvier et février et est censée s'accrocher et remplir, enfin, les couloirs et pentes qu'on pourra ainsi remonter en crampons en juillet si ce n'est pas trop tard.
J'ai l'impression que les randonneurs du raide et du moins raide exposent sensiblement plus la viande qu'au coeur de l'hiver, période durant laquelle une certaine rigueur est de mise. Comme un excès de confiance face aux conditions nivologiques extrêmement attirantes de ces derniers jours.
Et les conditions dans lesquelles se sont produits les deux regrettables accidents mortels dans les alpes du sud n'ont peut-être rien à voir avec celles des alpes du nord néanmoins je pose et me pose la question sans chercher à polémiquer.
Par chance, la montagne accorde souvent son pardon. Et cette chance, quand on l'évoque, c'est après, jamais avant.
Faites gaffe quand même, soyez forts et BON SKI...

Est-ce l'âge qui veut ça, mais je me fais exactement le même genre de réflexion depuis quelques jours...
Au hasard des CRs des derniers jours (et j'en laisse de côté...) voici quelques phrases relevées (un tiret = une même sortie) qui posent peut-être un peu question :

- ça purgeait partout. Pas de gros dangers malgré tout

- Quelques fissures dans les conversions
Accumulation, plaques superficelles
Fissuration du manteau
Plaque déclenchée par un randonneur
Sympathique sortie

- grosse avalanche de boules juste avant notre passage

- Cohésion aléatoire avec la couche inferieure
Purge déclenchée à la descente ... qui a nettoyé la totalité du couloir

- Malgré le volume, bonne stabilité du manteau
Coulées de surface
une petite plaque au départ ... après les premiers virages

- grosses coulées de neige lourde
plaque déclenchée à la descente par un skieur

- Petite plaque déclenchée après 3 virages
Plaque déclenchée sous l'étroiture bel aérosol
Descente en très bonne neige bien rassurante
les purges des 3 de derrière et par la 2ème purge

Bon. J'arrête de faire mumuse, c'est vrai que c'est facile de compiler tout çà à la suite ; y a le contexte du CR, y a bien sûr aussi tout le ressenti sur le terrain... mais ce qui est écrit est écrit.

Et quand même. Je m'interroge.
J'ai l'impression que les pratiquants d'aujourd'hui sont bien mieux formés qu'il y a 15-20-30 ans (la somme des termes techniques employés pour décrire la qualité du manteau neigeux dans les CRs est impressionnante).
De mon expérience personnelle, j'aurais tendance à me dire que plus j'en apprends, et plus je me sens vulnérable. Paradoxe ? Peut-être... Pas si sûr...

Tout cela sans aucune polémique (que les auteurs des extraits cités ne le prennent surtout pas mal, c'est l'accumulation des exemples qui pose question).

Ce week-end, je ne suis pas sorti. Y aura encore des occasions de se faire plaisir, cette année ou l'hiver prochain. Je souhaite à tous d'en profiter longtemps 😉

Fch a dit :Ce week-end, je ne suis pas sorti
Je ne sais pas dans quel coin tu es mais ce n'était pas faire preuve d'imprudence que de sortir ce week-end. (de toute façon on peut sortir à peu près quelques soient les conditions)

Par contre j'ai été surpris hier de voir des skieurs commencer à monter en début d'après-midi dans les Aravis et apparement parfois pour aller faire des pentes raides. Les conditions étaient printanières et vers midi ça se transformait même à l'ombre, vers 1500m c'était de la soupe.

J2LH a dit :
Je ne sais pas dans quel coin tu es mais ce n'était pas faire preuve d'imprudence que de sortir ce week-end. (de toute façon on peut sortir à peu près quelques soient les conditions)
Je ne pense pas que ce soit le débat J2LH, et Fch ne disait pas qu'il ne fallait pas sortir, simplement que lui n'est pas sorti.

Le constat est plutôt de dire qu'effectivement, dans les CR d'une majorité des sorties du WE, il est fait mention de "petites" alertes (purges superficielles, départ de plaques en couloirs, purges naturelles, boules, coulées de fonte, etc...) et c'est vrai qu'on peut se poser la question de leur "banalisation".

Fch a dit :De mon expérience personnelle, j'aurais tendance à me dire que plus j'en apprends, et plus je me sens vulnérable. Paradoxe ? Peut-être... Pas si sûr...
Paradoxe non, d'ailleurs la plupart des professionnels le disent.

Mais il peut aussi se passer l'effet "inverse": si tu considères que c'est passé malgré les petits incidents que tu as pu remarquer, alors tu minimises leur importance, et cela n'éveillera pas une alerte pour toi une prochaine fois.

D'où l'intérêt de la question posée ici: comment interpréter ces incidents? Peut-être comme le dit manux, par de la chance si on arrive en bas sans dommages...

marika a dit :Je ne pense pas que ce soit le débat J2LH, et Fch ne disait pas qu'il ne fallait pas sortir, simplement que lui n'est pas sorti
Vu le sujet on peut penser qu'il nous dit qu'il n'est pas sorti parce qu'il pensait que c'était risqué, pas parce qu'il avait un repas de famille...

Bonjour,

" L'occasion fait le larron " je pense qu'en matière de pente raide l'adage est toujours valable . L'effet " tribu " aidant et une bonne couche de neige fraiche nivelant le niveau , beaucoup de skieurs feront fi des conditions du jour pour pouvoir dire : " je l' ai fait " .
Pour pondérer mon affirmation et avant que vous ne vous enflammiez tous, je vous ferai remarquer deux choses :
- le débat ne date pas d'aujourd'hui : j'ai souvenance que certains reprochaient déjà à Serge Cachat les conditions de neige recherchées lors de la réalisation de ses premières en pentes raides .
- que je suis mal placé pour donner des leçons car je succombe encore, souvent " en catimini " aux plaisirs de la poudreuse : mon entourage bien pensant méprise ce plaisir rare et prétend que ce n'est plus de mon age 😉 . Je laisse donc à mes genoux le seul soin de me le rappeler 🤢
Au fait, hier je ne suis pas sorti, les météorologues pyrénéens n'avaient pas prévu un temps aussi pourri 🤭

Entre "penser que c'est risqué" pour moi, à un endroit et à un moment donnés, et traiter d'imprudents tous ceux qui sont sortis, y a une sacré différence ! 😄
Si c'est ce que tu as compris, je me suis mal exprimé et j'en suis désolé. Ce n'est pas du tout mon propos.

Je sors, je reviendrai plus tard.

Non, ce n'est pas ce que j'ai compris mais je n'ai pas compris non plus pourquoi tu n'étais pas sorti si ce n'est parce que tu avais jugé que c'était peu prudent. Les conditions dimanche matin, dans les Alpes du Nord du moins, étaient plutôt sûres.

Et puis, il y a ceux pour qui la chance n'a pas souri cette fois ci 🙁

Il est clair que les conditions en ce moment sont limites... 😯

Phil'Ô a dit :Il est clair que les conditions en ce moment sont limites... 😯
Sont-ce les conditions qui sont limites ou les choix de courses ?

J2LH, en fait tout est de ma faute 🤣
Le fait que je sois sorti ou pas ce WE n'a aucun intérêt par rapport à ce qui constitue le corps de mon message et qui m'interesse le plus. Donc, je n'aurais pas du le spécifier.
Pour faire court :
Chez moi, en Oisans, vers 1500 m, il n'y a plus de neige (heureusement, les salades de l'extrême commencent à apparaître dans le jardin !!!).
Il faut aller la chercher au-dessus (la neige, pas la salade 😉 ). Et je peux te dire que là-haut, aux jumelles, c'est pas joli-joli, vu la quantité de neige transportée par le vent de Sud qui a soufflé fort.
Et comme j'avais pas envie de faire de la voiture, j'ai fais autre chose que du ski, voili voilou 😎

Si tu lis bien mon post, nulle part je n'ai jeté la pierre à ceux qui sont sortis, ni parlé d'imprudence. Loin de moin l'idée de juger qui que ce soit !
J'ai simplement essayé (très modestement) de mettre en évidence ce qui me semble être une évolution de la pratique qui apparaît à la lecture des CRs.

Le sujet de mon message n'est pas fallait-il sortir ? Il n'est pas non plus de faire une critique du comportement de chacun sur le terrain.
Il est de soulever le décalage entre certaines analyses de terrain et le CR à posteriori.
J'avoue mon étonnement quand je lis "accumulation, fissuration du manteau, plaque déclenchée ... " et qu'au final la journée est déclarée "sympathique", sans autre commentaire.
Je le répète, je ne juge en rien, cela me pose simplement question par rapport à ma pratique personnelle, et ce qui m'intéresse c'est la gestion que chacun peut avoir du rapport au risque lié à l'évolution des connaissances de plus en plus fines de la neige.

Marika l'a bien compris, le vrai problème est l'interprétation des signes et un diagnostic le plus juste possible. Et, accessoirement 🙄 , la manière de relater tout ça sur le site... 😉

Je suppose que le débat "sortir dans quelles conditions - fallait-il sortir ?" a déjà eu lieu mille fois. Aujourd'hui, j'aimerais avoir des avis sur la façon dont on ressent les risques, et la manière de retranscrire cela aux autres.

Cela dit si manux est d'accord, c'est quand même lui qui a ouvert ce post 🤣 🤣 !
S'il le faut, j'irai ailleurs 🙂

Fch a dit :J2LH, en fait tout est de ma faute 🤣
Le fait que je sois sorti ou pas ce WE n'a aucun intérêt par rapport à ce qui constitue le corps de mon message et qui m'interesse le plus. Donc, je n'aurais pas du le spécifier.
ok 🙂

Quand J2LH dit qu'on peut sortir à peu près par importe quelles conditions? je suis d' accord, mais si on intègre le retour!!...on ne prendras pas tous la meme décision devant les avertissements de la neige, c' est comme à la corrida: on peut ne pas entrer dans l' arene et rester spectateur (mais voir quand meme); y aller et fuir en courant devant le monstre;lui faire la nique et le mettre à genoux, et la gloire s' approche....et la confiance aussi...jusqu' au jour ou on peut finir( peut etre , mais pas sur!) par trouver cette limite qu' on à tant cotoyé du bon coté.Et à ce sujet, la poudre en facilitant la technique ( 50° en peuf, c' est facile dixit les spécialistes actuels Tardivel...etc)cache aussi les pièges les plus fins, que n' abordais jamais les anciens: Traynard, Rouillard, etc...Au fond de tout cela n' y aurais t il pas une recherche universelle du plaisir, adaptée à chacun et chaque époque, à chaque perception de la vie. Rien ne sert de courir pour échapper à son destin, on s'y précipite alors encore plus vite!( je crois que c' est du chinois 😉 )

Fch a dit :Marika l'a bien compris, le vrai problème est l'interprétation des signes et un diagnostic le plus juste possible. Et, accessoirement , la manière de relater tout ça sur le site...
Je suis d'accord avec toi et j'ai fait la même constatation. Il serait intéressant de mettre en rapport les CR des courses concernées et ce que disait le BRA du jour. Il serait aussi intéressant que les protagonistes fassent une petite analyse critique des évènements afin de voir de quelle façon ils conçoivent la chose.
Quant à la "journée sympathique", une journée qui se termine bien est toujours sympathique, et d'autant plus sympathique qu'on a échappé au Malin des Montagnes!

Francoua a dit :Quant à la "journée sympatique", une journée qui se termine bien est toujours sympatique, et d'autant plus sympatique qu'on a échappé au Malin des Montagnes!


C'est sûr ! Encore faut-il en être conscient, et si c'est le cas, ne pas se le cacher, ni aux gentils lecteurs... 😉