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Bonjour Alain,
Merci pour votre super travail pédagogique sur les avalanches. Votre process pour détecter les couches fragiles est simple, clair et utilise une belle rigueur scientifique.
Je voulais revenir sur votre dernière réponse. Je suis un peu comme Fabb75. Je pense avoir compris le phénomène de formation d'une couche fragile : quand on a de la neige fraiche qui reste longtemps à la surface, on a une transformation en "sucre" avec une faible cohésion. (Je ne dis pas que je comprends toutes les subtilités, attention, ne me frappez pas 😉 )
Le fort gradient de température (températures froide, nuit claire, faible épaisseur du manteau neigeux) accélère le phénomène. Quand cette couche est recouverte par une couche de neige fraiche (plus ou moins travaillée par le vent), le passage d'un skieur peut par exemple rompre la couche fragile (rupture). Cette rupture peut alors amorcer une propagation. Si la pente est assez forte, c'est la neige au dessus de cette couche fragile ("plaque à vent") qui va basculer en avalanche.
Première question sur ce raisonnement :
Pour un manteau de faible épaisseur, c'est la dernière épaisseur de neige qui va se transformer en neige sans cohésion. Est ce uniquement les quelques cm supérieurs qui sont affectés par la transformation ? Ou bien est ce toute la dernière couche qui est affectée ? Si c'est le cas, est ce que la transformation est plus rapide si la couche est de faible épaisseur ou bien la réaction aura la même vitesse si on a 30 cm de poudre ?
Ensuite. Par rapport à ce que disais Fabb75. Pour moi, intuitivement, la cohésion est très mauvaise entre une couche de poudreuse qui tombe (cohésion feutrage) et une ancienne couche de grain ronds qui tient par frittage à cause du cycle gel dégel ou mieux d'une suite pluie puis gel (qui peut pour moi être comparée à une couche de glace). Cet interface conjugué à une pente > 30° peut provoquer des avalanches spontanés même sans couche fragile non ? La couche de neige fraiche ne tient simplement plus à partir d'une certaine masse sur la couche dure non ?
Dans ce cas, si jamais on a une avalanche déclenchée par un skieur, cela veut dire d'après votre dernier message qu'on a eu développement d'une couche fragile en début d'épisode neigeux ? On aurait alors la couche dure, puis quelques cm en neige sans cohésion puis la fin de la couche de neige fraiche ?
Alain Duclos a dit :Fabb75 a dit :quand une couche de neige fraiche tombe sur une une neige béton, voire glace et qu'elle part ensuite en plaque => est ce que cela veut dire qu'une couche fragile s'est obligatoirement formée
Oui 😎
Fabb75 a dit : lors de la chute
Non : plutôt après 😉
Merci encore et désolé pour le pavé
Bonsoir,
Je vais tenter de contribuer avec ma petite expérience en la matière...
Matt27-04 a dit :Première question sur ce raisonnement :
Pour un manteau de faible épaisseur, c'est la dernière épaisseur de neige qui va se transformer en neige sans cohésion. Est ce uniquement les quelques cm supérieurs qui sont affectés par la transformation ? Ou bien est ce toute la dernière couche qui est affectée ?
On voit parfois des couches fragiles plus ou moins fines se former en limite basse de la couche de neige (comme sur les croûtes de regel en versant sud en ce moment dans les hautes alpes au moins), parfois ce sont les quelques cm en surface qui voient apparaitre du givre de surface, parfois c'est l'ensemble de la couche qui se "fragilise"...
Il y a pas mal de paramètres qui peuvent entrer en jeu dans la formation de ces couches fragiles.
Matt27-04 a dit :Si c'est le cas, est ce que la transformation est plus rapide si la couche est de faible épaisseur ou bien la réaction aura la même vitesse si on a 30 cm de poudre ?
Dans ce cas, tu donnes la réponse un peu plus haut:
le gradient de température est inversement proportionnel à l'épaisseur de la couche de neige. Plus cette dernière est fine, plus le gradient est élevé pour une même différence de température en son sein.
Donc la transformation est plus rapide.
De part mon expérience, il faut se méfier de " l'expertise " en ce domaine...
Les phénomènes sont parfois très localisés (se pose alors la question de l'interprétation du BRA à l'échelle d'un massif...), et on a souvent envie que notre analyse en amont, lorsqu'elle est optimiste et que la neige est bonne, soit vraie...
Être capable de déceler la majorité des couches fragiles, prendre le réflexe de "planter son bâton" très souvent et dans des conditions très différentes, voire creuser un peu à la main de temps en temps durant la montée, sont des démarches qui donnent des indications plus fiables qu'une coupe de neige et un test de stabilité en un endroit isolé.
Matt27-04 a dit :Dans ce cas, si jamais on a une avalanche déclenchée par un skieur, cela veut dire d'après votre dernier message qu'on a eu développement d'une couche fragile en début d'épisode neigeux ? On aurait alors la couche dure, puis quelques cm en neige sans cohésion puis la fin de la couche de neige fraiche ?
C'est bien ainsi que je le comprends. Et je n'ai jamais vu non plus d'avalanche de ce type sans couche fragile, mais je n'ai pas le centième de l'expérience d'Alain Duclos dans ces observations!
On trouve souvent des couches fragiles au dessus de couches humidifiées et / ou regelées, sur parfois quelques mm seulement, ce qui revient au cas que tu évoques en quelque sorte.
Et on peut renvoyer également à une question posée plus haut au sujet des couches fragiles temporaires. Une chute de neige, par exemple, n'est pas toujours uniforme dans sa cohésion une fois au sol (les grains varient parfois). On constate souvent des avalanches où la couche fragile est une couche qui vient de tomber et qui a moins de cohésion que celle qui la recouvre (dans le même épisode neigeux).
Bref, plus on en sait, plus on sait qu'on ne sait pas grand chose 😄
Et pour ça, la méthode de vigilance développée par l'équipe de data-avalanche est particulièrement intéressante:
lorsqu'elle précise que les paramètres sont à prendre en compte selon son niveau d'expertise, du débutant au plus expérimenté, il faut selon moi y lire également selon son niveau de compréhension des conditions du jour (peu importe le niveau d'expertise!).
Certains jours, malgré un bagage certain dans le domaine, je n'y comprends rien ou je ne suis sûr de rien 🤭
Alors je file en dessous des trente degrés, niveau de lecture du débutant 😎
Bonne soirée!
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